Ouf, le Premier ministre belge et maire de Mons n’est pas au nombre des personnes impliquées dans le trafic financier dont son secrétaire communal se dit innocent car « victime d’escrocs ». Ce qui n’est pas du tout la thèse de l’accusation et si Pierre Urbain est encore libre, il le doit surtout à son état de santé. Le système fonctionnait en pyramide de Ponzi, popularisée par l’affaire Madoff aux États-Unis.
Promettre à tous des profits faramineux et ne les servir – un temps – aux premiers entrants dans la chaîne grâce aux apports des nouveaux venus, tel est le montage fort classique que proposaient Pierre Urbain et ses complices à des possédants et épargnants. L’affaire serait banale si Pierre Urbain n’était pas, depuis 2009, le secrétaire général de la mairie de Mons dont le bourgmestre, le premier magistrat, n’est autre que le Premier ministre belge, Elio Di Rupo.
Pierre Urbain, Bernard Poitvin et Jean-Christophe Lecomte, révèle La Libre Belgique, ont utilisé la luxembourgeoise Daro Invest et la société Le Crédit Borain ont servi de vitrine. En septembre 2005, Pierre Urbain était devenu administrateur de Daro Invest, collègue de Poitvin tandis que Lecomte est administrateur du Crédit Borain. Les trois hommes créaient (ou entraient) aussi dans des sociétés sises au Luxembourg ou à Panama (Urb et Neyod Development).
Les sociétés (ou plutôt leurs administrateurs) proposaient monts et merveilles, des rendements élevés, mais servaient surtout à l’enrichissement personnel des trois hommes.
Ils s’adressaient surtout à des particuliers et le procureur du Roi assure que la commune ou l’intercommunale n’ont pas placé des fonds dans le circuit.
Les inculpations visent la participation à une organisation criminelle, l’abus de confiance, diverses infractions dont des faux en écritures. L’affaire porte sur des montants de plusieurs millions d’euros. Les victimes seraient principalement des Belges, mais aussi des Tchèques, des Brésiliens qui se voyaient promettre des rendements de 15 à 20 %.
« Inculpé n’est pas coupable, j’ai ma conscience pour moi », a commenté Pierre Urbain. Il n’empêche que le code communal belge (dit de la démocratie locale) interdit aux fonctionnaires de se livrer à des activités commerciales extérieures à leurs prérogatives.
Alors que le domicile de Pierre Urbain avait été perquisitionné en 2010, les élus de Mons ont découvert l’affaire dans la presse. L’affaire a été dévoilée dans un premier temps par l’hebdomadaire Moustique le 5 mars dernier. Le secrétaire général sera entendu par les élus, le 22 mars prochain, dans le cadre d’une procédure de suspension après la tenue d’un conseil municipal à huis clos.
La Belgique avait été longtemps privée de gouvernement, la ville de Mons va sans doute devoir se priver un temps de son administrateur principal.