Voilà une cohabitation dont je me serais dispensé, même si, ayant œuvré dans la presse quotidienne régionale, j’ai eu l’habitude de côtoyer – assez harmonieusement – nombre de consœurs et confrères n’ayant pas les mêmes opinions (voire des idées opposées) que moi. Or donc, Laurent Obertone, alias L’Ubiquiste, a fait, en 2008, ses débuts sur Come4News. L’auteur de France Orange mécanique (éds Ring), vanté par Marine Le Pen, s’est fait aussi les dents (et la plume) ici-même (dommage que Tardi… non plus). Et c’est sur Mediapart que je l’apprends. On nous cacherait tout, on ne nous dirait rien ? Pas du tout ! Tout est ici dicible sous réserve de conformité aux usages régissant la presse.

Que lis-je, errant sur l’étagère de Mediapart, que vois-je ?  « Après notre entretien téléphonique du 26 février avec lui, la page Come4News (un site participatif) de “L’Ubiquiste”, pourtant laissée à l’abandon depuis décembre 2008, a été modifiée. Auparavant, l’auteur disait venir de (…) Besançon (…) où Laurent Obertone a été étudiant à la faculté. Depuis le 27 février 2013 à 12 h 50, “L’Ubiquiste” de Come4News vient désormais de “Nice” ».

Corrections d’orthotypographie mises à part, je vous le reproduis tel quel (il faudrait, Chères Consœurs, Chers Confrères, que je vous explique deux-trois trucs).

Et si fait : C4N conserve bien une, des pages de L’Ubiquiste, pseudonyme de Laurent Obertone selon Mediapart et divers indices concordants qui, pas davantage que dans l’affaire Cahuzac ou les liens de Bernard Tapie avec l’Élysée (voir nos autres articles), ne sauraient évidemment constituer des preuves. Allez, Mediapart, des preuves, des preuves, des preuves, des aveux circonstanciés, l’adresse IP d’où « notre » Ubiquiste postait ses contributions, &c. Bien évidemment, préservant l’anonymat de nos sources, nous ne saurions confraternellement communiquer un tel élément à Mediapart. Mais, bon, si la justice nous le demandait, tel un Laurent Mauduit… Bref, nous aviserions.

Incidente : du coup, je me demande si Wikipedia, qui nous a snobé avant d’effacer les pages qui nous étaient consacrées, ne va pas se raviser. Et si Mediapart ne va pas nous inviter à rejoindre son syndicat de la presse en ligne et des nouveaux médias, le SPILL (dont nous avons fait état).

Un Zorro mal masqué

« Devinez, devinez, devinez qui je suis », chantait la Compagnie créole. Eh bien, cherchez qui peut être Laurent Osborne, dit, selon Mediapart, Le Pélicastre jouisseur et L’Ubiquiste. En gros, un ancien de « Lille » (l’école de journalisme) qui n’a peut-être pas pu intégrer le Cuej (idem) de Strasbourg, ce qui aurait été plus logique pour un Bisontin. Un client de Gilles-William Goldnadel, chroniqueur d’Atlantico, avocat à 16 heures environ, qui prépare une plainte contre Mediapart.

Un inventeur digne du concours Lépine aussi. Qui aurait fait endosser à un condisciple de L’ESJ (supra « Lille ») l’identité du Pélicastre jouisseur. C’est en tout cas ce que l’enquête de Mediapart tendrait (remarquez l’apathique conditionnel) à établir. Le prête-pseudo (c’est nouveau, c’est frais, c’est technologique et gai…), « actuellement au Cambodge » (je peux donc le mettre en relation avec d’anciens spécialistes de ce terrain, mais contacter, par exemple Rémi Lainé), ancien de Paris-Normandie (ou ce qu’il en reste), ne veut plus entendre parler de tout cela.

Toujours est-il que David Kersan, fondateur des éditions Ring, admet que L’Ubiquiste et Le Pélicastre jouisseur ne font qu’un. Nous regrettons fortement de n’avoir hérité, sur Come4News, que de L’Ubiquiste : jouisseuses, jouisseurs et autres sont tout autant bienvenus. Entrez ici, avec votre joyeux cortège

Nous avons hébergé tant de salades (dont les miennes, encore), qu’un Niçois prétendu de plus, fusse-t-il Bisontin, peut venir ici faire sa tambouille. Les futurs Jaurès, les futurs Maurras (à quand les futures Anaïs Nin ?) sont les bienvenus dans le respect de la charte d’utilisation.

Il n’empêche que, nonobstant toute l’affection que nous éprouvons à l’égard des pélicans, nous ne saurions passer pour tels si pélican devient synonyme de blaireau au sens péjoratif que les ignorantes et non férus des blaireaux (niaises et sots) donnent.

Mise au point

« Comme Marine Le Pen, Laurent Obertone considère que le journalisme est avant tout une caste, engluée dans la pensée unique et la bien-pensance, qui cache ou déforme la réalité, » estime Bastien Hugues, de France TV info. Oui, bah, Régis Debray l’exprimait autrement.

L’identité d’Obertone, passé notamment par La Sambre, L’Observatoire du Valenciennois, Le Bonhomme Picard, La Semaine des Ardennes, n’est guère difficile à trouver. À peine davantage que la mienne (qui signe de mon patronyme et figure dans les annuaires). D’ailleurs, trois coups de fil, et je l’obtiens. Mais à quoi bon ? Il tire à bientôt 75 000 exemplaires. Mieux que Marcela Iacub. Grand bien lui fasse.

Mais tout cela est ridicule, tout comme l’attaché de presse de Ring, Gaël Giovannelli (damned, un estranger ?) qui qualifie les écrits de Mediapart sur Obertone de démoniaques, scandaleux, pitoyables. 

Giovanelli considère que Ring publie des auteurs et que les éditions « ne sont pas responsables de leur vie antérieure ». Nous non plus, à Come4News, pas davantage que de leur devenir.

Obertone/L’Ubiquiste avait débuté ici par une « Lettre ouverte aux détracteurs invétérés de Jean-Marie Le Pen ». Dominique Dutilloy, autre confrère écrivant ici et ailleurs, s’en souvient. « Je suis ouvert à toute discussion, si vous oubliez les réflexes pavloviens et prenez garde de ne pas atteindre le point Godwin ». Bien tourné, Ubiquiste, mais d’un journaliste à un autre : prenez garde à ne pas abuser d’un point G dont l’existence n’est pas déjà démontrée. Ce n’est plus journalisme, c’est du commerce.