Ne me parlez plus de l’esprit de famille.

 

 

 

Nous pouvons penser qu’il n’y a rien de pire que la mort d’un être cher.
Hélas, je peux vous dire que c’est faux!
Ce qui touche  au monde des vivants est pire : j’en ai fait l’expérience ces derniers mois.

Il aura fallu la disparition de mon père pour que la fratrie s’écroule et montre sa véritable nature.
C’était une bombe à retardement dont je ne soupçonnais pas la réalité.
C’est fou ces certitudes qui nous bercent dans l’idée d’un avenir immuable dont la quiétude rime avec toujours!
Et pourtant…
Un jour, nous nous réveillons, terrassés par la disparition du dernier parent, du dernier du clan familial; ce pilier qui était la mémoire de ses enfants, mais aussi de ses petits-enfants et arrières-petits enfants.
Sa mort fut l’éclatement de ce garde-fous qu’il représentait.
En plus de perdre l’être aimé, la fratrie vous tombe dessus sans crier gare, sans bruit aucun.
On n’y croit pas!
On ne veut pas y croire!
Et la réalité est plus forte que tout. C’est comme si nous étions happés vers des profondeurs inconnues de nous, mais qui attendent le moment propice pour nous mener dans leur antre, parce que ce moment existe bien dans notre vie.
Brusquement, à la levée du rideau, les visages se dévoilent.
L’amour fraternel fait place à toutes les rancœurs, toute la jalousie, toute cette glu qui recouvre l’amour de l’autre, le tout enrobé d’une mielleuse hypocrisie comme je l’aime!
Je ne vous ferai pas part de tous les détails sordides qui relèvent du privé.
Je sais seulement que les aînés, après l’enterrement et après un bref "au revoir" sont retournés dans leur foyer respectif, me laissant livrée à moi-même pendant 5 mois, dans cette maison si grande et sans vie autre que la mienne.
A ce moment précis, j’avais besoin de la chaleur et du soutien des miens.
SILENCE RADIO…
Pas le moindre appel.
Les aînés sont partis vivre paisiblement leur période de repos (hé oui, les vacances étaient là), loin de tout, loin de moi.
Heureuses gens!!!
Aujourd’hui, un tel acte est pour moi synonyme d’abandon. Depuis cet épisode malheureux, j’ai conscience que je ne suis pas la seule dans ce cas précis.
Les langues se délient. Les chocs et les souffrances s’expriment librement.
Fallait-il que j’attende 61 ans pour comprendre que la famille est un leurre ?
J’aurais voulu qu’elle n’ait jamais existé et jamais pollué ma vie.
J’aurais voulu naître enfant unique.
Avant (comme cela me semble loin), même dans la discorde, la famille arborait une tenue certaine vis à vis de la société et de la cellule parentale.
De nos jours, elle n’est plus qu’un pauvre reflet de cette société pourrissante.
A quoi sert l’éducation si c’est pour apporter larmes et désolation ?
Depuis, je ne crois plus en grand chose et surtout plus à cette belle image d’une famille unie et aimante.
Je m’éloigne de plus en plus d’elle, par mesure de protection car je ne voudrais pas lui laisser l’opportunité joyeuse de me voir sombrer.
J’ai pu, dernièrement, rencontrer des personnes dont la générosité a bien failli me faire pleurer quelques fois.

Ils ont su, non pas effacer de ma mémoire la fratrie, mais de mon cœur qui peut enfin retrouver ses élans naturels.

Tant que nous rencontrerons de tels humains, le monde ne sera pas totalement perdu.

Quel espoir!

3 réflexions sur « Ne me parlez plus de l’esprit de famille. »

  1. « La charité du plus grand nombre se refroidira »
    c’est écrit qq part, Bootaboo.
    le règne de l’individualisme étatsunien gagne
    la planète entière…le sans foi ni loi.
    Tout est permis, pour « réussir ».
    Le concept de « surhomme » est une chimère.
    l’homme est un dieu déchu, en voulant croire
    celui qui a dit « vous serz comme des dieux ».
    retrouvera-ton la solidarité des Untermenschen
    de Metropolis ? Je pense que non .
    Voila mon diagnostic et l’ordonnance sera J.-C.

  2. Comme je compatis à votre peine Bootaboo. Comme vous avez du vivre protégée pour que la méchanceté de certaines gens ne vous apparaisse qu’après 61 ans. Au fond de moi je vous envie, je l’avoue. Toute jeune j’ai constaté, que dis–je, vécu dans ma chair que ,famille ou pas, les gens sont cruels, indifférents, égoïstes. Dans beaucoup de familles il y a de l’amour et du soutien, dans d’autres jalousies et cruauté. Ainsi va la vie.

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