Une fois de plus, l’Europe est prise en otage dans un conflit contractuel qui oppose Moscou à Kiev au sujet de la crise du gaz. Jeudi à 07h00 GMT, le géant russe Gazprom, cessait totalement ses livraisons à l’Ukraine, le principal transit du gaz russe vers l’Europe. Déjà vendredi, la Pologne faisait état d’une diminution de 6% de son approvisionnement en gaz naturel, quant aux opérateurs OMV et GDF, principaux pourvoyeurs de la France, on évoquait la nécessité de «puiser dans [nos] stocks». Encore faudrait-il savoir si les opérateurs européens pourront approvisionner tous leurs clients durant l’hiver, tandis que la crise entre Moscou et Kiev, elle, semble loin de se régler.

 

 

Gazprom, via son porte-parole, Sergueï Kouprianov, soutient que l’Ukraine vole le gaz en destination de l’Europe. «Nous avons déposé une requête pour 303 millions de mètres cubes, mais cela nous a été refusé et on nous a autorisés à acheminer 296 millions de mètres cubes.» Argue le représentant du géant russe. L’Ukraine ne semble pas, pour sa part, se formaliser de telles accusations, n’ayant pas nié n’avoir «aucunement honte» de détourner  les approvisionnements en gaz naturel. Disons qu’en matière de fiabilité, on a déjà vu meilleure que l’Ukraine. Depuis son entrée dans l’OSCE, l’ex-république soviétique, croule sous les dettes et y va de tergiversions, toutes plus sournoises les unes que les autres, quand vient le temps de payer ses factures en gaz naturel.

 

Mais Kiev est-elle vraiment de mauvaise foi, ou s’agit-il d’une autre stratégie de Moscou ? Souvenons-nous qu’en 2006, une crise similaire éclatait entre les deux nations, après que l’Ukraine eut adopté une politique pro-occidentale des suites de la Révolution orange de 2004. Le gaz russe, l’arme que Moscou braque sans cesse sur la tempe de l’Europe, lui servira encore à faire danser toute l’UE au rythme de sa polianka. Surtout depuis l’assermentation, jeudi dernier, du Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, succédant à Sarkozy à la présidence de cette UE. Tiens donc, quelle coïncidence ! La tâche sera certainement plus facile pour Alexandre Medvedev, en voyage pour Prague aujourd’hui même, de convaincre Topolanek de céder au chantage géopolitique et économique de la Russie. Le convaincre aussi d’isoler l’Ukraine, elle qui eut l’outrecuidance de soutenir la Géorgie lors de l’invasion russe, l’été dernier. Mais aussi d’avoir adhérer à l’OTAN, souvent taxé d’être le bras militarisé des USA. Topolanek, plus malléable et moins occidentalisé que son prédécesseur Sarkozy, deviendrait-il le nouveau pion qui permettra à la Russie de mettre l’Ukraine échec et mat ?

 

Pour l’instant, toute cette crise ne fait pas écho outre-atlantique; les Etats-Unis ayant d’autres sources de gaz naturel que la Russie. Toutefois, si la crise perdure au-delà du 20 janvier, pourrait-on s’attendre à une intervention diplomatique du nouveau président élu Obama ? Certains observateurs croient que non. La Russie, selon certaines sources, aurait enfin trouvé l’astucieux moyen de garder l’Amérique à l’écart de toutes controverses européennes. Le truc ? Simple, mais totalement illégal, consisterait à financer des partis politiques. En effet, un document secret ferait état d’une lettre envoyé par l’ambassade russe à l’équipe de la campagne du candidat défait John McCain, déclinant une demande de financement de cette dernière par la Russie. Est-ce possible ? La Russie invitée à financer des candidats à la présidence des Etats-Unis ? Le document en question fait toujours l’objet de sérieuses enquêtes, en vue de confirmer son authenticité, qui jusqu’à présent, n’a pas été remise en cause. 

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Si le document montre clairement que l’interlocuteur russe a refusé d’envoyer cette contribution financière à l’équipe de McCain, qu’en est-il pour la campagne d’Obama ? Lui qui a récolté près de ¾ de milliard $. Nous ne sommes pas sans savoir, comme le rapportait le Washington Post, l’existence de nombreuses anomalies dans le système de relevé de fond des deux candidats à la présidence américaine, ayant permis à «des donateurs d’utiliser un faux nom ou une carte de crédit volée pour verser des fonds à l’un ou l’autre des candidats». Ce qui, de prime abord, semble être une simple défaillance du système de financement des partis politiques, pourrait s’avérer être un stratagème volontairement orchestré afin de détourner les règles de la Commission électorale fédérale…A suivre…

 

 

Finalement, si aux dires des experts, l’Europe en 2009 sera  mieux préparée à faire face à une crise du gaz naturel, contrairement à 2006, il n’en demeure pas moins que cette crise n’est que la pointe de l’iceberg. Alexandre Medvedev, vice-président de Gazprom, aux allures d’un ministre des affaires étrangères, prenant la parole devant le président de l’UE pour défendre les intérêts de sa compagnie et un peu aussi de son pays. Personne ne s’en étonne. Pourtant, le vrai président Medvedev, depuis son Krémlin, contrôle toutes ses petites marionnettes, la danse de ses poupées russes dans l’unique but, tout en muselant l’Amérique, d’assujettir l’Europe.