Nous vivons un jour historique. Ce 6 mai 2012 est un grand soir pour l’Europe. Je ne parle pas de cette futile élection d’un incompétent, victorieux de peu face à un président sortant au bilan catastrophique.
Compte tenu des 5 années passées, compte tenu des choix incohérents, absurdes de ce gouvernement, avec le résultat que l’on connaît, le président sortant aurait dû être balayé dès le premier tour. Cela n’a pas été le cas, ce qui signifie que l’opposition n’a pas été et n’est pas brillante.

Cet évènement sans importance ne mérite guère plus que ces quelques lignes, pas assez pour faire un article, du moins aux yeux de la rédaction de C4N.

Le 6 mai est bien historique, maisl’évènement majeur ne se déroule pas en France.

Ce qui restera dans l’histoire comme la victoire du 6 mai 2012, c’est la première victoire du peuple Grec face au capitalisme. La propagande des médias Français, qui insiste sur l’arrivée de l’extrême droite au parlement (avec 5.5-7.5% des suffrages) ne saurait masquer le succès du peuple, dont je vous donne ici un aperçu :

ND (conservateurs, équivalent de l’UMP) 16%-19%,
Syriza (Gauche, équivalent du NPA) 15.5%-17%,
Pasok (Socialistes) 15%-18%,
Grecs Independants (Droite populiste et nationaliste, anti-austérité) 10%-12%,
Communistes 8,5%-10%,
Aube dorée (extrême droite) 5,5%-7,5%,
Gauche Dem (Dissidents du Syriza, moins à Gauche que ce dernier) 4,5%-6,5%.

En France, alors que le chômage n’est qu’à 10%, que la crise ne nous a encore que peu frappé, alors que le plus dur est à venir, le peuple a déjà cédé à la panique, à la haine de l’immigré, l’extrême droite frôle déjà les 20%.
En Grèce, malgré la débâcle générale de l’économie, un taux de chômage au delà des 20%, des baisses générales de salaire et de pension de retraite, les Grecs ont su garder l’objectivité et le sang froid qui s’imposait, ils sont restés conscients du fait que l’immigré n’était aucunement responsable du désastre, et qu’intaller des barrages de mines aux frontières ne servirait qu’à aggraver davantage le déficit en plus de se rendre coupable de crime contre l’humanité.
Dans ce qui est ce soir le pays de la raison, l’extrême droite, malgré ses tentatives d’intimidation dans les bureaux de vote, ne dépasse pas les 7.5%. Presque trois fois moins qu’en France.

Mais aujourd’hui, le peuple Grec n’a pas simplement évité la défaite face aux néo-nazis de l’Aube Dorée. Elle a aussi remportée une éclatante victoire. Une victoire sur les partis institutionnels, à la solde du capital. Le Pasok a connu une véritable saignée : il passe de 36% en 2009 à 1% aujourd’hui. Nouvelle Démocratie passe quand à elle de 32% à moins de 20%.
Le cartel ND-Pasok en était déjà reduit à former une pitoyable coalition d’union nationale pour conserver le pouvoir. Cela ne suffira plus. Pour s’accrocher encore au pouvoir, ils devront composer avec le partis anti-austérité de droite nouvellement créé, les seules voix du Pasok et du ND ne suffisant pas.

La victoire historique de la vraie gauche, celle qui ne s’excuse pas d’être de Gauche, pourrait permettre au peuple Grec d’échapper à la politique désastreuse imposée par les puissances du capital. Car même si les soi-disant ennemis d’hier parviennent à s’entendre pour former un gouvernement, ils devront compter avec la forte présence de l’extrême gauche au parlement, laquelle n’hésitera pas à appeler à la grève.