Histoire d’un chant

 Demain, une partie du monde sera les yeux rivés sur l’écran de télévision ou bien dans le stade ou encore devant des écrans géants pour suivre la finale de la Coupe du Monde de rugby lors d’un match opposant les terribles All Black aux surprenants français.

Comme d’habitude lors d’un match des néo-zélandais, un haka aura lieu, mais qu’est donc réellement cette danse chantée. Les caméras retransmettant la rencontre zoomeront sur leurs expressions faciales où yeux exorbités et langue tirée, les joueurs tout de noir vêtus scanderont cet hymne.

A l’origine le haka est une marque identitaire des peuples polynésiens, notamment des Maori, ce peuple autochtone  de Nouvelle-Zélande depuis le VIIIème siècle. Chaque tribu avait son haka, elle l’utilisait pour célébrer la bienvenue à des émissaires, pour déclarer la guerre ou encore pour prôner la vengeance après un affront.

 Le haka servait, à l’instar des poèmes ou des odes en Europe, à exprimer des sentiments soient individuels, soient collectifs. La chose n’était pas à prendre à la légère, tout l’honneur d’une tribu pouvait s’y rattacher et si un haka n’était pas d’un bon niveau, c’est toute la communauté qui en pâtissait.

Le terme de haka signifierait quelque chose comme « que la danse soit faite » et il n’est pas rare d’entendre, dans la langue locale et si on la comprend, des mots crus et des insultes à l’égard des adversaires. Les hommes ne se réservaient pas le monopole du rite, les mâles dansaient à l’avant tandis que les femmes, à l’arrière, chantaient. Comme tout chant guerrier, certains se faisaient accompagner d’armes tandis que d’autres se faisaient sans. Il existe différent styles de haka, les plus connus sont les Ka Mate dont la genèse revient à un poète mais aussi chef de clan qui, alors qu’il cherchait à fuir une tribu adversaire au début du XIXème siècle, demanda l’aide d’un autre grand maître, celui-ci le cacha dans une réserve et quand les troupes furent reparties bredouilles, il composa ce chant pour honorer la vie ou plutôt, une sorte de renaissance.

Il y a également le Haka Peru Peru, chant militaire, invocation des dieux, que criaient haut et fort les combattants pour mettre à mal leur ennemi. Tout devait être parfait, si un des hommes faisait défaut c’est l’ensemble qui pouvait courir à la catastrophe. Le Haka a connu une renommée internationale grâce à l’équipe des All Black qui depuis 1987, l’interprète à chaque début de rencontre. Sur le même modèle, d’autres nations les ont suivis, les Samoa, les Tonga et les Fidji.

Bref, demain matin, l’ultime match de cette compétition aura lieu à Eden Park où les néo-zélandais n’ont plus perdu depuis des décennies et qui n’en démordent pas pour conquérir un 2ème titre mondial, face à eux les Bleus devront lutter pour ne pas être submergé par une marée noire.