Fru Ndi: un retraité ?

Bien que le Cameroun compte à ce jour près de 300 formations politiques, il est difficile dans les faits de parler de démocratie au pays de Paul Biya.

A chaque consultation électorale, c’est pratiquement la ruée ; avec quelques fois des candidats dont les militants ne peuvent faire le plein d’une cabine téléphonique. A l’occasion de la présidentielle 2011 par exemple, Elections Cameroon (ELECAM) a jugé recevable 23 candidatures sur la cinquantaine de dossiers de candidatures qui lui était soumise. Un chiffre plutôt étonnant, dans un pays de moins de 20 millions d’habitants !

Le fait c’est qu’en regardant de près, on se rend très vite compte que cette multitude de candidatures résulte non pas de l’enthousiasme politique ou encore moins de la maturité politique des camerounais, mais plutôt de la recherche du gain personnel qui caractérise l’homme politique camerounais. Sinon,  comment comprendre que des opposants sérieux ne puissent pas –  à l’occasion d’un scrutin à un seul tour et face à un président au pouvoir depuis trente ans  –   unir  leurs forces autour d’une candidature unique ? Une initiative qui aurait sans doute – en dépit de la fraude qui est souvent à tort ou à raison attribuée au pouvoir en place- mis en difficulté le parti de Paul Biya. 

Mais, les ténors de l’opposition camerounaise et surtout Ni John Fru Ndi qui reste quoi que l’on pense le leader de l’opposition camerounaise, n’ont pas pu rassembler autour d’eux la nouvelle classe politique. Ils ont attendu la proclamation des résultats, pour mettre sur pied ce qu’ils ont appelé « G7 », juste pour contester lesdits résultats. Une véritable fuite vers l’avant.  Un « G7 » qui s’est même disloqué tout récemment. Suite au départ de certains de ses membres.

Comme presque toutes les oppositions africaines, les opposants camerounais peinent donc jusqu’ici à s’unir au sein d’une coalition. Un échec qui résulte de l’absence d’un véritable leader capable de reléguer au second rang ses ambitions personnelles, au profit de celles du peuple. Au Cameroun, ce rôle aurait pu être  joué par Ni John Fru Ndi, le chairman du Social Démocratic Front, le plus grand parti d’opposition au Cameroun. Mais, ce dernier, bien que conscient de son impopularité au sein de « son » parti s’accroche, et n’hésite pas à écarter les éventuelles militants « zélés » qui tentent de lorgner son siège de président à vie. Une attitude antidémocratique et même irresponsable qui a fait perdre à ce grand parti depuis quelques années toute sa crédibilité. En attendant l’émergence d’un nouveau leader de l’opposition au Cameroun pouvant réussir ce pari, les camerounais doivent continuer de subir l’hyperdomination du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais de Paul Biya.