Metropolis, un film encore si parlant

 Mercredi ressortait dans certaines « bonnes » salles de France et de Navarre, un classique du cinéma réalisé par Fritz Lang, Metropolis.

M.Lang (rien à voir avec Jack) est né en Allemagne en 1890, de parents autrichiens, il commence à réaliser dans la jeune république de Weimar et continue sa carrière aux USA, pays dont il adopte la nationalité en 1935. Il réalisa de nombreux films cultes comme M, le Maudit ou encore Docteur Mabuse. Pour les réalisateurs de la Nouvelle Vague qui sévit dans les années 1960, Chabrol ou bien Godard, Lang est une semi divinité. Huit décennies et quatre années plus tard, le temps d’une vie humaine, Metropolis refait son apparition sur les toiles blanches, quand on dit que les films n’ont pas de vie et transcendent le commun des mortels. Ce monument de l’impressionnisme narre l’histoire d’une ville, la même qui donne son titre au film, dans cette cité, les sociétés ne se mêlent pas, les riches vivent dans l’opulence et l’oisiveté dans la ville haute, merveille pour les yeux, tandis que les pauvres grouillent dans la misère, la promiscuité, et se tuent au travail, dévorés littéralement par une machine démoniaque. Là, intervient Maria, jeune fille au cœur pur qui ne désire qu’une seule chose, la réunion de tous les citoyens de la ville. Clandestinement, elle fait monter des enfants d’ouvriers dans la grande ville afin de leur montrer les splendeurs qui peuplent les hautes rues. A ce moment, Fender, fils du dirigeant, tombe amoureux de Maria, qu’il poursuit jusque dans les bas-fonds. Sa naïveté en prend pour son grade et c’est dégouté qu’il remonte voir son père en souhaitant que la condition des travailleurs soit améliorée. Faisant mine de l’écouter, c’est plutôt inquiet qu’il va faire espionner son fils, de peur que sa chair le trahisse. Suivant que son cœur, Fender assiste en secret à des réunions où Maria annonce la venue prochaine d’un messie qui unira les peuples. Pour connaître la suite de cette fantastique romance, il faudra que vos pas vous mènent jusqu’à une salle obscure. Le film a peut-être perdu de son éclat face à des monstres comme Avatar mais, en son temps, c’était une très grosse production de plus de 7 millions de marks et réunissant des dizaines de milliers de figurants. Il a survécu mais pas sans mal, sa vie fut rythmé de haut et de bas, tout d’abord la femme de Fritz Lang modifia le scénario pour lui donner une orientation nazisante et non plus marxiste. Ensuite, il y a eu des tentatives ratées de colorisation et de mise au goût du jour en remplaçant la bande son originale par des groupes à la mode dans les années 1980. Puis, il fut mutilé, sur les 3h30 initiales, il ne restait plus que 1h30 mais grâce à de grands travaux de rénovations, à l’image de ceux que l’on peut opérer sur des tableaux, le film retrouva une nouvelle jeunesse. La nouvelle version remasterisée, et c’est le cas de le dire, fut projeté pour la première fois à l’opéra de Francfort et accompagné musicalement par un orchestre philarmonique, comme si on montait un joyau sur un bague en or. Même si le film est muet, il est parlant, encore aujourd’hui, ce fond de lutte des classes a laissé son empreinte, dans les arts comme le cinéma, Blade Runer, dans la bande dessinée, SuperMan, dans la musique, Pinkfloyd, dans les jeux vidéo, Bioshock ou Final Fantasy et puis, on s’en doute, aussi en politique, n’importe quel candidat à la présidentielle aimerait être ce messie tant attendu dont il est fait mention dans l’œuvre.