Le pays affiche depuis plus de trois ans de nouvelles ambitions  : devenir un géant dans la production du caoutchouc naturel en Afrique à travers le développement de l’hévéaculture  industrielle et villageoise. Les actions entreprises dans le sud du pays semblent être une riposte au déficit de caoutchouc naturel sans cesse croissant au niveau du marché international en général et en Afrique Centrale en particulier.

 


Outre le rajeunissement des plantations existantes et l’hévéaculture villageoise encouragés par les pouvoirs publics, une giga-exploitation industrielle d’hévéa a été lancée en 2012 par la société  privée Hévéa Sud Cameroun.  Ce projet couvrira une superficie de plus de 47 000 hectares afin de soulager  d’ici 10 ans la grande demande en caoutchouc naturel observée au niveau sous-régional.  Achevé d’ici 15 ans, ce gros investissement qui sera certainement le plus grand en Afrique comme le signalent certains experts en la matière, fera du Cameroun une référence dans la production  du latex au niveau international.
500 jeunes à recruter  pour 2014
Au cours de la visite effectuée le 29 janvier 2014 par le Ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement Rural (Minader) parti voir l’état d’avancement de ce projet,  il ressort que cet investissement affiche bonne mine. Sur les 3000 hectares de forêt dégagés,  2000 hectares ont déjà subi les opérations de planting grâce au  concours de plus de 400 employés.  Hévéa Sud Cameroun compte un objectif précis d’ici la fin de cette année 2014 : « faire pousser  l’hévéa» sur 4500 hectares. De sources dignes de foi, le projet veut recruter plus de 500 nouveaux employés pour cette année seulement.

 

Quelques attitudes du Minader, ESSIMI MENYE

 

250 milliards de F Cfa  à investir
Selon le Directeur général de ce projet, Jean Marc SEYMAN, « 10 000 emplois directs seront créés »  avant l’exploitation. La création de 50 000 emplois est envisagée.  Il faut encore 15 ans avant que ce projet soit totalement effectif. « C’est un projet estimé à 250 milliards de francs Cfa totalement issus d’un financement privé », a confié Jean Marc SEYMAN à la presse.

Des infrastructures sociales annoncées

En parcourant le site de ce projet,  on a pu constater que  les sociétés sous-traitant ont un important besoin  en main d’œuvre et en engins de grande capacité pour les opérations de dégagement et planting. Tout un village alimenté en eau et en électricité par des groupes électrogènes et des plaques solaires a pris corps. Une petite formation santé, des alimentations sont implantés ici. Les terrains de loisirs aussi. La construction des écoles et autres infrastructures est  en vue.  Actuellement, l’entreprise a engagé la construction de nouveaux  bâtiments en matériaux définitif pour  le logement des centaines d’employés.  La plupart ayant élu domicile sur le site.

 

Si la route qui conduit à ce site est bien praticable, il est à signaler que des informations glanées sur le terrain font état de ce la sécurité est sévère de ce côté.  « Toute entrée est filtrée », a-t-on appris.  Même si on ignore encore si la Caisse Nationale de Prévoyance  Sociale a déjà fait tout là-bas, il serait utile d’inviter les employeurs d’ici à mettre un accent particulier sur la sécurité des travailleurs étant donné qu’on a pu apercevoir quelques travailleurs au rang desquels des femmes en tenues de travail moins recommandées.

 

Des initiatives privées félicitées
Le gouvernement encourage aussi le développement de l’hévéaculture dans le sud du pays. Dans cette région où la terre est fertile, les populations sont  désormais engagées dans la culture de l’hévéa. En dehors de la phase expérimentale de Ngoul-Makong où le gouvernement encadre les jeunes pour le développement de l’hévéaculture villageoise,  le paysan Pierre Meba’a s’est livré dans cette activité reconnu « complexe » par le Minader qui a visité sa plantation dans le village Djikom situé à  plus de  170 Km de Yaoundé.L’exploitant  privé, a créé une plantation qui s’étalera sur 58 hectares depuis deux ans.

 

Attitudes du Minader dans l’exploitation d’hévéa de Djikom

 

Conscient du fait que l’hévéaculture est encore une nouveauté dans la région du Sud,  le ministre ESSIMI MENYE a salué cette initiative privée. « Je voudrais ici féliciter le promoteur de ce projet » a –t-il dit après avoir rassuré la presse de l’engagement du gouvernement à promouvoir l’hévéaculture villageoise et industrielle.
 
« Nous avons démarré une expérience avec des jeunes de Ngoul-Makong. On va pousser progressivement dans  cette zone (…)  Je sais que c’est une activité complexe mais nous allons mettre les moyens qu’il faut.  Le ministère a démarré une réflexion l’année dernière pour le développement de l’hévéaculture villageoise. Et elle se poursuit ; car, nous voulons que l’hévéaculture devienne une réalité dans nos forêts », a-t-il relevé avant la réaction des responsables de ces deux exploitations.
© Marcien BELA, De retour de Meyomessala
REACTION

Jean  Marc SEYMAN, Dg d’Hévéa Sud Cameroun
« Il est de notre devoir de promouvoir l’hévéaculture »

" Hévéa Sud Cameroun est une société privé  de droit camerounais qui a été créée en 2010 dont le but est le développement d’une grande plantation d’hévéa dans la région du Sud concomitamment avec ce gros projet agro-industriel qui va travailler sur plus de 45 000 hectares.  Il est convenu que nous allons développer un secteur villageois ou familial assez important qui viendrait se greffer tout autour de ce projet. Ceci afin de donner des emplois dans la région et également d’utiliser cette terre qui est assez fertile et très propice à la production du caoutchouc naturel. A l’heure actuelle, nous souffrons d’un déficit de caoutchouc naturel.

S’il est du devoir d’hévéa Sud Cameroun de promouvoir le développement de l’hévéa et d’inciter  en même temps les fermiers et les habitants de la région à se concentrer également sur la culture vivrière pour leurs propres besoins, et éventuellement vendre à nous-mêmes et à nos propres travailleurs. en d’autres termes, nous souhaitons faire pousser de l’hévéa, nous voudrions ajouter un volet de plantations vivrières de façon à nourrir toutes ces populations et assurer un équilibre alimentaire pour les dizaines de milliers de personnes qui vont vivre ici."

 

 
Pierre MEBA’A, Promoteur de l’exploitation  de Djikom
« Avec un appui du gouvernement, on va devoir aller plus loin »

« J’ai voulu que Monsieur le ministre passe pour qu’il puisse voir de ses propres yeux et nous dire comment le gouvernement peux nous aider dans le projet. Nous ferons certainement avec les moyens de notre politique. Et si le gouvernement nous appuie, on va devoir aller plus loin… Les conseils de  Monsieur le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural sont arrivés à point nommé. Et nous les appliquerons.  Nous allons procéder systématiquement à la diversification des cultures. Il y aura du cacaoyer ».
Propos recueillis Marcien BELA