Pourquoi renflouer les dettes souveraines des pays de la zone euro,

alors que c’est tout le système qui dérape ?

Grèce, Portugal, Espagne, voire prochainement Italie et la France, après ? L’effet domino, du renflouement à coups de milliards d’euros de la dette de ces pays au bord du gouffre, se confirme. Ils n’ont plus assez d’argent pour payer leurs charges de fonctionnement, soutenir leur économie et cela nous mène à la question faut-il qu’ils sortent de l’euro, ou pourront-ils rembourser ? Bien sûr que non dans un délai acceptable pour l’Espagne ? Voire même pour certains, dont la Grèce, pas du tout ! C’est donc que le système Européen construit ne tient pas la route, et qu’il faut le changer. Continuer avec une Commission européenne à droite serait la pire des solutions. Sans pour autant sortir de l’Europe qui présente des avantages il faut modifier sa politique, c’est à dire contraindre l’Allemagne et l’Autriche et les autres à accepter de promouvoir de la croissance autrement que par des réformes structurelles qui, dans des pays très affectés par l’austérité, ne sert à rien. Comme ils s’y opposent, il faut les contourner, avec l’aide des pays en difficulté.

Déjà on voit un axe Hollande Monti se dessiner. Le 14 juin avant un mini sommet des chefs d’État du 22 juin des quatre principales économies de la zone euro, dont le but est de préparer le sommet semestriel de l’Union européenne prévu les 28 et 29 juin. Ils se retrouvent à Rome dans le cadre des rapports d’amitié et de proximité de vues entre les deux pays. Des rencontres sont également prévues avec le président de la république Giorgio Napolitano. Cette rencontre bi-latérale avait été préparée par la visite de Laurent Fabius. Mario Monti estime pouvoir faciliter une synthèse entre les positions Allemande et Française sur la croissance. François Hollande devrait présenter son plan pour l’Europe pour tenter de stabiliser l’euro. Mais aussi l’occasion d’envoyer aux autres son projet de «pacte de croissance».

Pendant que nous nous battons avec nos élections, le désastre de la valeur de l’euro continue sa marche. Impossible de tenir cette monnaie trop chère pour ces pays à l’économie moribonde. Un par un comme les attaches d’une bulle qui enfle et qui explose, ces pays croulent sous leur taux d’emprunt au point qu’ils ne peuvent plus emprunter. Les taux d’emprunts à 10 ans de l’Italie s’envolent à plus de 6 % et sa dette atteint 1946 milliards d’euros en mars, soit 120 % de son PIB. Quant à l’Espagne l’emprunt à dix ans atteint son plus haut niveau à 6,85 % et jeudi il atteint dépasse le seuil critique de 7 % avec une dette des banques de 287,8 milliards d’euros. Quant à sa dette souveraine elle serait de 740 milliards d’euros.

Évolution des taux d’emprunts à 10 ans de la zone euro, en avril 2012.

Document le blog d’Olivier Berruyer, Les-Crises.fr. Cliquez sur l’image.

Mais l’économie Italienne n’est pas celle de l’Espagne, elle offre plus de potentialités industrielles et artisanales, et sur bien des domaines, elle est supérieure à la France. Son déficit est aussi le fait que le sud de la péninsule est sous équipé par rapport au Nord plus industriel, et l’État italien le soutien dans le cadre d’une aide.

Pour l’Espagne c’est le blocage de son économie due à la faillite de ses banques. C’est bien simple l’argent ne rentrant pas, l’État emprunte pour assurer ses obligations. Il s’adresse à ses banques qui elles n’ont plus assez d’argent par ce qu’elles ont financé des marchés qui deviennent rapidement des gouffres. Les spéculateurs ne peuvent rembourser leurs banques par ce qu’ils ne tirent plus de profits. L’exemple des constructions abandonnées au soleil, d’appartements d’immeubles qui ne se vendent pas sont le signe de la faillite de cette politique. La crise immobilière précipite un million de logements invendus. Une personne sur cinq est sans emploi. Les gens n’achètent plus, trop cher, et ceux qui ont investi ne peuvent plus payer leurs mensualités de prêt. 12 millions de personnes sous le seuil de pauvreté sur 46,7 millions d’habitants. Les industries et autres activités du pays ont de grandes difficultés pour obtenir de l’argent frais de leur banque et se trouvent en défaut de paiement. L’économie s’étouffe et ne peut plus fonctionner. Le peuple se trouve pris à la gorge, il ne consomme plus. S’il ne consomme plus, l’argent ne rentre plus dans les caisses de l’État, et le pays passe en récession.

Alors le gouvernement de Mariano Rajoy se tourne vers l’Europe de la zone euro, et lui demande une aide pouvant aller jusqu’à 100 milliards. Mais les investisseurs et les politiques ont exprimé leur scepticisme face à un prêt jugé encore en gestation dans ses modalités techniques, «taux, montant de l’aide, contreparties, mécanismes de financement». Il y a eu une grande annonce sur le plan, mais rien sur les détails concrets. «Il reste énormément de points techniques à régler», note Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. «Les responsables européens n’ont pas encore compris que ces grandes annonces pas encore finalisées passaient très mal sur les marchés. Il y a un problème de communication avec les marchés, et ces malentendus se révèlent dévastateurs». Il y a donc entre l’annonce d’un prêt et son versement un délai de gestation.

Les pays de la zone euro sont donc pris au piège, ils ne peuvent laisser l’Espagne à la dérive. Et pour eux, la question est faut-il payer et sous quelle condition ? Pour cela, ils ont à leur disposition le Fond Européen de Stabilité Financière FESF qui dispose de 44o milliards, voir aussi la Grèce sera-t-elle la clé qui fera admettre les euros obligations.

L’argent déposé dans ce fond n’est que virtuel, c’est un engagement au cas où. Il n’est donc pas dépensé, il n’augmente pas dans l’immédiat la dette des pays participants. Or pour prêter, il faut s’assurer que les pays emprunteurs peuvent rembourser, c’est à dire faire des économies. D’où cette fameuse règle d’or qui ne peut fonctionner que dans la mesure où il y a à économiser. La Grèce a signé la règle d’or, et l’on voit, que cela n’empêche pas le désastre de son économie. Devant l’ampleur des aides aux pays en difficultés on a créé le MES, Mécanisme Européen de Stabilité qui est pour la gestion des crises financières de la zone euro, et qui doit remplacer en juillet 2012 les FESF, avec un capital autorisé de 700 milliards d’euros, et le MESF pour l’Union européenne.

Conjointement au MES qui se termine fin 2012, on a créé de TSCG, Traité sur la Stabilité la Coordination et la Gouvernance qui est un traité intergouvernemental, c’est à dire une gouvernance qui passe au dessus des États. Ce traité n’est en outre appelé à être signé que par 25 des 27 États membres de l’UE, mais il pourra entrer en vigueur dès que 12 des 17 États de la zone euro l’auront ratifié. Il pourra être rejoint ensuite par les autres États, mais sans le Royaume-Uni et la République tchèque qui ont refusé. C’est donc un traité qui nous sera imposé dès lors que nous sommes dans la zone euro, c’est la perte de notre souveraineté.

Tous ces mécanismes de financement des dettes n’ont d’autres buts que d’intégrer un peu plus chaque jour les pays dans une fédération supra nationale.

C’est simple Sarkosy nous a vendu à l’Allemagne puisque c’est elle la principale instigatrice et contributrice dans le financement du MES et qui imposa sa politique.

Le TSCG, apparaît économiquement déséquilibré d’après Antonio Vitorino Ministre de la Défense et ancien Commissaire européen. Stabilité et austérité sont nécessaires mais insuffisantes. On voit bien qu’il faut une relance de la consommation, et donc la provoquer. Comment le faire, par des emprunts Européens. Notre Europe du 19 novembre 2011 titre rigueur mais aussi croissance.

Aux États la rigueur à l’Europe la croissance.

Les États membres de l’Europe doivent faire face «à un dilemme redoutable, il leur faut à la fois engager des programmes d’ajustement budgétaire et de réformes structurelles, mais aussi veiller à préserver leurs perspectives de croissance, afin d’offrir un horizon d’espoir à leurs citoyens».

On voit que la politique de l’Europe est encore à définir. Elle a été construite sur des bases fausses considérant que seule une politique droitière négligeant la volonté des peuples est applicable. Dans ces conditions, sans référendum approbatif obligatoire, toute politique est vouée à l’échec dans le cas d’un changement de couleur politique d’un pays, d’autant qu’il n’est prévu aucun mécanisme de sortie de la zone euro.

Dans son voyage du 14 juin en Italie, François Hollande a dit avoir adressé au président du Conseil européen, Herman Von Rompuy, un document de préparation du sommet européen des 28 et 29 juin, avec trois principes : croissance, stabilité et approfondissement de l’union économique et monétaire.

Il aussi évoqué les obligations, euro-bons, et l’établissement d’une taxe sur les transactions financières. «L’Europe a besoin d’instruments, de mécanismes, qui permettent de soutenir banques, États qui peuvent se trouver à un moment et injustement dans une tourmente de façon à ce que la spéculation soit découragée». «Je partage aussi l’idée que nous avons besoin de financement pour les investissements d’avenir et que là encore, l’Europe devrait regarder ce qu’apportent les différents États pour avoir une classification plus souple que ça n’est le cas aujourd’hui en termes de classification de ces dépenses».

Angela Merkel se trouve squeezée, et Jean-Marc Ayrault l’a invitée à ne pas aller à des formules simplistes, «ajoutant la situation de l’Europe est suffisamment critique pour ne pas se laisser aller à des formules simplistes. Il faut prendre les choses avec sérieux et courage».