Alors que la communauté internationale s’active en coulisses pour permettre une sortie de crise , au Nord-Mali, encore aux mains des islamistes du mouvement Ansar-Dine, la situation reste chaotique. De nouveaux mausolées ont été détruits. Mais, pour procéder à une intervention militaire, encore faudrait-il qu’il y ait un gouvernement stable à Bamako…

 

La situation reste confuse au Nord-Mali. Les islamistes du mouvement Ansar-Dine continuent à détruire les mausolées présents au sein des innombrables mosquées de la région. Ces guerriers s’y attaquent car ils sont les symboles du soufisme – quête de Dieu qui peut prendre la forme de rites initiatiques, de pratiques rituelles, de superstitions, qui sont rejetés par les combattants d’Ansar-Dine. Des destructions qui avaient commencé les 1 et 2 juillet, journées lors desquelles 7 des 16 mausolées de la ville de Tombouctou avaient été rasés, à la suite de quoi l’UNESCO avait classé les richesses culturelles du Nord-Mali dans la catégorie "patrimoine de l’Humanité en péril". Aujourd’hui, les destructions ont repris de plus belle à Tombouctou, avec le saccage de 2 mausolées de l’une des trois principales mosquées de la ville, celle de Djingareyber. Une opération menée au rythme des tirs d’armes de guerre, pour éloigner une foule en colère et face aux caméras d’Al-Jazira, à la demande même des islamistes. Ainsi, ces destructions ressemblent tant à une simple opération de propagande en direction du pouvoir malien et des autorités internationales, qu’à une véritable volonté d’éradiquer les symboles du soufisme. Volonté affirmée par un des profanateurs, à l’AFP : "Nous allons tout détruire, même si les mausolées sont à l’intérieur des mosquées, et après nous allons détruire les mausolées qui sont dans la région de Tombouctou."

 

Mais serait-on tenté de se demander : pourquoi ne pas intervenir, comme ce fut le cas en Libye ? Une intervention armée est envisagée, sous l’égide de l’ONU – particulièrement de la France, qui pourrait apporter un soutien logistique – et de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Mais encore faudrait-il qu’il y ait un gouvernement… En effet, la prise de pouvoir des islamistes dans le Nord, associés aux indépendantistes du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et à la rebellion touareg maintenant évincés au profit des premiers, a eu lieu après un putsch, suite à une mutinerie dont l’origine provient d’officiers de l’armée malienne, qui accusaient à cette époque (ironie de l’histoire), le président d’alors, Amadou Toumani Touré, de ne pas faire le nécessaire pour assurer la paix dans le pays. Pour rappel, le coup d’Etat eût lieu le 22 mars, avec à sa tête le capitaine Sanogo ; la prise de contrôle des villes de Gao, Kidal et Tombouctou au Nord par les rebelles, intervenant le 1er avril.

 

Depuis, le processus de transition s’est enclenché. Les putschistes ont transmis le pouvoir le 6 avril suite à un accord avec la CEDEAO, mais restent influents. Une étape de plus vers la paix a été franchie hier avec l’officialisation de la création d’un corps de 1200 hommes, chargé d’assurer la sécurité du gouvernement et des parlementaires, pour l’année à venir. Ce corps d’élite sera formé de jeunes sortant des écoles militaires, et seront tous maliens. Cela va permettre au président par intérim, Dioucounda Traoré, de revenir dans son pays pour mener la restauration de l’ordre, lui qui avait été agressé dans le palais présidentiel.

 

La solution viendra donc surement d’une aide armée extérieure des pays voisins. Même si on peut y apporter deux réserves : la première vient d’une déclaration du nouveau président sénégalais, Macky Sall, qui a affirmé que son pays n’enverrait aucun soldat au Mali ; la seconde du ministre algérien des Affaires Etrangères, Mourad Medelci, qui a déclaré "qu’après un examen minutieux de la situation prévalant dans ce pays ces dernières semaines, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il existe de fortes chances de trouver une solution politique à cette crise". En somme, le brouillard s’éclaircit quelque peu autour de la situation malienne, mais on en reste pas moins aux prémisses d’une résolution de la crise que le pays traverse.

 

Sources : Le Parisien, Euronews, AFP.