La fermeture de dix-huit sites internet, dont celle du mastodonte , Megaupload accusés de "la plus grande violation de la propriété intellectuelle de tous les temps" résonne depuis quelques jours partout sur le web. Plus qu’une attaque franche dans le pied du téléchargement illégal, la justice américaine a ‘enfin’ décidé de s’occuper de l’internet mondial, et de sa honteuse liberté.

Les "suceurs" du web n’ont pourtant ni l’ apparence ni le comportement de criminel. Le téléchargement est pour tous les internautes un droit et un plaisir. Et ce depuis l’explosion du numérique. L’an 1 Sans parler des premiers échanges sur les chat IRC, pour moi cela avait commencé à la fin des années 90’s. Des sites comme feu "Audiogalaxy", véritable ancêtre du P2P partageaient déjà les données des utilisateurs dont des chansons en téléchargement libre et illégal. A l’époque, on était tous en modem 56K.  En France, internet venait d’exploser et tout le monde avait un ordinateur.

Napster fermé après l’épisode Metallica, de nombreux prétendants prennent le relais. Kazaa, Imesh, Gnutella. L’ adsl pointaitle bout de son nez, les bandes passantes grossissaient, et les échanges s’envolaient: Bienvenue sur Emule-Island. Films, concerts, albums, documentaires, livres, jeux…logiciels et entraide.

Le téléchargement était devenu compulsif! 

Nombre de fois je dépannais des personnes qui avaient tout simplement saturé leur disque système, et leur dossier ‘In Coming" ou "Mes Vidéos" du musique et de films.La plupart du temps, sans jamais vraiment les regarder. Il y avait chez l’internaute lambda le désir de la possession illégale genre "tu as le dernier James Bond? Oui celui qui est au ciné…moi je l’ai!". Pourtant, les gens ne semblaient jamais vraiment regarder ni écouter les fichiers qu’ils avaient téléchargés ou qu’un ami leur avait "collé".

Une estimation  personnelle serait de dire qu’à peine 20% des "téléchargeurs" que je côtoyais "consommaient" ce qu’ils "volaient".

Triste? Peu importe. Les cinéphiles et autres geeks avaient leur revanche sur le système. Après tant de tunes balancées avec plaisir et impatience dans les cds ou les salles de cinéma, le web nous offrait une chance incroyable et une petite revanche sur le monde de la culture si gourmand: un porte  ouverte et gratuite donnant sur la culture absolue, ou presque.

Reinvent the style Megaupload a changé la donne. Pour une somme modique et un peu de recherche, l’utilisateur avait accès à de nombreux fichiers, en général de bonne qualité: recensés sur des sites sérieux avec des membres actifs qui contrôlaient et partageaient avec engouement leurs données, genre Wawamania ( un des sites de partage préféré du moment qui aura même un "Envoyé Spécial" consacré ).

Espèce de voleur Quand la cassette enregistrable est sortie, l’industrie du disque a  hurlé. Quand la cassette VHS enregistrable est sortie l’industrie du cinéma a hurlé…Quand le Cd réinscriptible…quand les lecteurs-enregistreurs… L’industrie de l’art est un monde d’argent. Il y a des ‘stars’ qui ont des fortunes plus grande que le PNB du Burkina-Faso. Des tournées mondiales gigantesques rapportent des millions, l’affluence dans les salles de cinéma n’a jamais été aussi forte, et pourtant. Et pourtant Universal nous dit que le téléchargement tue la création. La FNACRenaud, certains de mes potes, les journaux. Les gens qui téléchargent tuent. Et pourtant. Ceux qui téléchargent sont les mêmes qui consomment de la culture à gogo et sous toutes ses formes. Mieux, le téléchargement est pour tous un moyen d’éviter de perdre son temps en ayant un aperçu sur un film ou un artiste avant de donner de l’argent parce qu’on pense devoir payer pour.

De toute façon. 2 Milliards de connectés dans le monde, 50 Millions d’utilisateurs chez Megaupload. Quel message veut nous envoyer le gendarme du web mondial en grappillant sur des miettes alors que tout va bien pour la culture mondiale coté finance ? Car sous couvert de défense des droits d’auteurs blablabla, c’est à la liberté et la neutralité même du web que Big Brother s’attaque: donner la possibilité de fermer un site du réseau à un pays est une mesure totalitaire, surtout quand celui-ci est un des carrefours du réseau tout entier. Si rien ne bouge, au niveau institutionnel,  il est à craindre la perte de plusieurs autres contenus "illégaux" sur des sites de partage audio et vidéo tel que YoutubeDailymotion, Deezer  ou encore Google Video.

Les géants du web se contentent pour le moment de contester cette décision qui mettra(it) en péril tout le web. Les Anonymous se distinguent, Wikipédia ou encore Framasoft ont mis leurs sites en "maintenance" pour protester.

Facebook? Bah Facebook s’en fout, Facebook trouvera toujours un compromis. 

Il était une fois un réseau de milliards d’ordinateurs connectés entre eux où tout le monde pouvait dire librement tout se qu’il voulait à tout le monde. Cela s’appelait internet, et cela a existé au début des années 2000.

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