L’homme n’est jamais apparu aussi superbe qu’en ce début de 21e siècle, au regard de toutes les prouesses qu’il a accomplies depuis l’origine de son existence. Il a marché sur la lune, dompté la nature, façonné à sa guise son cadre de vie, réduit le monde en un petit village avec l’avènement du téléphone mobile et de l’internet. Il a élaboré des systèmes de pensées tels que la démocratie afin d’harmoniser la vie en société… Et si même dans sa marche interminable vers l’avenir, il n’est pas totalement rassuré, il n’a pas pour autant peur, convaincu que sa grande capacité à s’adapter et à transformer pourra jouer en sa faveur et lui faire prendre le dessus sur toute adversité.

Cependant, dans cette marche harassante où le commun des hommes est rangé à la queue leu-leu sur une piste rétrécie, il y a une catégorie d’individus qui tente de tirer toute la ligne vers le bas. Parmi eux, il y a ceux qui pensent que nous sommes trop nombreux pour réussir le pari de la survie de notre espèce. Ou encore que ce n’est pas normal que tout ce monde soit porté par la seule vision de l’occident.

 le manifeste du retour à l’état de nature

Alors il faut déséquilibrer la marche. A défaut de  pouvoir mener le monde vers leurs idéaux, il faut l’empêcher d’avancer. Mieux il faut nier tous ses acquis et l’infléchir à tout recommencer. Le mouvement islamiste Ansar  Eddine qui a pris le contrôle du Nord du Mali depuis plusieurs mois s’illustre dans tous les sens pour faire entendre ses sombres aspirations  dont la manifestation consiste dans le rejet systématique de tout ce qui vient de l’occident. Dès leur prise de contrôle de la localité, ils ont détruit tout ce qui symbolise le modernisme et la culture empruntée à  l’occident. Par l’application de la charia, une loi qui rappelle l’état sauvage que l’Homme a dû abandonner, ils ont fouetté en public  à cent coups chacun un jeune couple pour avoir eu un enfant hors mariage, le 20 juin dernier. Quelques semaines plus tard à  Gao, un autre groupe d’illuminés, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), amputait de sa main un jeune homme le 08 Aout pour cause de vol. Celui-ci succombera à ses blessures, et avec lui sa mère par infarctus. Des mausolées et bien d’autres richesses culturelles passeront au crible de la destruction acharnée par les islamistes. Bien d’autres gestes funestes et non des moindres sont à leur actif, alertant l’humanité de la réelle menace que constitue l’idéologie de la charia. Ce condensé de lois égocentriques et barbares basées sur l’islam dit radical est la manifestation la plus flagrante des velléités de retour à l’état de nature. L’homme a traversé le temps, mettant sans cesse en ouvre des stratégies pour répondre aux besoins de sa survie, se perfectionnant au fur et à mesure afin de vivre dans une société harmonisée. Laissant derrière lui les souvenirs d’un passé pas toujours glorieux, fait de guerre, de conquêtes injustes, de ségrégation raciale… Il a peut-être mécontenté par ses méthodes et fait chaviré par moment le modèle social qu’il s’est battu lui-même, mais il n’en reste pas moins que l’humanité ne s’est jamais aussi bien porté que lorsqu’elle a renoncé à la vie animal. Par ses préceptes la charia veut réinventer l’homme originel ; c’est-à-dire dépourvu de toute idée du mal, l’Homme –Dieu en quelque sorte, comme Adam et Eve naïfs et innocents dans le jardin d’Eden. Or, un tel Homme pour se faire doit être dépourvu de capacité de réflexion, de discernement, de tout génie de créativité et vivre de chasse et de cueillette, se vêtir de cache-sexe et s’abandonner aux intempéries de la nature. C’est un petit pas pour les mouvements islamiques, car dans leur entendement, les hommes peuvent accepter et mettre en pratiques les prescriptions qu’ils prônent sans problème. C’est-à-dire vivre en autarcie par rapport à soi-même en boudant les  désirs, les aspirations et toute initiative visant à l’épanouissement personnel. En un mot, renoncer à la liberté. Ce qui est un pas de géant pour l’humanité, un véritable bon vers un autre âge ; celui des pierres taillées. On ne peut pas marcher à reculons et espérer avancer. On ne peut pas vivre en contentant quelqu’un au détriment de soi, fut-elle cette personne un dieu. Et même s’il s’impose à nous comme c’est le cas en ce moment des habitants du Nord du Mali, il faut que nous ayons au moins tous nos membres au complet, que nos fesses ne soient pas couvertes d’hématomes, et que nos acquis ne subissent pas fureur d’une loi à laquelle on ne comprend rien. Aussi, faut-il qu’ils le sachent, l’Homme porte en lui l’idée de la perfection à laquelle il tend sans cesse. Et la charia est aux antipodes de cette perfection. Non merci, nous ne retournerons pas à l’état de nature.