"Clarifier" la situation. C'est le mot d'ordre à l'UMP. En plus de l'interminable feuilleton juridico-médiatique qui plombe la popularité du Président, la "farce" neuilléenne est décidément mal venue, à quelques semaines des élections municipales. En un week-end, la sarkozyste ville de Neuilly-sur-Seine a subi force turbulences : de sondage faussement secret en confirmation de candidature, de reniement masqué à retrait forcé, rien ne va plus à Sarkoland !
Mais si voyons ! Tout est limpide ! David Martinon, envoyé de Sarkozy pour remporter la ville chère à son coeur, n'a pas été accepté par la population ; c'est donc Jean Sarkozy qui, après avoir ardemment soutenu le poulain de son papa, sauvera sa ville des griffes de Jean-Christophe Fromantin, le candidat au 45% d'intention de votes.
Tout rentre donc dans l'ordre : Lundi matin, David Martinon s'expliquait ainsi : "Les conditions ne sont plus réunies pour que je mène la campagne des municipales à Neuilly ; J'en tire toutes les conséquences et je me retire." Très bien, une bonne chose de faite. […/…]
A Yves Jégo, porte-parole de l'UMP, de maintenant féliciter celui qui a préféré "sacrifier sa personne plutôt que de laisser sa famille politique en déshérence". "L'avenir lui en sera reconnaissant". Ces quelques mots lui mettrons certainement du baume au coeur, lui qui a curieusement annulé son voyage en Guyane avec son cher Président et à même souhaité démissionner de son poste de porte-parole de l'Elysée. Requête refusée qui plus est.
Ainsi, "la situation est aujourd'hui clarifiée […] Il nous appartient maintenant de trouver une autre tête de liste".
Qui donc sera-t-elle ? Sarkozy fils peut-être ? "Rien n'est exclu et rien n'est avéré". D'autant plus que le blond héritier "est extrêmement brillant et qu'à 22 ans, il promet d'avoir une belle carrière".
En plus, il n'a même pas besoin de l'aide de son papa : celui-ci "ne s'est pas mêlé" du remue-ménage du week-end !
En définitive, cette belle affaire vient somptueusement allonger la liste des incongruités sarkoziennes, permettant l'éclosion d'innombrables commentaires plein d'esprit, dont en voici un condensé :
«On ne transmet pas le pouvoir en démocratie par primogéniture mâle»
«Le pouvoir donne de lui-même sa propre caricature».
François Bayrou, Président du MoDem
«La farce de Neuilly-sur-Seine déconsidère la fonction présidentielle dont on ne sait pas si elle appartient à la comédie légère, au théâtre de boulevard ou à la tragi-comédie».
François Hollande, Secrétaire général du PS
"Quand ça résiste en bas et que ça commence à se diviser en haut, c'est qu'il y a une situation nouvelle, c'est le signe d'une fragilité supplémentaire", une affaire bien "plus profond(e) qu'un problème de casting»
Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR
[Le cas de Neuilly est] «révélateur d'une culture politique, d'une manière de faire de la politique qui me heurte».
Bertrand Delanoë, Maire de Paris
"Les Français en ont soupé des jeux de cour, des discussions sur le sac Chanel de Mme Rama Yade ou Mme Rachida Dati, des SMS présidentiels"
"Lorsque l'on voit que l'Elysée en est à organiser une conférence de presse en catastrophe [dimanche soir sur le traité de Lisbonne] où il n'y avait rien à dire, on se demande à quoi ils servent"
Marine Le Pen, vice-présidente du Front National
"Non, non, pas de commentaire"
Nicolas Sarkozy, Président de la République française
Et le mot de la fin :
"Ce qu'on m'a fait est ignoble"
David Martinon, au téléphone avec le journaliste Antonin André