A lire la presse, à écouter la radio on croirait qu'il ne se passe rien au Sénégal. Les médias sont remplis des querelles dérisoires de députés qui conscients de leur inutilité se font mousser comme ils peuvent, de révélations qui n'en sont pas sur les énormes besoins d'argent de l'état, des prétentions du p'tit Wade a se trouver coûte que coûte un marche pieds pour accéder à la présidence… Tout cela concerne au mieux 800 ou 1 000 personnes.

Reste presque 12 millions de sénégalais qui vivent, travaillent ou au moins essayent, qui voient les réserves alimentaires toucher à leur fin, les récoltes qui s'annoncent pas trop terribles cette année. Bien qu'en réalité une bonne récolte n'a jamais rendu un paysan sénégalais riche.

La vie du Sénégal semble n'être faite que par et pour quelques centaines de personnes : politiques, professionnels des médias, intellectuels alimentaires, politiciens casse croutes…

Ils se reconnaissent entre eux, se font leur petite vie entre eux, ne parlent que de ce qui les intéressent. A croire que les sénégalais n'existent que pour justifier la mendicité institutionnelle destinée à remplir les caisses de l'état. Caisses dont ils se partagent ensuite le contenu.

Quoiqu'ils en disent, ce petit monde n'a qu'un mépris profond pour le sénégalais de base, celui qui n'est ni militant, ni marabout, ni notable ! ni susceptible de faire un petit cadeau pour décrocher un marché. Environ 90 % de la population.

Ce petit monde considère le peuple comme trop inculte, trop arriéré, pas assez diplomé pour comprendre quoi que ce soit y compris ce qui le concerne. Bien sûr que notre peuple est inculte (l'inculture se retrouve aussi bien chez les analphabètes que chez les diplomés), pas assez diplomé, arriéré. C'est vrai.

Mais ce peuple aussi impuissant soit-il doit bien disposer de quelques ressources cachées pour avoir réussi à survivre en dépit du traitement que lui ont réservé les gouvernements depuis l'indépendance et les colons avant celle-ci. Il doit bien posséder quelque capacité d'adaptation, quelque obstination à ne pas mourir pour avoir réussi à survivre.

Plutôt que de mépriser ces réelles capacités, certes empiriques, ne faudrait-il pas les utiliser ? Détourner l'énergie pour la survie en énergie de développement ?

Il est certain que cela demanderait quelques compétences à nos politiques, quelques intérêts pour le sort de leurs compatriotes, quelques suites dans les idées… Il faudrait que tout ce beau monde sache parler au peuple, pas pour le tromper, ça les politiciens savent déjà faire, mais pour l'aider à se prendre en charge, pour lui montrer le chemin du développement, chemin qui commence par changer une partie de l'homme. C'est pas gagné !

Si les membres de cette clique, dont la majorité jouent aux hommes (femmes) pieux (ses), pouvaient se rappeler que Dieu ne les jugera pas sur les biens qu'ils lègueront à leurs enfants mais sur les actes qu'ils auront ou non faits pour léguer à leurs enfants une terre plus juste et plus vivable pour tous.