Politique au Liban : Quand le confessionnalisme s’en mêle !

Depuis le temps que l’on passe et repasse à la moulinette sémantique les propositions sur la loi électorale, comme celles sur la formation du gouvernement, il ne sort strictement rien de concret ; pire, on fait du surplace pour ne pas dire que l‘on avance à reculons. Hermétiquement enfermé chacun dans une posture partisane axée sur le seul calcul de sièges parlementaires, l’enjeu majeur des élections s‘en trouve presque sacrifié ! 

La dernière séance parlementaire a été reportée en raison du coup fatal porté au projet de loi électorale, dit orthodoxe ; les auteurs de ce vandalisme ne sont autres que les Blocs des Forces libanaises, du Futur et du PSP. Et dire que ce projet avorté est celui-là même qui des mois durant, avait fait l’objet d’une de ces  campagnes de promotion tonitruantes, destinées à le vendre aux plus sceptiques, notamment le Hezbollah. Peine perdue ! 

En échange, les détracteurs du défunt projet en ont peaufiné, de justesse, un autre de substitution reposant à la fois sur un scrutin mixte et sur un nouveau découpage des circonscriptions. Sans surprise,  la coqueluche en question est loin de faire l‘unanimité ; elle divise encore plus allant jusqu‘à se faire taxer par certains d‘anticonstitutionnelle! 

Rebelote, les sous-commissions parlementaires sous l’égide de Nabih Berry, porteur lui-même d’un projet mort-né, sont reparties en vue de trouver en l’espace de quelque heures un consensus autour de la nouvelle loi électorale, avant la séance plénière. Des débats houleux sur fond de discorde confessionnelle seront certainement à l’ordre du jour ; et comme d’habitude  les boycotteurs d’hier par effet boomerang ont de fortes chances de se faire boycotter  à leur tour. Et le retour à la case départ n’est pas à exclure !  

Le temps presse : dimanche est la date limite pour tout dépôt de candidature. En l‘absence de suspension de ce délai, les députés pourraient bénéficier d‘une prorogation de leur mandat. Sinon l‘option du recours à la loi de 1960 demeure sauf que cette dernière est aussi explosive, au goût de certains, que celles de rechange. 

En plus de cette calamiteuse loi électorale, il y a les difficultés insurmontables qui se cumulent pour la formation du cabinet ministériel. Malgré tout le pouvoir que lui confère la Constitution, Tammam Salam, est pris en tenaille entre les Blocs des 8 et 14 Mars. Pieds et poings liés, il avance à petits pas, il zigzague : quand par exemple, il fait part de son intention de proposer au parlement un gouvernement de 14 ministres technocrates, il n’hésite pas à se rétracter sous les pressions. 

Ni la date ni la nature exacte de son équipe ne sont encore élucidées. Et pour cause, ménager la chèvre et le chou relève de l’exploit : il y a ceux qui refusent de se voir bradés compte tenu du poids de leur Bloc parlementaire et ceux  qui, traumatisés par la minorité de blocage  ne veulent surtout plus en entendre parler. Même s’il était tenté par un passage en force de son équipe, Tammam Salam devrait y réfléchir à deux fois tant le charivari que génèrent les menaces ambiantes est oppressant ! 

Décidément  dans cette République à l‘assise communautaire,  Jacques Chirac aurait probablement dit que « les merdes volent en escadrilles » ! Tout y est  à l’image des accords de Taëf lesquels après avoir annoncé en fanfare l’abolition du confessionnalisme ont quand même réparti pouvoirs et fonctions publiques entre confessions communautaires. 

Immuable, le pays met un indéniable point d’honneur à arborer une façade toujours bien ravalée au détriment de l’essentiel ! On continue de dire que le Liban est un modèle de coexistence alors qu’à y regarder de plus près, on ne peut que se rendre à l’évidence : tout le monde se méfie de tout le monde et chacun ne pense qu’à tirer la couverture à soi. Quant aux politiques principalement soucieux de leurs suzerains, ils s’emploient plus par leur travail de sape à corrompre  le peuple qu‘autre chose.