Vêtu d’une simple soutane blanche, le pape tout sourire, a fait son apparition, ce matin, sur la place St-Pierre, sous les vives acclamations de bonheur de ces foules venues des quatre coins du monde. Chefs d’Etats, délégations, ils sont venus, ils sont tous là, pour assister à la  messe inaugurale du pontificat de François. 

Un avant goût de la nouvelle ère en gestation nous a déjà été donné lors de son premier Angélus : après un euphorisant bain de foule  sur la place St Pierre, sur fond d’accolades, de baisers de l’anneau pontifical, d’échanges chaleureux, le pape avait rejoint ses appartements pontificaux. Puis de l’embrasure d’une fenêtre, il avait presque imploré ses ouailles avec son inédite injonction « priez pour moi, je vous le demande » ! Sans oublier cette messe avant l’Angelus dans cette petite paroisse du Vatican, célébrée presque dans l‘intimité. 

Apparemment, parti pour établir à tout prix avec ses fidèles une interactivité, le pape n’hésite pas à bousculer un rituel immuable, jusque là. Une opération séduction aux allures légères qui est allé droit au cœur de ses admirateurs arborant, au cri de Francesco, une pancarte « François, tu es le printemps de l’église ». 

L’ex-Archevêque de Buenos Aires n’en finit pas de surprendre avec les manières qui sont les siennes, qui rompent radicalement avec le protocole. Avant la messe inaugurale, il a encore trouvé le moyen de lancer à distance, un fervent message d’amour en direction des fidèles réunis autour d’une veillée spirituelle dans la cathédrale de Buenos Aires, avec son « priez pour moi », devenu presque un  rituel. Décidément, la donne s’inverse  ! 

Après la prière sur la tombe de  Pierre, Jorge Bergogli a été décoré de l’anneau du pêcheur, du pallium, emblèmes du pouvoir pontifical :  il a gagné instantanément en consistance  comme si l’habit, la cérémonie, faisaient en de telles circonstances, quelque chose du moine ! 

Au cours de son homélie, il a multiplié les recommandations encourageant à, l’humilité, l’amour du prochain, du différent, du pauvre, du faible, du vieux, du petit, etc. Il est allé plus loin, exhortant ses fidèles à renouer sans complexe avec la bonté et même la tendresse ! 

Etrangement, hormis ces belles valeurs qui ne se décrètent pas si on ne les porte pas en soi, on n’a pas eu le moindre écho de ses positions par rapport au dialogue interreligieux, islamo-chrétien ou sur certains dossiers. D’après Mgr Tauran qui a eu la tâche d’annoncer au monde le nom du nouveau pape, le choix de François est symbole d’ouverture : il renvoie à St François d’Assise qui avait rencontré au XIIIe siècle le sultan Malek Al Kamel…Ce n’est peut-être ni le moment, ni une priorité. 

Et maintenant que restera-t-il de tous ces mots évanescents censés inciter les foules à donner le meilleur d‘elles-mêmes ? Quel que soit le bord religieux,  il y a dans ces types de cérémonies gigantesques montées par les humains, comme un étrange parfum artificiel qui dessert quelque part la cause défendue !

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