Y’en a qui se moque parce qu’on parle de la neige partout, comme si c’était un truc extraordinaire en janvier. Et oui, parfois ça l’est ! il ne neige pas partout et chaque année….

et c’est un sujet que l’on peut partager entre tous, jeunes et vieux, hommes et femmes, et je passe sur les autres différences, culturelles ou religieuses, et intellectuelles.

Et heureusement qu’il nous reste des sujets neutres comme la météo (quoique, chacun peut avoir une histoire personnelle plus grave liée à la météo),

et heureusement qu’il nous reste des images agréables à la plupart de nos yeux si saturés de choses laides,

il ne faut pas demander, sous prétexte de citoyenneté ou quelque soit le nom que l’on pourrait donner à un sentiment de responsabilité, à tout un chacun, de n’avoir que des sujets prétendument importants ou sérieux ou grave, de refaire le monde à chaque minute de sa journée.

 

Hier, la neige était le sujet de bien des personnes. Certains ayant mis trois heures pour faire 20 kilomètres; et d’autres n’ayant même pas pu se déplacer, sans parler de ceux qui vont devoir aller chez le carrossier (Pour les situations les moins graves).

Aujourd’hui, pour ceux qui n’aurait pas déjà glissé hier, c’est le jour des glissades, et des bobos. (Comme moi d’ailleurs, qui vais avoir le cou douloureux pendant une bonne semaine, étendue de tout mon long sur une plaque verglacée dissimulée sous la blanche neige…)

Donc, bien sûr, c’est un sujet de discussions et d’échanges, il faut se justifier d’un retard et raconter ses mésaventures hivernales. Où est le mal et la stupidité qui semble être pointée du doigt (la stupidité, pas le mal, d’où l’accord…)? En quoi serait-ce banal et par trop commun d’aborder ce sujet. Parler du temps qu’il fait est signe de sociabilité, je trouve. Faut-il être, ou paraître être, indifférent à tout sous prétexte de ne parler que pour dire des choses intéressantes, intelligentes, élevées ?

Quelle tristesse…

Le silence est d’or, la parole est d’argent… peut être, mais le silence est surtout pesant (de là à dire qu’il vaut son pesant d’or,… )

 

Il faut comprendre aussi que dans une société, sur un lieu de travail, où peuvent être importants les différences de niveaux sociaux, ou les différences de fonction dans la société, différences qui font que les échanges sont difficiles voir impossibles, les sujets bateaux, comme la météo, ou les faits divers, style échouage de paquebot (pour rester dans le sujet bateau), sont abordables par tous. Au niveau météo on est presque tous égaux, qui aura des ennuis sur les trottoirs, qui en aura sur les routes, qui en aura avec son transport en commun…

Pour certains citadins, avoir des soucis de transports, que ce soit la neige ou les grèves, ils ont pris déjà l’habitude de faire avec, envers et contre tout, et doivent souvent composer avec leur patron pour ne pas en pâtir.

Quelle haute autorité intellectuelle se permet de critiquer le sujet des conversations du jour ?

Autant, je trouve un peu simplette ces interviews qui pourraient passer au journal télévisé, du style du journaliste qui demanderait à une mamie de 80 ans dans un village isolé de zone de petites montagnes, "comment faites vous pour vous alimenter et vous déplacer ?"

Il faut s’imaginer qu’à cette âge, la dame en a vu d’autres, de la neige et des ennuis. Qu’elle n’est pas toujours sur les quatre chemins comme pourraient l’être des jeunes gens imprudents et se croyant invincibles. Dans les villages, les anciens savent que l’hiver, il n’est pas sûr de pouvoir sortir dans la semaine pour aller faire ses courses à 10 kilomètres, voir plus, ils savent les risques des saisons, et s’enquièrent des annonces météorologiques. Et comme, en temps normal déjà, "tout est loin", ils en ont pris leur parti.

Autant je trouve un peu fats ceux que je lis, et qui critiquent et se moquent que "la neige" soit l’unique sujet de conversation d’un coup passé devant tous les autres sujets. Chaque chose en son temps.