Plongées au coeur du nazisme.

 "DANS LE JARDIN DE LA BÊTE"

Éditions du Cherche Midi ( 642 pages). Août 2012

D’entrée, l’auteur, journaliste américain par ailleurs, nous précise son propos: "Ceci n’est pas une œuvre de fiction. Comme il se doit, tout passage entre guillemets  est extrait  d’une lettre, d’un journal intime, de mémoires ou d’un autre document historique. Je n’ai pas cherché dans ces pages  à décrire une fois de plus l’histoire de cette époque. Mon objectif est plus intime: approcher ce monde disparu par le biais du vécu et des perceptions  de mes deux sujets principaux, le père et la fille [l’Ambassadeur Américain et sa fille] qui, dès leur arrivée à Berlin , ont entrepris un voyage plein de découvertes et de transformations, pour finir le cœur brisé."

Je n’ai pas trouvé cet exercice très convaincant. Au bout de quelques lignes seulement, on ne sait plus si l’on est dans un documentaire historique ou un roman.

Et puis le système des notes est particulièrement désagréable. Il faut sans cesse se reporter aux pages 551 à 622 pour en prendre connaissance…. Le système habituel des "notes de bas de page" aurait été plus commode.

Il faut avoir lu plus de la moitié du livre pour réellement entrer dans le récit…..

Ce livre aurait pu être beaucoup plus court. Vu le sujet, on a quand même pas grand intérêt à connaitre la décoration des pièces, les plans de tables des banquets ou encore les noms des fleurs dans les vases….

Mais au final, malgré ces défauts, ce livre n’est pas inintéressant. Il commence en 1933, avec l’arrivée à Berlin du nouvel Ambassadeur, William E. Dodd.

On y trouve une description détaillée de l’attitude des États-Unis face à la montée d’ Hitler.

Le Président Roosevelt et le Département d’État ferment les yeux sur la persécution commençante des Juifs et ne réagissent même pas lorsque des citoyens américains sont violemment molestés, en pleine rue, par les fanatiques des tristement célèbres SA, les Sections d’ Assaut.

A l’époque les USA sont surtout préoccupés de recouvrer la dette allemande qui leur revient des suites de la première guerre. Il ne faut donc pas froisser le Chancelier Hitler et son gouvernement….

L’ Ambassadeur Dodd ne parait d’ailleurs pas à la hauteur de la situation. Il a même un petit fond antisémite, tout comme de nombreux hauts-fonctionnaires du Département d’État….

Quant à sa fille, Martha, mariée, âgée de 24 ans, elle mène une vie de patachon, multiplie les amants, parfois plusieurs à la fois… et tombe quasi simultanément dans les bras du premier Chef de la Gestapo, Rudolf Diels et d’un attaché d’ambassade soviétique, Boris Winogradov, par ailleurs espion du NKVD, ancêtre du KGB.

Alors que les États-Unis n’ont pas encore reconnu l’URSS, ça fait un peu désordre….

On se retrouve également plongé dans le procès stalinien (!) des présumés incendiaires du Reichstag ainsi que dans la "Nuit des longs couteaux", véritable assassinat programmé des membres des SA et autre dignitaires nazis (sans compter les fusillés par erreur….) ordonné par Hitler en personne, opération désignée du doux nom de "colibri"….

On a beau tout savoir des Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich, Hermann Göring, Joseph Goebbels et autres, comme l’oublié Von Papen, les portraits de ces "éminences" font froid dans le dos !

Le quasi moribond Président du Reich,  Hindenburg, est pathétique.

A la suite de la "Nuit des longs couteaux" l’Ambassadeur Dodd va radicalement changer de position. Sa fille Martha également.

Il va s’en suivre de nombreux rebondissements que je ne vais pas vous raconter.

Finalement, ce livre, difficile a lire, a le grand mérite de remettre en lumière la mesquinerie et la faiblesse des États-Unis d’Amérique et la lâcheté des voisins européens de l’Allemagne, leur aveuglement à tous, lors de la montée en puissance de l’hitlérisme.

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"EDELWEISS"

Robert Laffont (787 pages). 1994

Repris ensuite dans la collection Pocket

Cette fois, il s’agit bien d’un roman, qualité revendiquée sur la page de couverture.

Il s’agit de la saga de la famille autrichienne "von Burgheim".

Le Père,le comte Frédéric, Ministre des Affaires étrangères autrichien, qui finira par commettre un attentat à la bombe contre Hitler.

La fille, Marietta, qui pendant ses études à Munich, rejoint le groupe "Edelweiss", organisation étudiante antinazie. Se retrouvera en camp de concentration. S’en échappera et prendra le maquis

Louis, son frère, qui va se retrouver sur le front de Russie.

Hugo, leur demi-frère, brute épaisse, qui va devenir Colonel SS. Qui fera toutes les saloperies possibles contre les membres de sa belle-famille pour la détruire.

Ingrid, la cousine, qui, par jalousie, deviendra une espionne pour le compte d’ Hugo.

Mais aussi,

Bill, journaliste américain en Allemagne, qui finira agent secret des Services de Sa Gracieuse Majesté.

Jan, Chauffeur du Comte, qui se révèlera être un espion soviétique.

Et bien d’autres encore.

Ce roman, aux personnages fictifs, raconte en détails les véritables idées, actes et courage de ceux qui s’opposèrent aux nazis. En hommage, en quelque sorte, à ceux qui en périrent.

Assorti de plusieurs histoires d’amour, notamment entre Marietta et Bill, ce roman est palpitant, envoûtant même. Au point de vous emmener loin dans la nuit même si vous comprenez que vous n’en finirez pas la lecture avant le lever du soleil…

Après toutes les horreurs qu’il a commises, la fin, toute aussi horrible d’ Hugo vous met du baume au cœur après la nausée provoquée par ses agissements.

Lorsque la lecture de ces presque huit cents pages est terminée, vous mettez plusieurs jours à vous en remettre, tant cette fiction ressemble à s’y méprendre aux tragiques réalités de cette dramatique période.