Alors que le monde entier voit en Obama l'espoir d'une nouvelle ére, Dmitri Medvedev choisit de durcir le dialogue avec les Etats-Unis. Sous fond de crise des boucliers de défense anti-missile, le président russe annonce la construction d'un site dans l'enclave de Kalingrad.
Les relations entre les Etats-Unis et la Russie semblent être une fois de plus critiques. Après plusieurs années de débats houleux sur l’installation d’un troisième bouclier anti-missile sur le sol européen par l’armée américaine, Vladimir Poutine avait déjà haussé le ton. Sous couvert d’un protection contre la menace iranienne, cette structure relève également d’un symbole de méfiance fort à l’égard de l’ennemi d’hier. L’élection de Barack Obama ne devrait pas améliorer les choses. Le candidat fraîchement élu a en effet pris une position froide en ce qui concerne le dossier russe. Monsieur Medvedev a bien compris le message et le lui rend bien. Il a été l’un des derniers à féliciter le nouveau président, félicitations accompagnées de cette nouvelle.
Ce projet militaire est doté de deux composantes. La première consiste en l’installation d’un système de brouillage électronique et radar qui serait dirigé en direction des éventuelles constructions américaines. La deuxième comporte un site de lancement de missiles d’interception de type Iskander. La portée de ces armes pourrait atteindre 500km et ainsi aller jusqu’en Allemagne. Cette idée avait déjà été proposée par l’ancien ministre de la défense Sergueï Ivanov qui voyait là une réponse concrète à l’insistance du gouvernement Bush d’installer ses propres sites en Europe. Le président Medvedev a finalement choisi un discours dur, rejetant la responsabilité de cette escalade de l’armement sur les Etats-Unis, au même titre que la crise financière. La faute à une conduite « égoïste » et des prises de décisions « unilatérales ».
Cette décision des Russes a laissé la majorité des Etats européens dans l’incompréhension. L’Allemagne estime que M. Medvedev a mal choisit son moment pour durcir le dialogue. La Lituanie trouve « incompréhensible » la stratégie russe. Donal Tusk qualifie ce positionnement de « sans intérêt ». Les Européens ne savent comment accueillir cette nouvelle. Dmitri Medvedev a travaillé depuis son élection en mai 2007 à mettre en place une politique de sécurité européenne pour tous les pays or ces deux projets sont incompatibles. Il ruinerait ainsi de nombreux efforts dans un sens positif.
Il convient de se demander quel objectif poursuit le gouvernement Russe avec cette annonce. S’agît-il d’une manœuvre pour tester la force de Barack Obama, une tentative d’intimidation ou d’une manière de mesurer la patience du voisin européen. La Russie met la patience des diplomates de l’Union à rude épreuve depuis le mois d’août. Invasion de la Georgie, reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud et refus de retirer les troupes de ces deux régions ont constitué pour la diplomatie européenne un véritable défi. La politique de Medvedev semble consister en un rapport de force avec les anciens membres du bloc de l’ouest. Il affirme par ses choix diplomatiques, économiques et politiques que la Russie est de nouveau un acteur sur lequel il faut compter et qui a toute sa place dans les décisions internationales.
Dmitri Medvedev laisse malgré tout une ouverture en invitant le nouveau gouvernement américain à construire avec la Russie un « nouveau dialogue constructif sur la base de la confiance et de la prise en compte des intérêts de chacun ». Par ce message, le président russe souligne une fois encore la symbolique de méfiance qu’implique la construction des boucliers antimissiles en Europe et l’unilatéralité des décisions américaines.
En réponse, le président Bush a proposé de rouvrir le débat mais sans jamais remettre en question la construction de ces sites. Pour réinstaurer la confiance, il offre de mettre en place une politique de transparence en laissant un libre accès aux autorités russes à ces installations.