Dans l’affaire Nafissatou Diallo/Dominique Strauss-Kahn, il est un point insécable, le rapport médico-légal établi, dès le 14 mai 2011, par le Centre de traitement des victimes de crimes de l’Hopital Saint Luke Roosevelt de New York qui a examiné la victime quelques heures après les faits présumés(1). Celui-ci est accablant à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn et, dans sa conclusion, fait état de « blessures causées par un viol » et « de viol. » La presse française s’est toujours satisfaite d’en évoquer sa présence, ne parlant jamais de son contenu, pour mieux inculquer, dans l’esprit des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs, les propos diffamatoires proférés par les défenseurs de Dominique Strauss-Kahn et véhiculer les abracadabrants « démentis fallacieux » assénées à longueur de journée, par les avocats de l’ex-Directeur Général du Fonds Monétaire International, Benjamin Brajman et William Taylor(2), afin de jeter l’opprobre sur la plaignante, de la dénigrer et de la culpabiliser aux yeux du Grand Jury et des juges.


C’est en connaissance de cause que les médias français ont occulté ce document qui a été, dès les premiers jours de l’affaire, largement commenté, excepté par les tabloïds à scandale, par la presse d’investigation américaine. Au différent, ils ont répercuté, jusqu’à l’indigestion et l’overdose, – mais il faut défendre à tout prix, en toute partialité partisane, à en devenir la risée de la presse mondiale -, les « incongruités monumentales » développées par le New York Post. Leur aveuglement a été tel, persistant toujours, que rien, même un rapport médico-légal, – probable qu’un journaliste de l’Express se soit senti pris de remords car, le 16 Août(3), il a pondu un article, « Rapport médical de Nafissatou Diallo : Cause des blessures: viol », dans lequel il auto-congratule le journal « qui en a obtenu une copie »alors que rapport médical est connu des médias américains depuis le 15 mai 2011 -, n’a pu et ne peut ébranler leurs certitudes : « Est-ce imaginable de penser un seul instant que Dominique Strauss-Kahn ait pu assaillir aussi sauvagement la prostituée Nafissatou Diallo, une femme grande et moche au point de lui défoncer le vagin… ? Ce n’est pas sérieux… Çà ne lui ressemble pas…. C’est lui la victime… C’est un complot… » Et les journalistes français, véritables perroquets foulant aux pieds la déontologie propre à leur profession, ont agi, agissent et agiront longtemps encore tels des autistes.


Mais comment interpréter la « libération sur parole », et la restitution de la caution d’un million de dollars, dans le cadre d’une audience-éclair, le 01 Juillet 2011, de Dominique Strauss-Kahn ? Certes, l’ex-Directeur Général du Fonds Monétaire Iinternational est libre mais il n’est pas innocenté et il ne peut quitter les États-Unis, la justice ayant conservé son passeport. Cette libération, que le procureur, Cyrus Vance Jr a avalisée, prononcée par le juge Michael J. Obus, montre une chose : « la gloire, l’argent, les relations, les réseaux et les compromissions » ont eu raison de l’accusation qui n’accorde plus le même crédit à Nafissatou Diallo, la victime présumée. Comment comprendre ces rapports hommes-femmes et ces relations au pouvoir si édifiantes et capitales pour de nombreuses femmes si, le 23 Août 2011, le procureur lève les poursuites à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn ? Quel en sera le message que les peuples du monde entier entendront ? Celui qu’une personne dont la vie est imparfaite, n’a pas droit à la justice ? Ou celui d’un homme puissant que la justice, autorisant plus d’abus et de perdition, absout ?


A toutes ces interrogations, une seule question brûle les lèvres : Comment les avocats et les communicants sont-ils parvenus à faire « libérer sur parole » un homme présumé violeur qu’un rapport médico-légal désigne et, si toutes les poursuites sont levées, à son encontre, le 23 Août, à permettre à un nuisible sexuel de pouvoir quitter, en toute tranquillité, le sol américain et, ainsi continuer, en toute immunité, la mansuétude de la justice française en sa faveur étant proverbiale, – non-lieu, relaxe, blanchiment et plaintes et affaires classées sans suite – , ses prédations avec l’aide précieuse d’Emmanuel Pierrat, un avocat parisien, qui a « dissuadé plusieurs femmes à déposer plainte contre Dominique Strauss-Kahn parce qu’il est trop bien protégé…et que l’opprobre aurait été jeté sur elles par une presse bobo parisienne de gauche aux ordres… » et à ses amis hiérarques du parti Socialistes qui auraient « réglé à l’amiable toutes les affaires » avec de jeunes militantes PS et des beurettes et qui auraient « réussi à calmer, avec beaucoup de difficultés, les sympathisants socialistes, – certains s’étant armés d’une hache ou d’un couteau -, les persuadant de ne pas déposer plainte » ?


Pour essayer de comprendre les prémices de cette affaire Nafissatou Diallo/Dominique Strauss-Kahn, ce scandale planétaire mettant directement en cause l’ex-Directeur Général du Fonds Monétaire International, il faut seulement se pencher sur les faits : Derrière Dominique Strauss-Kahn, il y a une campagne de manipulation médiatique de l’opinion conduite par les communicants d’Euro-RSCG, des « chiens de garde(4) » spécialistes de la « garde rapprochée », des « conseillers en stratégie » et des « amis. ». Comme l’écrit Arrêt sur image, la bande des quatre a réussi « à s’imposer dans la cinquième agence de communication mondiale, Euro RSCG Worldwide… », non pour sa « …faculté à écraser leurs adversaires, mais grâce à une humeur égale et une intelligence sophistiquée : le réseau d’influence de Stéphane Fouks; le culot de Ramzi Khiroun, la gestion des médias par Anne Hommeln et la plume de Gilles Finchelstein. » A entendre les propos de Nicolas Beau, le fondateur de feu Bakchich, citant « le harcèlement par textos d’une journaliste indépendante qui a osé enquêter sur le mode de vie du patron du FMI à Washington, l’argumentaire assassin envoyé dans les rédactions à propos d’un livre paru chez Plon sur les relations de Strauss-Kahn avec les femmes, ou encore les arrangements entre Paris-Match et Ramzi Khiroun, l’homme à la Porsche, pour étouffer l’affaire Piroska Nagy… », « la firme(5) », – de forts salaires et les frais-payés par les patrons affiliés au Cercle de l’Industrie dont Dominique Strauss-Kahn est l’un des co-fondateurs et, depuis sa nomination le 28 septembre. 2007 comme Directeur général, par le Fonds Monétaire International(6) -, ne ménage ni ses peines ni les moyens pour créer autour de « Dominique Strauss-Kahn une formidable ceinture de chasteté médiatique. »


Dans le cadre de l’amélioration de son image de marque, en prévision des Primaires Socialistes, Dominique Strauss-Kahn, accompagné de son communicant dépêché par l’agence Euro-RSCG, Ramzi Kirhoun, le 28 avril 2011, avait accordé une interview à Libération et avait avoué, aux journalistes présents, trois fragilités possibles et trois handicaps: « L’argent, les femmes et sa judéité » qu’il se devait d’effacer s’il voulait être le porte drapeau du Parti Socialiste aux « Présidentielles de 2012 » face à Nicolas Sarkosy, le Président de la République sortant :

– Sur « l’Argent », il a déclaré que son épouse, Anne Sinclair, l’a « mis à l’abri du besoin pour toujours » avec sa fortune personnelle car il sait qu’incarnant l’oligarchie et la finance mondiales il aura des difficultés à gagner les suffrages des militants socialistes dont un majorité appartient à la fonction publique ? En outre, ayant imposé le plan de rigueur de la Grèce et salué le modèle tunisien de Ben Ali, il aura, aussi, toutes les peines à rassembler les suffrages de la gauche militante ?

– Sur sa « judéité », il a déploré n’avoir pas démenti avoir déclaré, voilà des années, « se lever chaque matin en se demandant ce qu’il peut faire et comment être utile à Israël », qui risque de causer des problèmes pour mobiliser le vote des banlieues arabo-musulmanes qui s’était massivement porté sur Ségolène Royal en 2007.

– Sur « les femmes », son talon d’Achille, il a concédé : « Oui, j’aime les femmes… Et alors ? » mais il s’est vite hâté de lancer des piques acérées vers ses détracteurs et ainsi les livrer à la vindicte publique en les désignant, sempiternelle rengaine, de vulgaires menteurs-faiseurs de torts : « Depuis des années on parle de photos de partouzes géantes, mais je n’ai jamais rien vu sortir… Alors qu’ils les montrent ! » Bien pire, probable coup foireux prévu de longue haleine par ses communicants, Dominique Strauss-Kahn se présente avec la volonté de se poser en future victime d’une dénonciation de viol, il a évoqué qu’il pourrait être accusé et trainé en justice par « une femme qu’il aurait violée dans un parking et à qui on aurait promis 500.000 ou un million d’euros pour inventer une telle histoire… » En personnage intelligent et sûr de lui, le Parti Socialiste, parti féminin et parti féministe, devant renâcler à se donner à un homme porté au harcèlement agressif envers les femmes, un homme évoluant dans un registre plus proche de la prédation que de la séduction, il se devait de démontrer que les allégations étaient fausses sur sa personne et qu’il était le souffre-douleur continuel de complots licencieux l’impliquant dans des affaires de mœurs.


Par la magie des images fabriquées et formatées de sauveur-fossoyeur économique de la planète, – celle de sauveur étant minutieusement portée au Prytanée et celle de fossoyeur étant jetée dans les tréfonds des oubliettes -, et véhiculées par les médias, Dominique Strauss-Kahn caracolait en tête de tous les sondages. Mais ses communicants d’Euro-RSCG n’ignoraient pas que, dans la réalité, le Fonds Monétaire International et son Directeur Général ne sont que des secrétaires permanents qui exécutent les ordres concoctés et édictés par le G20(7) se déclinant en G20 regroupant des chefs d’État et de gouvernement, G20 finance colligeant les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales et G20 sociaux, réunissant les ministres de l’emploi. En dehors des communiqués, bien peu de décisions concrètes sont prises et les pratiques de la finance mondiale favorisent les intérêts des grandes banques d’affaires et la fraude systématique. Les communicants ne mésestimaient pas que la crise mondiale pouvait faire s’effondrer les gestions économico-politiques de la zone euro, des États-Unis, du Japon et entraîner, dans la chute, les nations émergentes et, conséquemment, clouer au pilori le Fonds monétaire International et son Directeur Général et briser les espoirs présidentiables de leur patron-ami Dominique Strauss-Kahn. Pour pallier à ces aléas, il ont ainsi créé, par la personne de Dominique Strauss-Kahn et par la communication à outrance, jusqu’au bourrage de crâne planifié, une manipulation à laquelle se sont prêtés, de bonne grâce mais forcés, les journalistes, un « deus ex machina » capable de mener la France vers une hypothétique sortie de crise économique. Les français ont crû en cela mais pas le reste du monde car Dominique Strauss-Kahn, avant le 14 mai 2011 était quasi un inconnu même à New-York.


Et dans l’Affaire Nefassitou Diallo/Dominique Strauss-Kahn, le vrai scandale c’est celui d’EuroRSCG pour n’avoir pas su maitriser les « frasques », les « dragues lourdes » et la « complexité de sa vie sexuelle » de Dominique Strauss-Kahn comme ils l’auraient souhaité. Et le plausible « viol dans le parking » en France, – une femme à qui on aurait promis 500.000 ou un million d’euros pour inventer une telle histoire -, minutieusement programmé, avec l’Affaire de la suite 2806 du Sofitel de New-York, – aux Etats-Unis la monnaie est le dollar et ça ne s’est pas passé dans un parking -, le 14 mai 2011, les tenants et les aboutissants n’ayant point même tonalité ni même finalité ni même forme de justice, s’est dégonflé comme un ballon de baudruche… De fait, les communicants, avec leurs méthodes expéditives et mâchant tout le travail aux avocats Benjamin Brajman et William Taylor, ont été amenés à jouer les pompiers de service et à salir la vraie victime, Nafissatou Diallo, pour blanchir leur patron-ami.


Notes.


(1) « Plus pourri que moi, je meurs… Acte IV : Politiques, justice et think thanks 3. » du 17 Juillet 2011.

(2) « Affaire DSK : Le dossier médical de l’accusatrice est vide, selon l’avocat de Strauss-Kahn », 20 minutes.fr, rue 89, le Plus.Nouvelobs, l’Express, le Point, etc. etc. « Le 13 juillet 2011, lors d’une conférence de presse, l’avocat de Dominique Strauss-Kahn, William Taylor, a affirmé que le dossier médical de la femme de chambre était « vide », assurant notamment qu’il n’y avait aucune preuve concernant ses blessures. »

(3) « Rapport médical de Nafissatou Diallo: Cause des blessures: viol », Philippe Coste, l’Express du 16 Aoît 2011. « L’Express a consulté le document établi par l’hôpital new-yorkais qui a examiné la femme de chambre qui accuse Dominique Strauss-Kahn de viol. Les principales conclusions…. La dernière page du rapport médical comporte un schéma de la zone vaginale de la victime, un élément standard des formulaires de ce type. La partie inférieure du vagin de la patiente, la fourchette postérieure, est hachurée au crayon pour marquer l’emplacement d’un traumatisme. A droite sur la page, le praticien a inscrit au stylo rouge rougeur sur la fourchette. Il précise encore la localisation : 5 and 7 o’clock. Entre 5 et 7 heures, comme sur le cadran d’une montre. Le reste du feuillet est occupé par une check-list de la zone vaginale de Nafissatou Diallo, requise pour toutes les victimes de viol. Seule la ligne consacrée à la fourchette postérieure comporte un commentaire: Trauma. Le rapport conclut : Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression. Viol. »

(4) « Les spin doctors de DSK et Le Monde », Arrêt sur image du 20 mai 2011.

(5) Julien Dray, « La bande des quatre de DSK. Au sein du Parti socialiste, certains les appellent la firme… Dirigeants d’Euro RSCG, ils sont les communicants-amis du patron du FMI. »

(6) Introduit par Dominique Strauss-Kahn, Euro-RSCG s’occupe de la communication, pour l’Europe et l’Afrique, du Fonds Monétaire International.

(7) Le Groupe des 20, – ou G20 -, est un groupe de 19 pays plus l’Union Européenne dont les ministres, les chefs des banques centrales et les chefs d’États se réunissent régulièrement. Il a été créé en 1999, après la succession de crises financières dans les années 1990. Il vise à favoriser la concertation internationale, en intégrant le principe d’un dialogue élargi tenant compte du poids économique croissant pris par un certain nombre de pays. Le G20 représente 85 % du commerce mondial, les deux tiers de la population mondiale et plus de 90 % du produit mondial brut, – somme des PIB de tous les pays du monde -.

 

Suite de l’article : « Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XVIII : Politiques, justice et communicants 7

 

Précédents articles concernant le même sujet :

« Plus pourri que moi, je meurs… »

« Plus pourri que moi, je meurs… » Acte II : Les politiques, la justice et les think thanks 1.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte III : Les politiques, la justice et les think thanks 2.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IV : Les politiques, la justice et les think thanks 3.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte V : Les politiques, la justice et les think thanks 4.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VI : Femmes, vieilles affaires et communicants 1

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VII : Femmes, vieilles affaires et communicants 2

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VIII : Femmes, vieilles affaires et communicants 3

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IX : Femmes, vieilles affaires et communicants 4

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte X : Femmes, vieilles affaires et communicants 5

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XI : Femmes, vieilles affaires et communicants 6

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XII : Politiques, justice et communicants 1

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XIII : Politiques, justice et communicants 2

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XIV : Politiques, justice et communicants 3

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XV : Politiques, justice et communicants 4

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XVI : Politiques, justice et communicants 5