La vidéo tourné par le "Parisien" a fait le tour du net : Nicolas Sarkozy au salon de l'agriculture sert des mains dans la foule puis croise un homme qui lui dit : "Ah non, touche moi pas, tu me salis", ce à quoi le chef de l'Etat répond en passant : "ben alors casse toi pauvre con". La vidéo a bien sûr suscité des commentaires de gauche à droite et bien sûr une flopée dans les média venant de tous les internautes possible. Au fond cette vidéo dans un autre contexte n'aurait peut-être pas fait tant de bruit. L'homme s'approche dans la foule et son propos est tout à fait désobligeant : on ne parle pas ainsi à qui que ce soit et le chef de l'Etat mérite tout de même un peu de respect. Il y a quelques mois encore une bonne partie des Français auraient peut-être défendu Nicolas Sarkozy, voyant dans sa réponse une anecdote un peu amusante, celle d'un président qui se lache, pour une fois. Mais l'état de grâce est fini et bien fini.


Le président "n'est plus dans son rôle", s'indigne François Hollande. Pour Robert Badinter, Il "ne doit pas se comporter comme n'importe quel citoyen", "on ne tombe pas dans le pugilat", Un président qui va "vers une foule anonyme, s'exposera inévitablement à des provocations, il le sait et il doit prévoir ce que sera son attitude" ajoute-t-il, tandis que Jean Marie Le Pen juge que le président aime les foules et que c'est une grave erreur, d'abord, parce que "Ça fait plus Tintin que de Gaulle" et puis "C'est une faiblesse, car le président n'est pas là pour être aimé", mais "obéi et respecté".

C'est peut-ëtre Jean-Marie Le Pen qui a raison sur ce point. Le Président doit savoir faire en sorte d'être respecté. Ce n'est pas la première algarade que subit le chef de l'Etat, déjà par le passé en visite chez les pécheurs, il avait répondu à un homme qui l'invectivait de loin plutôt que de passer tout simplement son chemin. Mais las! Les deux fois il a répondu de façon assez vulgaire, par des provocations qui donnent une mauvaise image de lui-même ainsi que de la fonction qu'il incarne. Un Président n'est pas aux affaires pour son propre ego, mais pour incarner un pays.

C'est une évidence : en mettant sa vie privée en avant, le chef de l'Etat désacralise sa fonction, ou encore en faisant des déclarations à l'emporte-pièce comme des lubies, en imposant le traité de Lisbonne, ou la mémoire de la Shoah à des enfants de CM2 , sans se soucier le moins du monde de ce qu'en pensent électeurs et parents d'élèves. Mais s'il impose aux Français, il donne l'impression pour lui-même de prendre du bon temps… Le gouvernement lui-même a une drôle d'allure : le garde des sceaux a deux frères en justice pour trafic de drogue, le secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, qui a tout l'air d'avoir été choisi pour incarner une diversité ethnique au plus haut niveau de l'Etat, se fait remarquer en taxant de raciste (le garde des sceaux l'auraient fait lui aussi )  ses opposants (voire aussi cette autre vidéo  , confondante!), le premier ministre est effacé et le président, élu sur un programme très à droite, sème la confusion en demandant des rapports à des personnalités de gauche et en choisissant des membres de gouvernement issus de la gauche.

Finalement, c'est un peu par démagogie que Nicolas Sarkozy se met à dos les électeurs. On ne peut contenter tout le monde et à présent les électeurs de gauche ne le ratent pas, tandis que les électeurs (et jusqu'aux élus…) de droite sont mécontents de son action illisible, teintée de rose. La repentance tant décriée revient par la petite porte, le pouvoir d'achat qu'on devait aller chercher est absent, les réformes se font dans tous les sens et sont contestées et contestables, plutôt illisibles bien souvent, comme lancées à la va-vite. Rien d'étonnant à ce que le président se trouve en chute libre dans les sondages. C'est un peu l'effet boomerang de sa médiatisation : il s'est servi des média et a passé la ligne blanche, à présent ce sont les média qui se servent de lui, en le filmant dans ses moments d'impulsivité, qui ne le mettent pas en valeur. La personne qui s'est adressée à lui au salon de l'agriculture doit bien rigoler derrière son écran… il suffit d'un si petit évènement pour mettre en valeur le mécontentement des électeurs.

Plus tard le Président a fait un discours plein de promesses aux paysans, évoquant l'Europe. Comme avec le pouvoir d'achat, il a annoncé que lorsque la France prendrait la présidence tournante (il n'en sera plus de même quand le traité de Lisbonne s'appliquera, un Président de l'Union sera choisi pour tous, avec une sorte de ministre des affaires étrangères européen), le chef d'Etat ferait ce qu'il faut pour les paysans, comme si encore une fois, l'on pouvait décréter au niveau européen quoi que ce soit pour les paysans français… qui ne semblent pas l'avoir cru véritablement…

Mais Nicolas Sarkozy, selon le Monde, entend ne rien changer

La vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=0tNdNxvmH-4