En août prochain, France Télévisions accueillera un nouveau PDG. Une place très importante dans le paysage audiovisuel français (PAF) et donc forcément très convoitée. Si l’actuel PDG Rémy Pflimlin n’a pas encore fait acte de candidature, ce qui retient le plus l’attention, pour le moment, c’est le mode de désignation qui vient d’être choisi par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Seul maître à bord, le CSA prend une voie intéressante, mais risquée.

 

 

La prochaine nomination du PDG de France Télévisions empruntera donc un chemin différent de celle du PDG de Radio France, Mathieu Gallet. Ce dernier avait été nommé début 2014 en toute transparence après le passage de la loi de novembre 2013 donnant le pouvoir de nomination au seul CSA.  Exercé en toute transparence, ce pouvoir avait fait le bonheur de Mathieu Gallet, lequel fait aujourd’hui les beaux jours de Radio France. Un cercle vertueux qui pourrait ne pas se reproduire au regard du nouveau système de nomination mis en place par le CSA.
 
« Transparence, égalité et protection »
C’est ainsi que le président du CSA, Olivier Schrameck, résume la procédure décidée début février qui s’appliquera à France Télévisions. Un triptyque vendeur mais plus compliqué qu’il n’y paraît. Tout d’abord la transparence. Point le plus critiqué, le principe de transparence est en net recul car c’est le seul Conseil supérieur de l’audiovisuel qui « établira un liste restreinte de candidats » qui seront auditionnés. Mais leur nom ne sera pas rendu public si un des candidats s’y oppose. Une nomination qui a, dans les faits, toutes les chances de se faire à l’abri des regards dans la mesure où au moins un des candidats en présence exigera que la liste ne soit pas rendue publique. Un vrai pas en arrière par rapport à ce qui s’est passé l’année dernière pour Radio France.
 
Pour justifier ce recul, Olivier Schrameck explique qu’il s’agit d’une mesure de protection pour tous les candidats intéressés mais qui hésitent à se déclarer par peur de se faire mal voir par leur employeur. Le cas d’Alexandre Bompard, invité à quitter ses fonctions à Europe 1 après avoir brigué sans succès le poste de PDG de France Télévisions en 2010 est resté dans tous les esprits. Mais un cas isolé doit-il édicter une règle générale qui revient sur le principe de la transparence ? Quant à l’égalité de traitement, les décisions se faisant sans publicité, il sera mal aisé de l’évaluer.
 
De nombreuses candidatures potentielles.  Et  bientôt officielles?
 
En attendant le 1er avril et la divulgation des noms des candidats (si aucun ne s’oppose à rendre public la liste), beaucoup de personnalités sont dans les starting blocks pour remporter le gros lot. Certains démentent  (Rodolphe Belmer, Denis Olivennes, Christopher Baldelli), d’autres ne font aucun commentaire (Delphine Ernotte, Marie-Christine Saragosse, etc), alors qu’une minorité ne cache pas de s’intéresser à la question (Christophe Beaux, Alexandre Michelin). Quel successeur à Rémy Pflimlin ? Rémy Pflimlin lui-même ? Possible, mais peu probable car il ne serait pas dans les petits papiers du président du CSA et même du Président de la République qui, bien qu’il s’en défende, garde un œil sur toute cette affaire.
 
Faut –il un nom connu du grand public ou faire le pari (pour l’instant gagnant) qui a été fait pour Radio France en sélectionnant un homme neuf qui connaît le monde de l’audiovisuel, mais aussi les contraintes de la concurrence du privé. A cet égard un patron de chaîne (actuel ou passé) s’inscrirait dans ce schéma. Un Denis Olivennes (Europe 1) dont le nom circule beaucoup malgré ses démentis a des chances réelles à moins qu’un leader au nom moins ronflant et pas marqué politiquement ne fasse l’objet d’un consensus. Un homme aux idées neuves qui répondrait aux nouveaux défis de France Télévisions (publicité, concurrence accrue, supports digitaux, etc) et qui aurait des qualités de gestionnaire et de dialogue social pour réussir en douceur l’indispensable transformation du groupe audiovisuel. La décision finale revient au CSA – en toute transparence espérons-le.