Pour leurs compétences, ou par démagogie?

Le nouveau gouvernement prend forme si l'on en croit se qui se dit ici et là, avec des ministres d'horizons divers, issus de la gauche, du centre et bien sûr de la droite. Nicolas Sarkozy a par ailleurs rencontré bien des personnalités pour son futur gouvernement. Mais cela ne réjouit pas tout le monde…

Car en effet tel qu'il se dessine, ce futur gouvernement met de coté quelques uns des UMPistes qui se sentaient ministrables, et du coté socialiste, le mécontentement ne se cache pas. C'est un peu l'effet Besson, qui après avoir dit pis que pendre des adversaires, les rejoint, reniant les critiques acerbes d'hier. Certains au parti s'inquiètent à l'image d'Elisabeth Guigou, de ce que ce gouvernement vise à laminer la gauche aux élections législatives, rappelant que les ministres en question pourraient être les otages d'une politique très à droite dans les semaines qui viennent.

A droite aussi on s'inquiète de ce que des ministres comme Kouchner soient appelés à figurer dans les rangs des ministres, leurs positions étant jugés comme étant trop à gauche sur certains sujets: n'a t'on pas dit dans à l'UMP qu'il serait le Jack Lang de la politique internationale? Quelques uns se réjouissent pourtant de cette ouverture à gauche et au centre, précisant qu'il ne s'agit pas de quotas, mais bien de compétence.

Oui, la compétence peut-être, mais n'y a t'il pas une forme de démagogie dans ce shémas? Dès le début, Nicolas Sarkozy a évoqué un gouvernement composé pour moitié de femmes, et avec des personnalités de gauche et du centre, un gouvernement qui n'était pas encore constitué puisqu'il n'avait rencontré personne encore. Quels sont donc les critères? Si une femme est compétente mais que le quotas est atteint, reviendra-t-il dessus? De même, faut-il à tous prix prendre une personnalité de tel bord politique, parce que c'est convenu ainsi?

Il y a certes un petit coté Bayrouiste dans l'attitude du nouvel élu. Durant toute l'élection, le discours flirtait avec les thèmes du front national, avec une franche réussite manifestement, il reste à présent les élections législatives, et les voix des électeurs Bayrouistes seraient surement appréciées, d'autant que la position du "mouvement démocrate" sera un peu précaire. Mais cette ouverture un peu opportuniste pourrait éloigner le million d'électeurs nationalistes qui avait voté pour lui.

Y aura-t-il une gauchisation après la droitisation? Il sera intéressant de savoir ce que les électeurs en pensent. L'électeur d'un programme de droite pourra-t-il se satisfaire d'un Kouchner aux affaires étrangères? L'ancien électeur de Le Pen se ravira-t-il après les discours sur la nation et Jeanne d'Arc de tous ces compromis?

Un élément toutefois étrange: en théorie, dans notre République, c'est le premier ministre qui propose les autres membres du gouvernement, non pas le président qui le forme d'abord, et qui nomme le premier ministre ensuite. Cela présage bien de ce que Nicolas Sarkozy souhaite avoir la main sur tout.