l’invasion de la France, l’exode

J’avais 11 ans et l’école était en fin d’année scolaire mais aussi en pleine interrogation, nos maîtres en attente de quelque chose montraient de l’inquiétude, c’était un peu comme si nous étions perdus, on sentait les Allemands présents. Les bruits couraient, «ils sont aux portes de Paris», ils vont arriver. A la maison, dans notre deux pièces de location, mon père qui était parti prendre des informations à son Entreprise de maçonnerie rentre, et nous dit, il faut partir, rejoindre mon frère à Malakoff. Il dit à ma mère fait les valises, on s’en va. Alors avec elle, dans ce que nous avions, deux sacs à provisions et deux vieilles valises, nous rassemblons nos vêtements et papiers, le peu d’argent qui nous restait, et nous sommes partis pour Malakoff, c’était déjà une aventure de traverser Paris. Dans notre immeuble, je crois que nous avons été les seuls à s’engager, la concierge nous disait, ne partez pas on ne vous fera rien. Mon père qui nous avait fraîchement naturalisés Français avait peur de représailles, l’Italie venait de déclarer la guerre à la France le 10 juin. Arrivés à l’Entreprise «Albaric», qui existe encore d’ailleurs, je retrouve mes cousins, mon oncle et ma tante arrivés avant nous, qui nous attendaient. Mon père, en pleine discussions, part chercher dans le fond du garage une voiture à bras, et nous y installons nos bagages, ma mère et ma tante qui était attendait un enfant, dans la charrette, et nous, mes trois cousins, mon oncle mon père et moi, nous sommes partis sans savoir jusqu’où nous irons sur cette nationale 20 en direction d’Orléans. Il faut dire que le temps était beau comme si le ciel voulait nous préserver d’un quelconque cataclysme. Au fur et à mesure que nous marchions, la route se remplissait de voitures à bras, de charrettes, de voitures à moteur, de bicyclettes, de marcheurs, et c’est sur toute sa largeur que cette file hétéroclite avançait.

Cette transhumance du malheur avait commencée dès l’invasion de la Belgique en mai 40 jettant sur les routes des familles Belges, deux millions de personnes, et Françaises du Nord, deux millions de personnes également dès mai 1940, dans un chaos hétéroclite de piétons et de véhicules de toutes sortes, gênant le déplacement des troupes alliées. Un grand nombre de «réfugiés» se heurteront, à partir du 20 mai à la tenaille de l’armée Allemande dans sa marche à la mer, qui leur coupa l’accès au Sud du pays.

En juin, cette population gonfle celle de l’Île de France en transhumance aussi sur les routes ce qui montrait l’aspect de tout un peuple fuyant l’ennemi. Il était inutile de vouloir prendre le train, nous étions trop nombreux, des bagarres eurent lieu dans les gares pour prendre les trains de voyageurs et fuir Paris, et même les trains à bestiaux étaient pleins. Nous, avec mes cousins, sur cette nationale insouciant du danger c’était un instant de liberté, nous fraternisions avec d’autres enfants, nos pères poussant la charrette. Je me souviens de mon père qui portait sur son dos un sac maintenu avec des cordes de maçon celles avec lesquelles on fixe les éléments d’échafaudages, elles lui pénétraient dans la peau du creux des épaules, nous n’avions pas de sac à dos.

Nous marchâmes comme cela, dormant à la belle étoile, encadrés par la police jusqu’à Orléans, je crois. Et puis, on nous fit prendre le train dans des wagons découverts, et ainsi, nous avons longés les bords de la Loire non sans avoir été mitraillés par l’aviation Italienne. Je me rappelle ce soldat qui était perdu, avec son fusil, avec nous dans le même convoi. Il nous racontait ce qu’il avait vécu, la débâcle de notre armée, on ne lui avait donné qu’une cartouche pour combattre ? Notre train qui roulait lentement, s’arrêtait souvent, et subitement il a augmenté sa vitesse pour passer la Loire avant que les ponts sautent.

Nous avons traversé la Loire à Saint-Pierre-des-Corps et là en gare nous nous sommes arrêtés à coté de trains mitraillés, percés de trous, avec des soldats ensanglantés gisant sur les banquettes. Vision qui m’ait restée 70 ans après dans ma mémoire. Après avoir changé de train pour des wagons de voyageurs, nous sommes partis lentement en direction du sud jusqu’à Château-Chinon. Là, notre voyage s’est arrêté à la sortie du tunnel ferroviaire, et nous avons été parqués sur une voie latérale près d’un ruisseau, nous y sommes resté jusqu’à l’arrivée des Allemands que j’aperçus sortant du tunnel, je ne saurais dire combien de jours, mais au moins plus d’une une semaine. Nous sommes restés quelque temps encore à vivre dans ces wagons les uns à coté des autres et la vie s’organisait tant bien que mal jusqu’à ce que l’on nous évacue par un autre train en direction de Paris.

Entre temps Paris avait été déclaré ville ouverte, et sans difficulté nous avons retrouvé notre logement, mais jouxtant notre immeuble des Allemands s’étaient installés dans la ferme, et une batterie de DCA avait été montée un peu plus loin dans le square.

Paris ville ouverte

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C’est l’été, ou peut-être le début de l’automne 1940. L’Allemagne vient de gagner la bataille de France. Ses soldats arpentent les rues parisiennes à la recherche de souvenirs, de bonne chère, voire de bonnes aventures. Conformément à la consigne de leurs chefs, «montrez-vous débonnaires», ces hommes de la Wehrmacht semblent chercher à se fondre dans le paysage montmartrois. Mais les photos ne disent pas tout. Comment interpréter l’attitude des deux femmes qui promènent leur chien, indifférence, mépris, complaisance ? (ECPAD), Le Figaro.fr «les archives oubliées de la Wehrmacht»

Note du général Hering rédigée le 14 juin 1940 deux jours après avoir quitté ses fonctions de Gouverneur militaire de la ville de Paris pour prendre le commandement de l’Armée de Paris. Tout est dit, très clairement, sur la confusion qui régnait dans la capitale suite aux directives contradictoires du gouvernement de M. Paul REYNAUD, démissionnaire. Fallait-il défendre la capitale, ce à quoi s’était préparé le général Héring, ou déclarer Paris "ville ouverte" ce qui impliquait le maintien de la population sur place? Le gouvernement, pris de court, hésita jusqu’au 12 Juin, date où Paris fut déclaré "ville ouverte". A l’exemple des membres du gouvernement qui témoignaient d’un sens des responsabilités ambïgu en fuyant la capitale, la population, prise de panique, fit de même, encombrant les axes routiers vers le sud, gênant considérablement les mouvements de défense de l’Armée de Paris, référence Les enseignements de la seconde guerre mondiale.

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Ainsi a démarré pendant près de quatre années l’occupation Allemande.

Quelques vidéos montrant l’exode en mai 1940

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http://www.dailymotion.com/video/xd631v_mai-40-les-enfants-de-l-exode-3_webcam

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http://www.dailymotion.com/video/xd646g_mai-40-les-enfants-de-l-exode-5_webcam

http://www.dailymotion.com/video/xd662r_mai-40-les-enfants-de-l-exode-6_webcam

http://www.dailymotion.com/video/xd67bv_mai-40-les-enfants-de-l-exode-7-et_webcam

La suite 33 sera les derniers jours jusqu’à l’armistice,

Référence,

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.lefigaro.fr/medias/2008/05/02/20080502PHOWWW00186.jpg&imgrefurl=http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/05/02/01006-20080502DIAWWW00409-les-archives-oubliees-de-la-wehrmacht.php&h=320&w=483&sz=21&tbnid=nxNKHGEboC4VOM:&tbnh=85&tbnw=129&prev=/images%3Fq%3DP%25C3%25A4ris%2Bville%2Bouverte%2Bphotos&zoom=1&q=P%C3%A4ris+ville+ouverte+photos&usg=__QmajO9WJAqcGMctDz31-xxL0CZ4=&sa=X&ei=ZyA9TaTuK8238gOLoMXECA&ved=0CB8Q9QEwAA
http://www.generalhering.org/index.php/Clarification-et-commentaires/Une-maison-sans-maitre-n-est-guere-respectee-Note-du-14-Juin.html