A Bilma, l’extraction de sel est pratiquée depuis plusieurs années. 6000 personnes peuplent cette commune située dans la zone désertique du Nord du pays. Les populations qui vivent dans une zone désertique ne vivent quasiment que de l’extraction de sel. Ce sel est de deux sortes : le sel de cuisine et le sel à lécher pour les animaux.
Une habitante de cette commune a confié à l’Inter Press Service (IPS) que « l’extraction du sel est une activité séculaire ici », précisant : « j’ai trouvé mes grands-parents en train de l’exercer, mes parents ont pris la relève avant de me passer le flambeau, c’est notre principale source de revenu monétaire ».
Le capitaine Abdoulaye Soumana, directeur départemental de l’environnement à Bilma, inquiet, a déclaré à l’organisme : « si rien n’est fait pour protéger le site, cette activité d’extraction de sel disparaîtra un jour car le sable finira par tout engloutir » ; « quelques bassins d’extraction du sel sont déjà submergées, mais les autorités locales n’ont pas encore pleinement conscience de la menace, ce qui les intéresse, c’est l’argent généré par l’activité à la commune ».
Abba Marouma Elhadj Laouel, maire de Bilma, a abondé sur la nécessité locale de l’industrie saline : « le travail du sel est exercé par quasiment tous les ménages autochtones ».
Selon IPS, la production de sel peut s’élever au-dessus de 30000 tonnes par an à Bilma. Il est ensuite acheté par des caravaniers dans la plupart des cas, lesquels le revendent dans les régions situées au Sud du pays.
- Menace des grandes dunes de sable
Aujourd’hui, le site d’exploitation est menacé d’être englouti par de grandes dunes de sable du désert du Ténéré. Le constat est formel de la part des autorités communales et administratives. Si rien n’est entrepris pour éviter le pire, l’extraction de sel risque de disparaître.
A la menace géologique s’ajoute le manque d’infrastructures routières, qui entrave le développement de l’activité. Une habitante de Bilma a expliqué que « ce qui [les] handicape, c’est le manque de route qui fait qu’[ils] n’arriv[ent] pas à écouler [la] production de sel facilement et à un prix plus intéressant ». Pourtant, il n’y a pas une seule famille locale qui n’ait pas son propre bassin d’extraction.
Les conséquences seraient très lourdes pour la population qui vit grâce à ces ressources et à l’élevage, pour lequel le sel est un aliment nutritif important compte tenu de l’absence de végétaux dans cette zone désertique. En effet, comme en témoigne Oumarou Issaka, vétérinaire de Niamey, capitale du Niger, « le sel à lécher (pour bétail) de Bilma comporte des éléments nutritifs indispensables à la bonne croissance des animaux et améliore en même temps la qualité de leur viande ».
- Des pistes pour soutenir l’activité saline de Bilma
Denis Brown, représentante résidente du Programme alimentaire mondial (PAM) à Niamey, le sel de cuisine produit pourrait être intégré dans le programme des cantines scolaires que le PAM finance dans le pays. Elle a précisé à IPS : « nous sommes en train d’étudier comment racheter une certaine quantité de la production pour booster sa commercialisation, si elle répond évidemment aux normes sanitaires en matière d’iodation du sel recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ».
Cette initiative serait la bienvenue mais sera-t-elle suffisante ? Que faire pour lutter contre l’avancée désertique ?
Sources : mediaterre.org,fr.allafrica.com, Ips.org