Que dire du sommet Européen du 27 et 28 juin ?

Un sommet comme les autres où l’on parle,

une victoire des États du sud sur ceux du nord ? De l’Europe ?

 

 

La question qui me paraît essentielle est faut-il croire en l’Europe, maintenant que le Merkozy n’est plus ? Tels qu’étaient ces deux duettistes, faisant une Europe à eux, laissant les autres à leurs décisions, ne pouvait que conduire à sa dérive de sommets en sommets. La rigueur de Merkel soutenue par Sarkozy, approuvée par les marchés, inadaptée à la situation d’endettement des pays ne faisait qu’augmenter leurs déficits. Leur arrogance passait mal, d’ailleurs Mario Monti en souffrait. L’élection de François Hollande a modifié le contexte et c’est tant mieux. Il n’est jamais bon que des pays soient dominateurs cela crée un sentiment de frustration qui fini toujours par des conflits. Le respect des exigences des autres est la base de toute union.

 

L’Europe est-elle pour autant sortie du contexte des marchés, qui peut le dire ? De bonnes intentions ont été prises mais est-ce suffisant ? Le Merkollande n’existe pas, donc l’hégémonie Allemande est moins puissante puisqu’ils ont été trois pays à revendiquer une exigence, la prise en compte de la croissance et la réduction des taux d’emprunts de l’Italie et de l’Espagne par un blocage de l’adoption du pacte de croissance. Ils posèrent comme condition à leur signature l’adoption de mesures rapides pour la réduction de ces taux sur la dette publique. «Les États qui ont fait des efforts de redressement de leurs comptes publics pourraient faire appel à des mécanismes tel que le FESF ou le MES afin de racheter leur dette» , déclarait François Hollande. Pour l’Espagne, «le fonds de secours, MES, sera ainsi autorisé à recapitaliser en direct les banques en difficulté, donc sans accroître la dette de l’État espagnol» déclarait-il encore.

 

Malgré ses difficultés d’emprunts, le 19 juillet 2012, l’Italie a ratifié TSCG le traité budgétaire Européen ainsi que le mécanisme de stabilité visant à renforcer la discipline commune.

 

Pour le Financial Times du 2 juillet «Hollande ready to tackle public finances» Hollande prêt à aborder les finances publiques.

 

«M. Hollande tranquillement, mais fermement a poussé Mario Monti, le Premier ministre Italien et Mariano Rajoy, le Premier ministre Espagnol, pour que la chancelière Allemande réticente soutienne l’intervention par les fonds de secours de la zone Euro afin d’atténuer les coûts d’emprunts de leurs pays. Cette démarche pour l’Italie et l’Espagne était loin d’un geste altruiste. Les coûts d’emprunts de 10 ans de la France, sous 3% sont bien au-dessous de ceux de ses voisins méditerranéens». Il en attendait bien sur un retour sur le pacte de croissance.

 

Merkel et Hollande ne se sont même pas regardés pendant ces deux jours ! Faut-il rappeler qu’ils se sont vus dans l’après midi du mercredi 27 ou bien sûr, ils se sont dit ce qu’ils avaient sur le cœur, et cela a dû laisser des traces. Pour Hollande nous avons su qu’il fallait «approfondir l’union économique et monétaire, et demain politique». Pour Merkel, «il nous faut plus d’Europe, il nous faut une Europe qui fonctionne, les marchés attendent cela d’elle». Sont-ils compatibles, non ?

 

Ils n’avaient donc plus rien à se dire ?

 

Conclusion, ce sont les marchés qui gouvernent selon Angela, et c’est vrai puisque ce sont eux qui imposent leurs taux d’emprunt ! On connait la raison, ce fameux article 123 du traité de Lisbonne, ce coup d’État de la finance ! Voir Jacques Delors l’Europe est au bord du gouffre.

 

François Hollande a toujours été sybilin sur sa position eu égard aux banques et marchés. Tiraillé à sa gauche contre le TSCG, et à sa droite par les centristes pour plus d’Europe rigoriste, et voulant la ménager, les voix de gauche étaient insuffisantes pour l’emporter, il lui fallait passer entre les obstacles. C’est d’ailleurs le problème récurrent des socialistes qui n’étant pas majoritaires qui se trouve attaquée à droite et à gauche par les communistes.

 

Il avait déclaré le jeudi 12 avril sur France 2 pendant la campagne présidentielle qu’il ne laissera «aucune place aux marchés !». Selon le JDD du 12 avril il s’était montré lapidaire déplorant la «mobilisation» de la sphère financière contre l’Italie et surtout de l’Espagne. Il ne comptait laisser «aucune place aux marchés». François Hollande assura que pour redresser les finances publiques, il faudrait «mettre plus de croissance, parce qu’elle est nécessaire» aurait-il atteint son but quand il clame approfondir l’Union ……..et demain politique ?

 

L’annonce de plus de croissance avait même obtenu l’agrément du Financial Times du 09 avril 2012 ,

 

«un ordre du jour de croissance pour l’euro», «l’austérité cause aussi le ressentiment répandu parmi la population. Cela force les gouvernements d’Espagne et l’Italie pour être moins ambitieux dans les réformes structurelles qu’ils devraient être». «La baisse de la croissance réduit les recettes fiscales ce qui ne permet pas la réduction des déficits». Une évidence. Mais le FT de dire «pas de quoi satisfaire les marchés qui préfèrent les plans d’austérité !».

 

François Hollande fit lors de la primaire socialiste du désendettement une nécessité si la France veut garder son triple A. A son meeting du Bourget il n’avait pas fait de cadeaux à la finance lorsqu’il déclara,

 

«je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, …….sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance !».

 

En Europe, 16 sommets de la dernière chance ont été convoqués pour reporter au suivant la résolution définitive du problème. Les banques, sauvées par les États, mangent désormais la main qui les a nourries. Les agences de notation, décriées à juste raison pour n’avoir rien vu de la crise des subprimes, décident du sort des dettes souveraines des principaux pays, justifiant ainsi des plans de rigueur de plus en plus douloureux. On ne pouvait être que de cet avis !

 

A-t-il obtenu gain de cause, non !

 

Il voulait changer cette politique, mais il ne peut pas. Les dix années de droite et le traité de Lisbonne concocté par Sarkozy et signé par les 27 États membres de l’Union dont le gouvernement conservateur d’Angela Merkel ont eu raison de lui. Pour ne pas négliger la croissance et aller dans sa direction, les pays de la zone euro ont accordés à ce sommet du 27 et 28 juin une croissance de 120 milliards, une goutte d’eau dans l’Océan des pleurs des peuples des pays du sud. Mais de là à orienter la France vers plus d’intégration politique il y a une marge qui ne peut être franchie que par le vote des Français.

 

Sur cette question de fédéralisme, voir Faut-il croire en l’Europe ou s’affrontent deux orientations, on ne saurait accepter la politique de Sarkozy, une ratification parlementaire, même lorsqu’il clame le donnant donnant. «Si on veut de l’intégration, il faut de la solidarité», clame-t-il. Les euro-obligations, son cheval de bataille, auxquelles s’oppose avec la plus grande fermeté la chancelière Allemande, et dont il n’a pas été fait mention pendant le sommet bloquerait pour le moment l’avancée au fédéralisme. «Ça s’inscrira dans les solidarités à venir, a-t-il assuré. A mesure que nous nous rapprocherons, il y aura nécessité d’avoir un trésor Européen et une mutualisation des dettes». Pour le moment ce sont des mots, d’autant que le calendrier n’est pas précis. «Il faudra que nous attendions la fin de l’année pour que la BCE, sur la zone euro, assure cette supervision bancaire et permette de recapitaliser d’autres banques que les banques Espagnoles».

 

Tout dépendra comment nous gérerons nos finances ? Ce sera un signe de rigueur de gauche pour Angela Merkel ! A moins que les élections Allemandes de 2013 viennent à notre secours par un changement de politique. C’est d’ailleurs ce qui montre une fois de plus que le fédéralisme par un gouvernement supra national ne marche pas.

 

Mais François Hollande a perdu sa bataille il s’apprête à ratifier le TSCG, il a consulté le 13 juillet le Conseil constitutionnel afin de savoir si l’adoption du TSCG conditionnait la révision de la constitution.

 

On sait que les socialistes ont toujours été pour une Europe forte, pas forcément fédérale, bien que ? Dans l’interview du 14 juillet ,voir, «La réponse de François Hollande à l’ultimatum de Peugeot», il a clairement indiqué qu’il n’y aurait pas de règle d’or inscrite dans la constitution et que sur le pacte budgétaire, «il a renégocié ce pacte». «L’Europe est en crise du fait de l’ajout de plans d’austérité aux plans d’austérité». «Il ai fait prévaloir la croissance, il a appuyé la supervision des banques, et la création de la taxe sur transactions financières», pour lui c’est un progrès. Il faut donc s’attendre à ce que ce traité soit ratifié, par quelle voie, parlementaire ou référendaire ? Il serait bon que ce soit clairement expliqué, c’est une perte de notre souveraineté qui ne peut que conduire à des sérieux problèmes futurs. Les peuples ne peuvent accepter d’être dirigés par d’autres, c’est une forme de colonialisme démocratique Européen.

 

 

 

 

2 réflexions sur « Que dire du sommet Européen du 27 et 28 juin ? »

  1. [i]L’hégémonie Allemande est moins puissante ?[/i] Ah bon ? Elle est tout aussi présente ! Ne soyez pas aveugle : Hollande à la présidence française ne change guère la puissance de l’Allemagne.Rien n’a changé depuis le 6 mai, juste les mots, mais les maux demeurent toujours…

  2. [b]Quidam[/b] bonjour,

    Détrompez-vous tout a changé, l’Allemagne est devenue seule, quand aux mots ils ne sont plus les mêmes, pour preuve nous empruntons à taux négatif.

    De plus un paramètre croissance a été introduit alors qu’avant c’était impossible.

    Ou bien vous ne suivez pas l’information ou bien vous êtes de mauvaise foi.

    Dans ces conditions, je me demande si je ne perds pas mon temps à vous répondre, dommage.

    Bien à vous,

    Anido

Les commentaires sont fermés.