Pour le Premier ministre israélien, l’option militaire n’était pas le premier choix : « (…) le
calme que nous avons offert [ndlr : au Hamas] n’a eu pour réponse que des bombardements
(…) Ces derniers jours, il est devenu désormais clair que le Hamas se tourne vers le conflit.
Quiconque a écouté les déclarations du Hamas aura compris que le Hamas avait décidé
d’augmenter ses attaques sur la population israélienne en lançant aveuglément roquettes et
obus de mortier. Face à une telle situation, nous n’avons pas d’autre choix que de
répondre (…) ».
S’il est incontestable que le Hamas a délibérément mis fin à la trêve, il n’en
demeure pas moins qu’Israël a su saisir l’étroite fenêtre d’opportunité pour
mener une opération qui, à ses yeux, ne pouvait désormais plus être reportée.
En effet, Israël est déjà en pleine campagne électorale en vue des élections législatives
prévues le 10 février 2009, lesquelles vont ’’paralyser’’ un peu plus les pouvoirs législatif et
exécutif dans les prochaines semaines. C’est cette relative instabilité et faiblesse du
gouvernement israélien qui a amené le Hamas à penser qu’Israël n’oserait pas riposter, du
moins avec une telle ampleur.
Au lendemain de sa décision de rompre la trêve, le Hamas distribuait un tract dans lequel il
se moquait de l’incapacité d’Israël à riposter à ses attaques et expliquait que l’Etat hébreu
était paralysé par sa politique intérieure : « L’ennemi est dans un tel état de confusion qu’il
ne sait quoi faire (…) leur fragile cabinet s’est réuni dans le cadre d’une tentative désespérée
de trouver une réponse aux roquettes alors que des milliers de colons on trouvé refuge dans
les abris qui, avec la volonté de Dieu, deviendront leur tombes ».
Le Hamas a interprété la volonté d’Israël de reconduire la trêve comme un aveu
de faiblesse lui permettant non seulement de continuer à lancer impunément
ses projectiles mais à se réarmer – notamment en acquérant des roquettes de
plus longues portées (+/- 40 km pour le modèle Grad).

C’est désormais plusieurs centaines de milliers de civils israéliens qui sont à portée de tir du
Hamas, et si Israël a pu s’accommoder tant bien que mal de roquettes de courte portée, la
constante augmentation du rayon d’action de ces dernières ne laissait finalement d’autre
choix au gouvernement israélien – sous la pression de plus de plus forte de l’opinion publique
– que d’intervenir.

En effet, toujours échaudé par l’échec de la confrontation avec le Hezbollah durant l’été
2006, Israël se devait pourtant de reconquérir une force de dissuasion suffisante face au
Hamas qui, encouragé par la Syrie et l’Iran à rompre ses liens avec le camp arabe modéré –
représenté par l’Egypte et l’Arabie saoudite –, profitait de la ’’trêve’’ relative pour renforcer
ses capacités de négociation en vue d’hypothétiques pourparlers avec l’Etat hébreu.
Un autre facteur qui a probablement convaincu les autorités israéliennes à agir sans trop
tarder est l’ ’’inconnue’’ de la nouvelle administration américaine qui prendra ses fonctions le
20 janvier 2009 et qui semble d’ores et déjà vouloir prendre quelques distances par rapport
au soutien quasi inconditionnel de l’administration Bush à Israël. On se souviendra de l’émoi
suscité en Israël par les déclarations durant la campagne présidentielle du candidat Barack Obama sur le dossier iranien, expliquant vouloir associer la République islamique au
dialogue diplomatique. En mars dernier, le futur Président américain déclarait : « qu’aucun
peuple ne souffre plus que le peuple palestinien »4.

Pour autant, il ne faut s’attendre à de
changements majeurs de la politique étrangère américaine au Proche-Orient, a fortiori
lorsque l’on sait qu’Hillary Clinton assurera la fonction de Secrétaire d’Etat. Merci à l'esisc pour l'exactitude de ses renseignements et de ses analyses.