Obama réélu, une logistique pragmatique

tenant compte de la démographie des minorités.

 

Document Le Monde.fr.

 

C’est le second président démocrate a obtenir deux mandats consécutifs avec Bill Clinton depuis 1945.

 

Support Wikipedia Quel est le fondement politique de cette réélection ? Une leçon de pragmatisme, l’Amérique n’est pas que blanche, et c’est par une politique sociale démocrate à l’Américaine, sur le libéralisme de l’argent qu’Obama l’a emporté. La victoire d’Obama est sans bavure, claire, sans recomptage des voix. Les Américains, c’est à dire les non blancs, du Texas et d’ailleurs, plus quelques uns pour faire une majorité veulent être gouvernés au centre. Bien sûr ce n’est pas la sociale démocratie à la Française, mais pour un pays vantant la réussite de la richesse, c’est énorme quand le chacun pour soi en est la culture. L’Amérique le pays ou il a le plus de milliardaires ! C’est un tournant mondial, la droite et l’ultra droite vaincues ! C’est la victoire de la classe moyenne, hispaniques, afro-américains, beaucoup de femmes, des jeunes, plus ouverte qui va de l’avant sur le sectarisme d’une droite conservatrice polarisée par l’électeur blanc. C’est un exemple pour l’Europe, pour la France, le monde change.

 

L’Amérique est multiraciale et l’importance des afro-américains et des hispaniques, des latinos à fait pencher l’élection pour Barack Obama. C’est la stratégie de l’Iowa inaugurée lors des primaires de 2008, augmenter la taille de l’électorat en incitant les minorités à aller voter. Le 05 novembre Obama ne sait pas encore qu’il a gagné, Jim Messina son directeur de campagne lui annonce que des bénévoles ont passés 125 millions d’appels. C’est l’effet du vote anticipé qui lui est favorable. Pour que Mitt Romney emporte l’élection il faudrait qu’il engrange 58 % des voix restantes dans le Névada et 59 % dans l’Iowa, impossible.

 

Obama avait été élu à la suite de Georges Bush qui laissa son pays dans un état d’endettement important, avec deux conflits militaires, qui pesaient sur les finances de l’État. Le chômage était élevé, l’industrie automobile moribonde, les gens de l’Ohio qui avaient perdu leur emplois s’en rappellent, et malgré l’opposition de la Chambre des représentants, il manœuvra dans une position d’équilibre au cours de son premier mandat. Ce qu’il faut retenir, de sa principale action, et qui ne fut pas une partie de plaisir, ce fut la mise en place de l’importante réforme du système de santé toujours combattue par les républicains.

 

Cette réforme il l’arracha au terme d’un combat de quatre années. Elle permit la création, au niveau fédéral, d’une «assurance santé universelle», sans pour autant imposer une couverture obligatoire à l’exception des enfants. Elle fut adoptée par la Chambre des représentants le 07 novembre 2009 par 220 voix contre 215 sur un texte remanié. Le sénat vota le projet de loi le 30 décembre 2009 par 60 voix contre 39, l’ensemble des démocrates et des indépendants votants «pour», tandis que votaient «contre» les républicains. Le 21 mars 2010, en dépit de sondages d’opinions défavorables, et d’une polarisation aggravée de la classe politique et des citoyens Américains, d’une popularité présidentielle en berne, et des réticences d’une partie des élus démocrates, le texte voté par le Sénat fut adopté tel quel par la Chambre des représentants par 219 voix contre 212, 178 républicains et 34 démocrates. Malgré cela, les républicains ne l’acceptèrent pas y voyant le pouvoir fédéral s’imposer par rapport aux États et aux citoyens. Le 28 juin 2012, les neufs juges de la Cour suprême ont maintenu le pouvoir du Congrès de taxer les citoyens. En vertu du texte ainsi adopté, la plupart des Américains auront l’obligation de s’assurer avant 2014, sous peine de se voir infliger des pénalités.

 

Cela faisait près d’un siècle que le Congrès débattait de cette question de la santé. Le président républicain Théodore Roosevelt en parlait déjà dans son programme, mais il fut battu à l’élection présidentielle Américaine de 1912 par le candidat démocrate Woodrow Wilson. En 1965, le président démocrate Lyndon Johnson avait promulgué le Medicare et le Medicaid, assurances pour les personnes âgées et pour les personnes pauvres, respectivement, après avoir rallié à lui la moitié des voix républicaines du Congrès. Le président démocrate Bill Clinton tenta lui-aussi de faire passer un projet ambitieux en 1993, mais échoua.

 

Sa réélection Obama la doit à cette réforme, ses électeurs ont voulu prolonger son mandat pour ne pas perdre ce qu’il avait obtenus et que Mitt Romney s’engageait à revoir, mais aussi à sa capacité de rassembler, et à son engagement lors de l’ouragan Sandy. Mais aussi au renouveau de l’industrie automobile, il n’y a qu’a écouter les gens de l’Ohio qui ont retrouvé un travail dans leurs usines. Plus jeune 51 ans plus décontracté que Mitt Romney 65 ans, il a montré sa classe de speaker et a bénéficié d’une équipe de campagne très disciplinée n’hésitant pas à faire du porte à porte. Cette victoire n’a, bien sûr, pas la portée de la première, mais elle apparaît pour lui comme une confirmation de sa politique et lui donne de l’assurance. C’est aussi une formidable revanche sur les républicains qui n’hésitèrent pas à relancer la polémique sur son lieu de naissance. Cette allusion se référençait aux critiques formulées en 2007 sur le fait qu’il ne serait pas né sur le sol des États-Unis. Les élans racistes des ultras conservateurs le contraignirent à publier durant la campagne son extrait de naissance, montrant ainsi qu’il était né le 4 août 1961 à Honolulu, capitale de l’État Américain d’Hawaï.

 

Barack Obama, élu avec 303 grands électeurs pour 206 à Mitt Romney n’en aura pas moins pour autant de grandes difficultés pour gouverner. La Chambre des représentants reste aux républicains même si des figures de proue du Tea Party comme Allen West en Floride, ont été battues. Par contre le sénat reste aux démocrates avec une position consolidée. Cette division entre les deux chambres du Congrès ne facilitera pas la gestion d’Obama d’autant plus que les affrontements pendant cette élection ont atteint un niveau non encore égalé.

 

C’est la raison pour laquelle il a lancé un appel aux républicains faisant référence aux principes fondateurs des États-Unis. Cette démarche est habille pour ressouder les Américains devant les difficultés sur le chômage et la dette. La réponse est désormais dans le camp des républicains. Tout dépendra de l’analyse qu’ils feront de leur défaite. S’ils considèrent qu’ils ont perdu par ce qu’ils n’ont pas assez «droitisé» leur discours, ce sera très difficile pour Obama. Si au contraire, ils concluent qu’ils doivent assouplir vers le centre, alors la cohabitation sera possible et l’impasse politique sera évitée. Mais aussi, ils doivent penser que dans quatre années il y aura une autre élection avec deux nouveaux candidats, Mitt Romney ne se présentant pas. Ils ont donc tout intérêt à adoucir leur politique afin d’éviter le blocage des institutions, ce que les Américains ne pardonneraient pas. Dans le cours terme Obama devra composer avec eux pour voir leurs réactions, il doit faire le premier pas.

 

Quelle leçon pour la France ? L’endettement Américain était plus important à la fin du mandat d’Obama que lors de sa prise de fonction. C’est la même configuration pour la France avec Sarkozy. Mitt Romney a joué la droitisation à l’extrême, c’est la même chose que Sarkozy. Mitt Romney a perdu comme Sarkozy. C’est une nouvelle orientation politique mondiale qui émerge.