Évidemment, c’est soit l’un, soit l’autre : soit Mediapart a totalement raison, soit totalement tort, soit Jérôme Cahuzac ment quand il dément avoir jamais détenu le moindre compte bancaire à l’étranger, soit il dit vrai. Les derniers épisodes dénotent apparemment une lutte « au finish », qui met en danger l’existence même… gouvernementale pour l’un, éventuellement définitive pour l’autre. Jérôme Cahuzac dépose une nouvelle plainte avec cette fois constitution de partie civile ; en face, Mediapart insiste, révèle que, finalement, en dépit de dénégations, c’est bien Michel Gonelle qui détient l’enregistrement incriminant, et que l’affaire avait failli éclater dès 2005. L’Élysée confirme de fait que Michel Gonelle détiendrait cet enregistrement.
On ne peut que donner raison à Mediapart, dont toute la rédaction semble convaincue et solidaire, sur un point : la présumée détention d’un compte à l’étranger, non déclaré à l’administration fiscale, étant antérieure à la nomination de Jérôme Cahuzac au gouvernement, ce n’était pas au ministre de déposer plainte une première fois pour diffamation.
Car c’était à Cahuzac, Jérôme, de le faire (voir nos précédents articles). Cela semble tomber sous le sens. Les avocats de Mediapart partagent ce point de vue, et l’ont fait acter.
Mais voici que, cette fois, selon France Inter, Jérôme Cahuzac, cette fois en nom propre, aurait déposé une nouvelle plainte, de nouveau pour diffamation, mais avec cette fois une « constitution de partie civile ».
Cela change totalement la donne.
Car la justice en la matière (diffamation d’un particulier ou, circonstance aggravante, une personne détentrice d’une autorité, ce qui est le cas d’un ministre) peut certes infliger une forte amende : 45 000 euros dans le cas d’un fonctionnaire ou d’un membre du gouvernement.
Avec une constitution de partie civile, il est possible d’éreinter l’adversaire, financièrement, si les juges vous suivent. Et il semblerait bien que Jérôme Cahuzac argue de la mauvaise foi de Mediapart pour en avoir totalement raison… Le fera-t-il ou lui sera-t-il conseillé de se contenter de l’euro symbolique ?
Ce semble être désormais l’essentiel rebondissement de cette affaire. Car, pour le reste, que Mediapart, comme le fait aujourd’hui Fabrice Arfi (sans doute avec le feu vert d’Edwy Plenel et de la rédaction en son ensemble), apporte ou non de nouvelles précisions, certes pas tout à fait négligeables, passe finalement au second plan.
Michel Gonelle détient l’enregistrement
Un peu comme saint Pierre au chant du coq, Michel Gonelle, avocat, ancien député-maire de Villeneuve-sur-Lot, a plusieurs fois démenti avoir détenu un enregistrement vocal, celui d’une voix qui serait celle de Jérôme Cahuzac déclarant détenir un compte à l’UBS, à Genève.
Cette fois, il ne dément plus, affirme Mediapart, mais soucieux de sa tranquillité, il avait préféré réfuter publiquement, et il se refuse à présent à toute déclaration publique.
Mediapart aurait recoupé ses sources et donne de nouvelles précisions. Le 15 décembre dernier, Michel Gonnelle contacte par téléphone Alain Zabulon, qu’il a fréquenté lorsque ce dernier était sous-préfet du Lot-et-Garonne. Il est actuellement au cabinet de François Hollande à l’Élysée. Michelle Gonnelle aurait confirmé toutes les affirmations de Mediapart, et avoir voulu auparavant soulager sa conscience en confiant, voici plusieurs années, l’enregistrement à un magistrat, lequel a préféré ne pas donner suite.
Passons sur le fait que Jérôme Cahuzac ne porte pas plainte pour faux, ne semble pas envisager la possibilité d’un montage, ce n’est finalement qu’une présomption : il peut encore le faire, tout comme étendre sa plainte à tous les articles publiés par Mediapart au lieu d’en citer seulement deux. Cet enregistrement ne serait pas celui de sa voix : « il se trouve que ce n’est pas moi », a-t-il déclaré diverses fois et semble-t-il encore devant deux témoins, des journalistes de France-Inter.
Mais, là, on ne voit pas comment il ne pourrait pas prendre en compte ce dernier article qui affirme de nouveau « Mediapart dit vrai, et le ministre le sait. ». Par courriels, le ministre aurait évoqué « une mauvaise plaisanterie sortie du contexte » à propos de cet enregistrement. Ce qui ne veut pas dire grand’ chose, mais Mediapart considère que cela vaut confirmation.
Par ailleurs, en 2005, déjà, un journaliste aujourd’hui honoraire (retraité) ou ayant changé d’activité, aurait écouté l’enregistrement en question. Mediapart le désigne par « Gaëtan H. », mais on peut imaginer que l’identité complète sera communiquée à la justice. L’enregistrement existe bien, reste à établir que la voix est bien celle de Jérôme Cahuzac. Mediapart se fait fort de démontrer qu’au moins le téléphone employé était bien celui de l’actuel ministre. Au-delà, il faudrait expertiser…
On veut bien croire aussi que le gestionnaire de fortune de Jérôme Cahuzac, Hervé Dreyfus, n’a pas fait connaissance de son client dans son cabinet de chirurgien-capilliculteur. Ou alors, c’est patent, puisque Hervé Dreyfus est chauve, cela serait resté une simple consultation. Mediapart continue d’affirmer que c’est Antoine Cahuzac qui a mis en rapport Hervé Dreyfus et son frère.
Le site indique aussi que la Direction des finances publiques pour Paris-Sud examine les déclarations d’impôt sur la fortune de l’actuel ministre pour les années 2010, 2011 (années où il est député et préside la Commission des finances de l’Assemblée) mais aussi 2012. Selon Mediapart, « elles présentent de nombreuses anomalies. ». Si l’on en croit l’ancien inspecteur des finances du Lot-et-Garonne qui se dit à peu près sûr des affirmations de Mediapart (à 99 %), ce ne seraient pas les toutes premières anomalies figurant dans les déclarations du député, du maire de Villeneuve-sur-Lot.
L’une de ces anomalies tiendrait à une sous-estimation de la valeur de l’appartement privé de l’avenue de Breteuil, qui fait ou fera l’objet d’un partage dans le cadre d’une procédure de divorce. Et jusqu’en 2012, depuis 2001, Jérome Cahuzac aurait continué à déduire des remboursements d’un prêt paternel qui serait en fait soldé. S’ajouterait la non-déclaration d’objets de grande valeur. Un second appartement avenue de Breteuil (le ministre réside avenue Pierre-de-Serbie) aurait été acquis via un prêt, mais aussi un apport personnel dont l’origine semble n’avoir pas été précisée (« quid des 120 000 euros restants ? s’interroge le fisc »).
Appel à démission
Ce n’est pas vraiment la première fois que Mediapart suggère que le ministre se démettre, mais, cette fois, en dépit de la forme interrogative, c’est « tout le gouvernement [et le] président de la République » que l’article interpelle. Un titre d’information n’a pas, ce que peut faire un titre d’opinion, à demander la tête d’un ministre. Mais faute de trouver une personnalité ayant encore un peu de poids pour en rapporter les propos exigeant la démission de Jérôme Cahuzac, Mediapart monte lui-même la pression d’un cran.
Ce n’était sans doute pas l’intention initiale : Mediapart demandait à son interlocuteur de reconnaître les faits qu’il lui impute, soit un compte fermé (mais malheureusement transféré dans un autre pays étranger) avant la nomination gouvernementale. Cela pouvait entraîner ou non une démission immédiate… ou différée.
On en est visiblement plus là.
Bras de fer
Le Monde révèle que la seconde plainte de Jérôme Cahuzac a été déposée cette fois sans transiter par la chancellerie (procédure prévue lorsqu’un ministre attaque en diffamation).
Voici donc près de deux semaines que, soit le ministre, soit Mediapart, s’enferrent dans des déclarations totalement contradictoires.
On peut se poser de vraies questions. Le Monde a demandé confirmation ou réfutation du fait que la sous-direction du fisc pour Paris-Sud éplucherait les déclarations fiscales du ministre. S’il n’en était pas du tout question, la réponse serait déjà parvenue. On peut bien sûr admettre que si, par souci d’écarter toute autre biais pouvant nuire à la réputation du ministre, il soit procédé à un examen un peu plus approfondi, la réponse puisse tarder. Laquelle pourrait être que des vérifications en cours n’ont pas donné lieu, jusqu’à nouvel ordre, matière à discussion…
Auparavant, Émeline Cazi et Claire Guélaud, du Monde, avait estimé que les démarches du ministre auprès d’UBS étaient « incomplètes ». Jérôme Cahuzac pouvait rapidement délier la banque des obligations de secret professionnel en formulant ainsi sa question : pouvez-vous confirmer que je suis détenteur d’un compte dans votre établissement ? « La banque lui répondra alors soit positivement, soit négativement ». Et sans aucun doute, sauf incident, sans délai.
Le Monde a tenté plusieurs fois, d’obtenir des précisions de « l’entourage » de Jérôme Cahuzac après lui avoir donné la marche à suivre. Chaque fois, les journalistes du quotidien ont été renvoyés vers Me Gilles August, chargé des intérêts de Jérôme Cahuzac. « Contacté (…) ce dernier n’a pas donné suite. ».
Admettons qu’il faille donner du temps au temps. Pour le profane, ces délais, ou non-réponses, n’évoquent rien. Quant il s’agit du Monde, ou d’un très grand quotidien régional, contactant un avocat ou le cabinet d’un préfet, par exemple, ils témoignent presque toujours, pour le moins, d’un embarras ou de la volonté de pouvoir donner une réponse très circonstanciée. Dans ce cas, cela « se négocie » pour ainsi dire. On a ou non la réponse pour la tombée de copie, le bouclage, ou il est indiqué un délai approximatif.
Le Monde offre une « porte de sortie » : si une procédure était lancée au titre de la convention d’entraide fiscale entre la France et la Suisse, obtenir réponse d’UBS serait nécessairement plus long… On peut se permettre de douter de la « longueur » : depuis le 4 dernier, les articles du Temps, d’autres quotidiens suisses, il est évident qu’à UBS, la réponse est préparée. Mais admettons. Admettons aussi que le nom du détenteur d’un compte n’implique pas que les fonds proviennent du dit détenteur.
Rappelons simplement qu’une démarche n’empêche pas l’autre…
Qui ment ? Michel Gonelle ?
Savoir qui de Jérôme Cahuzac ou de Mediapart ment (car, là, on ne peut plus s’en tenir à l’expression de la bonne foi : si Mediapart n’était pas sûr de son fait, des excuses publiques plaidant la bonne foi, lesquelles seraient recevables) n’est absolument pas mon propos.
Ce qui m’intéresse, comme tout spécialiste des médias (mon mémoire de maîtrise portait sur The Independent, où j’obtins un internship – ou stage d’observation, invitation confraternelle – afin d’approndir mes recherches), c’est la stratégie de communication du ministre, l’approche rédactionnelle de Mediapart, et la manière dont le reste de la presse suit, embraye, répercute, ou… au contraire, minimise, tait, &c. Pour des raisons professionnelles et autres : cela peut lasser le lectorat, ne pas valoir de s’y attarder trop, &c.
On notera le titre de Sophie Fay dans Le Nouvel Observateur : « Affaire Cahuzac : quand le détenteur de la bande niait tout ». Non point le présumé détenteur, non point une formulation volontairement équivoque ou au moins un tant soit peu sibylline. La suite est plus ambiguë : on aurait trouvé « de quoi authentifier l’enregistrement, peut-être, mais pas encore l’existence du compte suisse. ».
Cet enregistrement est fait plus crucial qu’une réponse négative d’UBS. En effet, s’il avait jamais existé un compte recevant des fonds d’un dénommé Cahuzac, Jérôme, UBS n’est pas forcément en mesure de dire d’où viennent vraiment l’origine des dits fonds. Il suffit, pour ouvrir un compte en Suisse, qu’une société le fasse et qu’un mandataire de la dite se déclare. Dans les affaires Lamblin-El Maleh, n’importe qui détenant la signature de GPF SA pouvait faire l’affaire.
Remémorons en tout cas le secrétariat d’État suisse aux questions financières a indiqué qu’une banque interrogée directement par un client, s’il est bien client, doit confirmer ; si ce n’est le cas, elle peut se contenter d’indiquer qu’elle n’a pas retrouvé trace d’une relation d’affaires ou se refuser à tout commentaire. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, dont les services sont parties civiles contre UBS, qui facilitait l’évasion fiscale en France, la tentation d’embarrasser le ministre sera soigneusement soupesée.
Voici que Le Point, reprenant L’Express, fait état d’un possiblement remaniement ministériel en janvier qui permettrait « si nécessaire » d’offrir un porte de sortie : « exfiltrer Jérôme Cahuzac ». C’est un élément à relever : jusqu’à présent, toute la presse se contentait de réaffirmer que l’Élysée, Matignon, tout le gouvernement, soutenaient à fond le ministre du Budget.
Que penser aussi d’un titre tel celui de Metro : « Cahuzac demande à UBS de sauver sa peau » ? Bien sûr, un tel titre n’était pas envisageable dès le 4 décembre (la demande à UBS n’était pas formulée). Mais je doute fort que l’expression « sauver sa peau » aurait été employée si Mediapart n’avait pas tant insisté, jour après jour, distillant des informations générant des démentis toujours plus formels du ministre.
Nul besoin de « lire entre les lignes » de Mediapart à présent. Quant au site personnel du ministre, il donne la couleur : il ne s’agit plus d’exiger des excuses, mais de « clouer définitivement le bec des calomniateurs ». Ce qui peut être interprété telle une menace : fermeture définitive sans travaux de rénovation. C’est d’ailleurs l’interprétation de La Dépêche : « Cahuzac veut “clouer le bec” à Mediapart ». Gil Bousquet y semble prendre – prudemment – parti : « cette nouvelle démarche (…) fragilise un peu plus les accusations sans preuve tangible de Mediapart ». Paris-Match reprend le même titre. Pour faire au plus court et incisif ? Dans ce genre d’affaires, on sait se départir des règles.
Un tournant, une disputatio nationale ?
Ces deux dernières journées ont marqué un tournant. Jusqu’à présent, hormis des animateurs, des chroniqueurs ou de – fort rares – éditorialistes, ou des personnalités politiques ou autres, personne, personne, à la base ou dans les rédactions en chef, publiquement, ne se rangeait côté Cahuzac ou côté Mediapart.
Certes, les chroniqueurs judiciaires, consultés, pouvaient estimer que Mediapart risquait de ne pouvoir fonder ses accusations : tout élément peut ou non constituer une preuve recevable, sans que sa fiabilité soit irréfutable. L’exprimer n’est pas prendre parti contre Mediapart.
Mais voici qu’apparaissent des titres à double sens, comme celui de l’article de Pascal Jalabert, dans Le Progrès : « Cahuzac tente de rassurer sur son compte ». Si l’article reste allusif, il aborde la vie privée du ministre, qui dégagerait une légère odeur « de soufre ». Des successions d’informations et de rumeurs pourraient conduire à un remaniement ministériel.
Cela reste certes en demi-teinte. Mais comme l’estime l’historien François Delpla, on en est là : « Cahuzac en sursis, Mediapart à l’index ? ».
« Nous vivons donc une période, pour l’historien, d’un grand intérêt. Un organe de presse défie non seulement le pouvoir exécutif, mais toute une classe politique et médiatique qui serre les rangs en faisant l’autruche (ce qui est d’ailleurs, concernant les mœurs de ce volatile, un autre préjugé). Le temps suspend son vol, et le réveil sera brutal. », résume François Delpla.
Certes, personne (hors blogues personnels, par exemple) ne va jusqu’à écrire que Mediapart dispose de présomptions suffisantes pour, même si la bonne foi de ses journalistes aurait pu être abusée, sortir l’affaire coûte que coûte (titrer, redire que le ministre ment effrontément est un autre aspect).
Personne n’écrit (déjà ?) : « Cahuzac doit partir ».
Pour la seconde année, à présent fort de 60 000 abonnés, Mediapart dégage enfin des profits et une enviable rentabilité (rarissime pour un titre de presse, hors Canard enchaîné). Même lourdement condamné, il pourrait survivre. En l’état (soit avec une rédaction de titulaires correctement rétribués) ? Là, c’est autre chose.
Confirmation de l’Élysée
Reuters confirme à présent que l’Élysée confirmait avoir reçu de Michel Gonnelle « s;un appel téléphonique ». La réponse des services présidentiels a été que « s’il a des éléments tangibles, il faut les remettre à la justice » (qui décidera souverainement de leur recevabilité). En revanche, l’enquête fiscale n’est toujours pas infirmée ou confirmée.
Jean-François Achilli, sur RMC, a cru pouvoir estimer que Mediapart « n’a pas été relayé dans la presse, dans les médias en général. » C’est à la fois vrai, et faux. Vrai : personne, semble-t-il, hormis une feuille satirique locale, publiée à Villeneuve-sur-Lot, la bien nommée La Feuille, n’a vraiment tenté une enquête approfondie. Faux : la plupart des titres, même en estimant que les preuves définitives tardent à venir (et pour cause, l’enregistrement n’est qu’un élément, les éventuels bidouillages du montage de l’achat des appartements ne prouveraient pas l’existence d’un compte en Suisse ou à Singapour), collent plus ou moins à Mediapart.
D’une façon ou d’une autre, les médias suivent : ainsi, Le Figaro avait repris Lyon Mag, qui estimait que Jérôme Cahuzac aurait présenter sa démission. C’était pour démentir, mais de toute façon, aucune dépêche de l’AFP ou de Reuters sur l’affaire Cahuzac n’a été poubellisée. Et puis, c’est faire de la presse régionale que de dire que l’affaire Cahuzac n’est pas relayée. Or, elle vend (et est lue, circule) bien davantage que la nationale.
Quand à l’opposition de droite, que fera-t-elle si la question de savoir si elle estime que Michel Gonelle, ancien bâtonnier, ancien député, ancien maire RPR est un affabulateur, un menteur, calomniateur, diffamateur, lui sera posée ? Le Figaro titrait : « L’UMP ne veut pas stigmatiser Cahuzac ». Et Michel Gonelle, à présent ? RPR, puis UMP, Michel Gonelle dispose encore de quelques appuis. Entendra-t-on Bruno Le Maire douter de sa crédibilité ? Jean-François Copé qui a exprimé son « estime personnelle » pour Jérôme Cahuzac, va-t-il émettre des doutes sur la personnalité de Michel Gonelle ? Hervé Morin lui accordera-t-il le « bénéfice du doute », comme à Jérôme Cahuzac ?
Omerta généralisée ?
Rappelons que Michel Gonelle est chevalier de la Légion d’honneur, et que, même s’il n’a plus de mandat politique, il reste par exemple membre de la GLNF (Grande loge nationale française), membre de conseils d’administration. Prendre fait et cause contre Mediapart dans l’affaire Cahuzac revient désormais, semble-t-il, à le désavouer et l’accuser. De quoi ? De parjure à son honneur et à sa probité ?
D’autres questions sont soulevées. Si le haut magistrat qui avait (aurait ?) reçu les confidences de Michel Gonelle ne s’est pas tu, a fait savoir (et on peut penser que Michel Gonelle ne s’est pas adressé à un magistrat proche des supposés « gauchistes » de tel ou tel syndicat), qui savait quoi au juste ? Et donc se serait sans doute senti en mesure de tenir Jérôme Cahuzac par la barbichette ?
Que déclare à présent Henri Guaino à La Tribune de Genève ? « S’il était avéré qu’il [ndlr. J. Cahuzac] a un compte, ce serait un peu gênant pour un ministre du Budget ». Belle indulgence.
L’opposition aura-t-elle la même à l’égard de Michel Gonelle. Ce soir, après la confirmation de l’Élysée, c’est un peu la question. Aurait-il brisé une omerta que même un haut magistrat n’aurait pas osé enfreindre ?
Certes, il sera rétorqué que Michel Gonelle a été trahi par Jérôme Cahuzac. Le premier aurait favorisé l’implantation locale du second qui, en guise de remerciement, lui avait ravi son écharpe de maire en 2001.
Il sera aussi redit que Michel Gonelle est l’avocat de Rémy Garnier, qui révélait au Parisien les « anomalies apparentes et chiffrées, les revenus omis » des déclarations fiscales de J. Cahuzac avant 2008. Eh, bien autant l’accuser aussi, lui, Michel Gonelle, de faux.
C’est à présent la suite logique : il y a déjà deux plaintes en diffamation publique, il en manque une pour diffamation non publique, si l’on considère qu’un ancien député-maire et un président de la République sont des personnes d’une même communauté d’intérêt, sanctionnée par une amende de première classe.
La peine est légère, mais elle est symbolique. Il faudra aussi établir que Michel Gonelle s’est appuyé sur un faux. Ce qui devrait suffire à le faire radier du barreau, si je ne me trompe.
Jérôme Cahuzac ne pourra plus guère faire l’économie de cette plainte…
Pas de commentaire, rien
Reuters a pris en note tous ces nouveaux éléments (identité révélée de M. Gonelle, vérifications fiscales, lettre à l’Élysée…). Prompt à dire et redire qu’il n’a jamais détenu le moindre compte à l’étranger, Jérôme Cahuzac aurait sobrement déclaré, selon Arrêt sur Images, « je n’ai pas de commentaire à faire, rien. ».
Le Figaro confirme que Reuters n’a pu recueillir la moindre déclaration. Ce vendredi, passées 19 heures, le blogue notes de J. Cahuzac reste sur le dernier billet du 19 décembre. Pas de déclaration à la presse, ni au public. Peut-être le ministre consulte-t-il…
« Mais voici que, cette fois, selon France Inter, Jérôme Cahuzac, cette fois en nom propre, aurait déposé une nouvelle plainte, de nouveau pour diffamation, mais avec cette fois une « constitution de partie civile ». Cela change totalement la donne. Car la justice en matière de diffamation (à l’égard d’un particulier ou, circonstance aggravante, une personne détentrice d’une autorité, ce qui est le cas d’un ministre) peut certes infliger une forte amende : 45 000 euros dans le cas d’un fonctionnaire ou d’un membre du gouvernement.
Avec une constitution de partie civile, il est possible d’éreinter l’adversaire, financièrement, si les juges vous suivent. Et il semblerait bien que Jérôme Cahuzac argue de la mauvaise foi de Mediapart pour en avoir totalement raison… Le fera-t-il ou lui sera-t-il conseillé de se contenter de l’euro symbolique ? »
Je commence à être calée sur tout ça.
En son nom propre, c’est pas en sa qualité de ministre, donc c’est 12000 euros max.
Bonne foi ou mauvaise foi ? Il ne suffit pas de dire, il faut le prouver.
Ok, unpetitcoucou, l’amende est de 12 000 euros max. Mais [i]quid[/i] des demandes en tant que partie civile ? Vous pouvez être condamné à l’amende minimale (par ex. en cas de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner), et à un max de Chez Max (surtout si la ou le mort était vraiment fortuné, avait une famille nombreuse, &c.).
Là, par ex., la clinique est encore à son nom ? S’il peut faire valoir que [i]Mediapart[/i] a entraîné un préjudice commercial, il ne serait pas indemnisé ?
[i]Le Parisien[/i] s’y était risqué. [i]Mediapart[/i], piqué au vif, en fait beaucoup plus sur les activités de conseil du cabinet « Cahuzac Conseil » auprès de l’industrie pharmaceutique.
J. Cahuzac est débarqué, comme son ministre, du ministère de la Santé en 1991.
Il fond ensuite, vers 1993, Cahuzac Conseil, qui se fait un chiffre d’affaires de près de 400 000 euros. Une paille pour un « vrai » cabinet de conseil : énorme quand secrétaire et peut-être chauffeur de taxi sont les seuls employés et sous-traitants.
En fait, J. Cahuzac savait aussi solliciter les laboratoires pour favoriser la campagne de Claude Évin, qui devint son ministre, laisse entendre [i]Mediapart[/i].
Ensuite, J. Cahuzac se serait mis en cheville avec PR International, une boîte de RPr (presse) et RPub (relations publiques). Au mieux aussi avec Bernard Kouchner et Roselyne Bachelot.
Ensuite, Cahuzac Conseil récolte encore 320 000 euros, bon an, mal an, et cela tombe à 46 000 quand J. Cahuzac est élu député. Moins rémunérateur, mais énormément d’avantages (et de désagréments : serrer des pinces, faire risette à la crémière, &c.).
Bref, Cahuzac devient agent d’influence avant de se consacrer un peu davantage à la politique.
Il s’était intéressé à un viagra avant le viagra. Le Tot’hema auquel le ministère donnera un ch’tit coup de pouce.
Pour faire repousser les cheveux, rien, mais pour redonner de la vigueur à des membres défaillants, J. Cahuzac a des vues « techniques ».
Vers 1995, Arnaud Gobet, de PR International, prête son yacht à J. Cahuzac, un truc de cinq millions d’euros avec sept marins qui se loue bonbon, mais pour l’ami introduit auprès du ministère de la Santé, cela aurait été gratuit.
On arrive à 500 commentaires sur le sujet sur [i]Mediapart[/i].
Là, c’est Mathilde Mathieu et Michel de Pracontal qui se sont collés à l’article.
Il va falloir en assigner beaucoup, de journalistes de[i] Mediapart[/i], devant les tribunaux.
plus dure sera la chute des cheveux
Je commence comme beaucoup a me lasser de la politique au vue de ses casseroles que traine tout ses élus.Pa 1 qui est de bonne foie tous pourris.je ne voterez pas a l’extrême droite mais pourquoi pas a l’extrême gauche ? c’est possible