My Lady

 

Elle était belle, My Lady,

Et moi je vous le dis : elle était celle

Avec qui je voulais passer ma vie.

 

Elle était pucelle, My Lady,

Et moi je l’étais aussi.

Quoi de plus naturel Que de vouloir en goûter le fruit ?

 

L’été approchait, les abricots mûrissaient,

Mais mon préféré était celui qu’elle cachait.

 

J’étais pourtant fleur bleue,

Mais je ne suis rien qu’un jeune homme.

Au lieu de voir ses bleus,

Je me laissais guider par mes hormones.

 

Quand je la rencontrais, aveuglé par ma passion,

Je n’entendais point raison et ne savais l’écouter.

Quand je l’étreignais, je fantasmais.

Quand je la serrais, elle pleurait.

Mon désir était tel que je ne voyais en elle

Qu’une charmante jouvencelle qui me donnerait du plaisir charnel.

 

Elle avait le spleen, je la croyais touchante.

Quand je parcourais son échine, elle m’était brûlante.

Brûlante de désir, pour mieux mon ego assouvir.

Je l’imaginais ondulante pour notre première chevauchée.

Elle qui ne cherchait que réconfort

Telle une âme errante n’avait trouvé qu’un vulgaire obsédé.

 

Alors que nous étions enlacés au bord du marais,

L’air était doux, comme mes baisers dans son cou.

Je voulais la croquer, lui montrer la force de mon désir

Alors que j’aurais dû ressentir la moiteur de ses larmes qui à profusion coulaient.

 

Elle était belle, My Lady,

Quand de mes bras elle s’est dégagée.

Ses courbes divines dans l’eau se sont engouffrées

Et moi du regard de la dévorer.

Elle s’est tournée vers moi, me criant son désespoir

Mes bras ou le marais : je n’ai su le voir !

Je ne voyais qu’une muse dans l’eau qui m’allumait,

Tout mon corps était stimulé :

Inconsciemment mes cuisses s’écartaient

Laissant ma raideur apparaître,

Invitation pour elle à s’y empaler.

 

Pour moi, preuve d’amour. Pour elle, décadence :

Elle n’était qu’un objet sexuel et moi son bourreau.

Je venais de déflorer son âme alors qu’elle ne cherchait

Que l’être idéal qui de sa vie minable la sauverait.

Sous mes yeux son choix elle a fait : 

De tout son être au marais elle s’est donnée.

 

D’une seule étreinte il l’a entièrement croquée

Sous mon nez à un autre elle s’est abandonnée.

Sans retenue, elle a avalé son jus, 

Car mon amour pour elle l’avait plus que déçue.

 

Elle est toujours belle, My Lady.

Son corps, au fond du marais, à jamais gît.

Elle est calme et sereine, cet amant lui suffit.

L’onde la caresse et ses cuisses laissent échapper

Têtards et alevins que son amant lui a faits.