Chacun d’entre nous a des souvenirs de poèmes récités devant les petits copains et copines de la classe à l’école primaire. Rappelez-vous cette tension qui s’emparait de vous: alliez-vous réussir votre récitation devant ce ‘public’ exigeant constitué du maître d’école et d’élèves prêts à éclater de rire à la première erreur, la première hésitation ?

 

Personnellement, je garde un souvenir à la fois vague et précis d’un poème récité en classe. J’étais alors au collège, en 6ème. Ce qui est vague, c’est par exemple le poème en lui-même dont j’ai oublié et le titre et de quoi il pouvait bien parler. Ce qui est précis, c’est la façon dont ça s’est dérouler. La veille de la récitation, j’avais appris par coeur le poème car nous avions été prévenus que le lendemain, nous serions interrogés. Je voulais relever le défi !

 

Ce matin là, le professeur lance un appel à un ou une volontaire pour réciter le poème. Un silence de quelques instants fut la réponse, puis, d’un coup d’un seul je me lève et je dis : "Moi, je veux réciter !". Le professeur me regarde, presque surpris par mon enthousiasme et me dit à son tour : "Bien, tu peux commencer."

 

Je me souviens alors que j’échoua à la première tentative mais vexé par les regards  moqueurs des élèves je supplia le professeur de recommencer, il répondit favorablement à ma supplique. Je réussissa parfaitement ma deuxième récitation et reçut un 20/20 couronnant mon courage et ma ténacité au grand désarroi d’une classe prise à son propre piège !

 

 

Fort de ce succès, je commença à m’interresser vraiment à la poésie. Plus tard, je devins un adolescent admirateur des poètes ‘maudits’ du 19ème siècle, Rimbaud, Verlaine, baudelaire, Lautréamont…

Une fois adulte, j’ai publié quelques recueils de poèmes, sans succès. J’ai compris alors que la poésie est plus une histoire personnelle et que chacun aime sa poésie et non celle des autres !

 

En plus, mes poèmes étaient vraiment hermétiques et je pense impénétrables au grand public. Déçu dans un premier temps, je me fis une raison et repris goût à la prose mais pour moi, destinée à mon seul jugement.

Autrement dit, je ne crois pas qu’il faille écrire de la poésie pour être reconnu mais bien pour prendre plaisir à jouer avec les mots…et les sentiments.

 

Une fois admis ce paradigme, je continua à écrire ma prose jusqu’à aujourd’hui ! Je prends toujours autant de plaisir à rechercher de nouvelles tournures, expressions qui enchantent mon quotidien.

Ce qui ajoute encore à mon plaisir c’est de voir que sur un site comme celui-ci (C4N), des personnes, hommes ou femmes proposent leurs ‘créations’ poétiques avec leurs vérités. Je pense à ‘Ecriveuse’ et beaucoup d’autres…

 

La poésie est donc éternelle, traverse le temps, les époques et on peut se demander si nous sommes des poètes maniant le verbe ou si c’est la poésie qui se joue de nous et se sert de notre enthousiasme littéraire pour survivre à tous les assauts contre la langue de Molière…et de Rimbaud !