Ceux qui se battent contre les privatisations le font souvent au nom de la défense d'acquis sociaux, telle que la sécurité de l'emploi.

Se battre seulement pour cela, c'est perdre le soutient d'une partie des salariés du privé : "si je n'ai pas la sécurité de l'emploi, pourquoi eux l'aurient ?". Mais c'est surtout oublier une chose fondamentale : il est d'intérêt général que certaines entreprises soient au mains de l'état.

C'est d'ailleurs dans ce soucis que la plupart de ces entreprises ont été créées et développée, notament sous De Gaulle.

Cette tendance à la privatisation systématique des entreprises nous envoie, tous autant que nous sommes, dans le mur, et elle ne pénalisera pas seulement les salariés directement concernés.

Concentrons-nous sur l'exemple d'EDF, qui est le plus flagrant. Le même raisonnement peut s'appliquer à France télécom, la SNCF et, dans une moindre mesure à EADS (qui fût jadis aux mains de l'état).

Qu'est-ce qu'EDF ?

C'est un parc de centrales électriques, en grande partie nucléaires et un réseau de distribution d'électricité, pour l'essentiel. Plus les salariés pour faire fonctionner tout ceci, bien évidement.

Donc, des infrastructures qui sont le résultat d'un investissement colossal (plusieurs centaines de milliards de franc), étalé sur quelques décénies.

Un jour, il faudra bien penser à renouveler le parc nucléaire, bien que les spécialistes ne s'accordent pas sur l'échéance. Opération qui va coûter dans les 100 milliards d'euros au total (chiffre très approximatif, les spécialistes ne s'accordant pas non plus là-dessus). Et ce même investissement est à prévoir tous les 40 ans environ.

Dans l'hypothèse d'une privatisation d'EDF.

Comment voulez-vous qu'une entreprise privée crache 100 milliards d'euros ?

Même si certaines sont riches, elles ne le sont pas à ce point. Surtout lorsqu'il s'agit d'un investissement amorti sur plusieurs décénies. Quand bien même elles le pourraient, ce serait injustifiable devant les actionnaires.

Seul l'état peut se permettre de telles dépenses.

Quelle solution peut donc bien permettre de concilier privatisation et investissements de cet ordre ? Que l'état les prenne en charge ? Vous conviendrez alors qu'il serait scandaleux que l'état ne ramasse pas les bénéfices qui vont avec, les facture d'électricité, en l'occurence.

 

Les entreprises d'état ont permis, de voir sur du long terme. L'état a financé des projets en sachant parfaitement qu'ils ne seraient pas rentables avant longtemps, ce qu'aucune entreprise n'aurait fait.

L'ensemble de cette politique s'est avérée payante, même si certains de ces projets ont échoué.

Beaucoup retiennent l'échec commercial du concorde (beaucoup de spécialistes vous diront que la seule réussite technologique a apporté bien plus que le projet a coûté, mais passons).

Ils oublient les autres réussites en aéraunautique, et le succès d'une entreprise d'état, aujourd'hui privatisée et connue aujourd'hui sous le nom d'airbus, résultat d'années d'investissements, qui vont être réduits à néant parce que des actionnaires qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez refusent de financer la recherche appliquée.

Le TGV, ce n'est pas Alsthom qui l'a inventé.

Privatiser la SNCF ? Et qui va financer toutes les nouvelles lignes TGV ? Vous savez combien ça coute une ligne Paris-Strasbourg ? 

Le réseau des télécoms, ce n'est pas une entreprise privée qui l'a construit : aucune n'aurait pu le financer.

 

Jetter en l'air ce formidable moteur que sont les entreprises publiques, n'est pas seulement taper sur des salariés, c'est renoncer à toute nouvelle inovation comparable à celles que je viens de décrire.

C'est bien cela que vous voulez, vous, les anti-entreprises publiques qui ne voyez que les quelques avantages des salariés qui y travaillent ?