L’organisation anti-avortement, Repent America, compare l’IVG à Hitler

"Les Allemands ont eu tort de soutenir Hitler, tu as tort de soutenir l'avortement".

Voilà le nouveau slogan de la ligue Repent America, d'un goût, vous me l'accorderez, douteux. Cependant, cette comparaison au représentant historique de la monstruosité humaine marque clairement la position des militants de cette fondation évangéliste, créée par Michael Marcavage et basée à Philadelphie.

Les opinions religieuses de ce dernier sont d'une transparence éclatante : l'homosexualité et l'avortement constituent les fleaux majeurs des sociétés contemporaines dans la mesure où seul l'enseignement traditionnel de la Bible doit guider les moeurs. "L'homme saint aux enseignements bibliques" qui faisait sourir à ses débuts, commence sérieusement à agacer les autorités publiques, lui reprochant de mener des opérations coup de poing sur le terrain contre ses deux principaux ennemis, la communauté gay et les défenseurs de l'IVG.

Cette année, le dirigeant évangéliste a bien choisi son moment pour pointer à nouveau le bout de son nez dans les bourgades américaines. Cette semaine se tient la National Coming Out Week, moment axé sur le militantisme homosexuel par de nombreuses célébrations au profit des identités lesbiennes, transexuelles et homosexuelles. Autant dire que le face-à-face entre le monde de Michael Marcavage et celui de l'association LGBTA, organisatrice de la manifestation, est pour le moins électrique!

Cependant, ne nous leurrons pas, le cas de Repent America est loin d'être unique aux Etats-Unis.

Depuis le célèbre arrêt de la Cour Suprême, Roe vs. Wade, ayant validé le droit à l'IVG (1973), de nombreux Etats se démarquent par leur farouche volonté d'obtenir l'interdiction du droit à l'avortement. Le tout sur fond de pancartes et affiches représentant des têtes de foetus désintégrées ou cadavres de bébés. Le culte de la campagne choc par excellence… 

A Washington, les Républicains font de la restriction à l'accès à l'interruption volontaire de grossesse leur cheval de bataille. A peine élu, Georges W. Bush, désireux de flatter une partie de son électorat ultra-conservateur, avait gelé le financement des organisations, associations internationales et locales pro-choice (appellation américaine des mouvements de défense du droit à l'avortement). En ce moment, la course à la Maison-Blanche ne déroge pas à l'eternelle querelle entre démocrates et républicains sur le droit à l'IVG. La colistière de John McCain, Sarah Palin, est d'une virulence extrême à l'égard de l'avortement. Pour Mme Alaska, il ne saurait être mis fin aux jours d'un bébé même dans les cas de viols ou d'incestes. Dernièrement, l'épouse de l'ex-vétéran du Vietnam, Cindy McCain, a voulu prendre du recul par-rapport à de tels propos, en précisant qu'elle ne soutenait pas ce point de vue mais le respectait tant bien que mal. Il  faut dire que les slogans de Sarah Palin ont de quoi gêner : hier, lors d'un meeting en Pennsyvalnie, des banderolles "Les bébés victimes de l'avortement pour McCain" ornaient l'estrade…

Pour lutter contre l'avortement , de nombreuses organisations pro-abstinence ont vu le jour. Au Texas, Etat très religieux des Etats-Unis, de jeunes filles de tout âge, louant l'abstinence sexuelle jusqu'au mariage, arpentent les rues entre soutiens des uns et collibés des autres. Là encore, l'intervention financière du Gouvernement pèse dans la balance. A titre d'exemple, le Longview Wellness Center, association phare de la défense de la virginté au Texas, gagne 1 million de dollars par an alors qu'elle ne dessert qu'une trentaine de quartiers!

Aujourd'hui, les chiffres relatifs à l'action des associations prônant l'abstinence, sont éloquents; ils démontrent le peu d'écho chez les jeunes de ces campagnes d'information. Pour reprendre le cas texan, les dépenses faramineuses engagées n'ont pas permis de lutter contre l'accroissement du taux de grossesses et de naissances adolescentes, bien au contraire, le taux est plus fort chaque année!

Les sociologues et les scientifiques précisent qu'il serait donc plus rentable d'abandonner l'éducation à l'abstinence afin de lui préférer les programmes de sensibilisation à la contraception. Ils ajoutent que le débat ne doit plus être porté sur la question de l'avortement mais sur celui de l'étendue du droit de disposer de son corps. Sarah Palin ne semble pas l'entendre de la même manière…