Marine, la peine

Retour à la politique et à la présentation des candidats importants. Après Sarkozy, Hollande et Bayrou, c’est au tour de Le Pen de faire l’objet d’un portrait non exhaustif. Elle est la seule femme à avoir une réelle chance de faire un score important dans cette course effrénée à l’Elysée.

 

A croire que ça devient un prérequis pour faire une carrière politique, Marine naît le 5 août 1968 à Neuilly. Elle fréquente le lycée Florent Schmitt dans la très huppée ville de Saint Cloud. Elève assidue, elle décroche son baccalauréat et se dirige vers des études de Droit. Une formation qu’elle suivra à Paris II et obtiendra un DEA en Droit Pénal. Les établissements d’enseignement supérieur ne sont pas seulement des lieux où l’on suit des cours mais c’est également là que naissent des convictions politiques. Parallèlement à ses études, elle dirige le club des jeunes nationalistes, groupe de mouvance d’extrême droite. Il faut dire qu’avec un père président du FN et aux idéaux racistes bien trempés, la petite Marine a reçu une formation dès sa naissance. En 1992, elle devient officiellement avocate et plaide à Paris. Paradoxalement, elle officie pour les comparutions immédiates et défend le droit des étrangers en situation irrégulière. On peut facilement imaginer les situations cocasses où la nécessité de savoir faire la part des choses, entre sa vie professionnelle et ses intimes convictions, est de mise.

 

En 1986, dès la majorité acquise, elle adhère au FN et se porte candidate aux élections législatives dans une circonscription de la région parisienne. Une première expérience qui se solde par un  échec modeste en finissant 3ème du scrutin. Un revers qui ne l’empêche pas de continuer dans cette voie. En 1998, elle parvient à devenir conseillère régionale du Nord Pas de Calais, un premier à l’étrier pour la suite de sa carrière. Une première pierre posée pour construire son fief septentrionale. Le Front National, étant un parti tendancieux, additionne les actions en justice et c’est dans le but d’améliorer sa défense qu’elle intègre le service juridique du parti.  

 

Le Front est une entreprise familiale, le père l’a fondé en 1972, y occupe un contrôle sans conteste et c’est sans problème qu’il intègre sa fille dans les instances gouvernantes. Les années 1990 vivent leurs dernières, le Front n’en est pas loin. Les querelles intestines gangrènent la bonne entente entre les différentes pontes extrémistes. L’un d’entre eux pose problème, Bruno Megret, se sentant pousser des ailes, comme un canard,  il prend de plus en plus d’aisance et commence à faire de l’ombre, malgré sa petite taille, au chef borgne. Elle reçoit l’ordre « d’abattre » cet ambitieux personnage.

 

La vraie montée en force de Marine sur la scène médiatique se fait en 2002, une année historique pour le FN. Un score tristement mémorable et une deuxième place éliminant de facto le candidat socialiste, Premier Ministre sortant au bilan globalement satisfaisant. Marine peut être fière d’elle, si la machine a fonctionné c’est grâce à sa coordination des différents plans de communication. Elle grimpe un à un les échelons et remporte les législatives dans sa circonscription du Nord Pas de Calais.

 

Le FN doit se dédiaboliser, quitter cette image infâme qui lui colle à la peau depuis des décennies. Marine en fait son cheval de bataille. Sa première manœuvre est de lisser les propos faisant scandales. Les phrases de papa sur l’existence des chambres gaz et tous les autres dérapages xénophobes et négationnistes, elle ne les approuve pas. Elle n’émet jamais des paroles sur la Seconde Guerre Mondiale qui pourraient lui nuire. A la différence de son père, elle ne la pas vécue.

 

Autre mesure pour rendre plus acceptable le FN à la vue du public, la « chasse » des fameux skin-heads lors du traditionnel discours du 1er Mai, place Jeanne d’Arc à Paris. Autour d’elle, les jeunes ont troqué leur blouson immonde, leurs boots et leur batte de baseball pour le costume cravate et la raie sur le côté. Une technique plus sournoise, voilant le fond, changeant la forme, mais le parti reste irrémédiablement le même.

 

Une nouvelle présidentielle se profile en 2007, au sein du parti, elle s’active à former les nouveaux cadres et les jeunes militants. Elle trouve les mots, encore des mots, les mêmes mots pour faire la promotion du Front. Marine trouve les idées et c’est elle qui reçoit la mission de lancer la campagne de Jean Marie. Une lourde responsabilité car la façon dont on se déclare peut marquer la tournure de toute la campagne. On se souvient du fax de Jospin en 2002, une technique mollassonne, sans éclat, tout comme son score à la fin du premier tour.

 

Malgré une habile campagne d’affichage, un jeu de 7 affiches, 6 montrant tous les échecs du gouvernement sur différents thèmes sociaux ornées d’un pouce vers le bas et 1 dernière représentant Jean Marie, un pouce vers le haut, celui qui fera revivre la France mise à mal, le FN ne réitère pas l’exploit.