Loi sur la prostitution, ou comment se donner bonne conscience.

 

Pour des raisons de simplification, je ne parlerai que de prostituées au féminin, sachant tout de même qu’environ 15 % des travailleurs du sexe sont des hommes, que leur clientèle soit masculine ou féminine.

 

Les députés ont voté le projet de loi sur la prostitution, dont les trois mesures phares sont d’une part l’amende de 1 500 €uros pour le client (3 750 € en cas de récidive), la suppression du délit de racolage et la création d’aides pour sortir de la prostitution, notamment une autorisation provisoire de séjour de 6 mois pour les prostituées étrangères qui décideraient de sortir de ce milieu.

 

La suppression du délit de racolage est une bonne chose. L’autorisation provisoire de séjour risque d’être détournée par de « fausses » prostituées, des immigrées clandestines pourraient se déclarer prostituées et vouloir s’en sortir, uniquement pour obtenir cette autorisation de séjour.

 

La pénalisation des clients est une mesure inutile et contre productive.

En effet, elle ne mettra aucunement fin à la prostitution. Tout au plus aura-t-elle un effet dissuasif sur la prostitution de rue, qui se déplacera sous des portes cochères ou dans des impasses ou terrains vagues, au pire des cas, dans des appartements par le biais d’annonces sur internet via des smartphones ou autres systèmes, dans le meilleur des cas.

 

Malgré ce qui est dit publiquement et par de multiples voix, toutes les prostituées ne sont pas exploitées par des souteneurs ou autres truands, et certaines font ce métier par choix, par libre choix, notamment parce que le revenu peut être conséquent et qu’une certaine liberté existe quant aux horaires, à la charge de travail, etc…

Pourquoi nuire au travail de ces personnes ?

Et pourquoi néglige-t-on le côté positif de la prostitution, du point de vue du client ? Certains hommes (essentiellement) vivent dans une quasi misère sexuelle, et le recours a une prostituée est leur seul exécutoire.

Dans combien de couples où le côté sexuel est sinistré, l’union tient-elle encore parce que l’homme va assouvir ses pulsions avec une prostituée ?

Des personnes handicapées, face à la non-reconnaissance des assistants sexuels n’ont que la prostitution pour recours.

A-t-on envisagé combien de personnes, privées du recours à la prostitution, risquent d’agresser sexuellement des femmes, des jeunes, des enfants, mues par des pulsions devenues incontrôlables ?

 

 

C’est vrai, dans la majorité des cas certainement, la prostitution n’est pas choisie. Dans beaucoup de cas aussi, elle est de l’exploitation, voire de l’abattage.
La solution aurait été une légalisation de la prostitution, avec un développement d’un arsenal répressif sévère contre les souteneurs et autres trafiquants de femmes ou d’hommes.

Au lieu de lutter sérieusement contre ces exploiteurs, on préfère voter une loi (difficilement applicable selon la police), qui va ôter de la vue de nos élus les prostituées du coin de la rue, mais qui ne va résoudre aucun problème.

 

 

 

3 réflexions sur « Loi sur la prostitution, ou comment se donner bonne conscience. »

  1. En tout cas, maintenant, ça va faire cher la passe !
    Quinze cents euros à refiler au souteneur officiel (l’état), à ajouter au prix à refiler à la péripatéticienne (cinquante ? cent euros ?)…
    Brrr !
    Oui, comme vous le dites Delavoge, ça va en inciter quelques-uns à éviter les prostituées, jusqu’à ce qu’ils finissent par se jeter sur des malheureuses qui auront juste le tort de se trouver près d’un gars trop excité pour se retenir…
    Merci, la législation !

  2. Effectivement, c’est un probleme complexe qui a encore une fois été traité de façon absurde, en refusant d’ecouter et en alienant les principales interessées

    Pour rajouter de l’eau à votre moulin, d’apres la police, certaines prostituées etaient d’excellents indics et permettaient de demanteler des organisations mafieuses autour du proxenetisme et de la drogue; c’est aussi regrettable de se priver de leur concours.

    Mais le pire dans cette « tartufferie », c’est de faire croire qu’on va se donner les moyens d’aider ces prostituees à changer de vie.

    Il n’ y a deja pas de moyens pour aider les femmes battues à quitter leur maris; j’ai du heberger une connaissance quelques mois car elle n’avait aucun endroit où aller avant que son mari ne soit jugé

    Cela renflouera à court terme les caisses de l’Etat, puis les addicts passeront la frontiere; quant à la recrudescence du viol, c’est chose faite en Suede, pays abolitionniste

  3. J’ai déjà beaucoup écrit contre cette loi, ici et ailleurs.
    Qui a quand même un aspect positif : décriminalisation de l’activité, mais uniquement pour la ou le prostitué·e, ce qui incrimine quand même, de fait, cette activité, non ?
    Pour aller plus loin, je recommande la lecture de l’album BD (avec annexes, notes, &c.) de Chester Brown,[i] Payin’ for It[/i], traduit par [i]Vingt-trois prostituées[/i].
    L’auteur, en tant que client, certes, mais pas que puisque les heures de discussion ne lui étaient pas facturées, a enquêté auprès des indépendantes de Toronto.
    Elles, au moins, savent de quoi elles parlent.
    Mais nos déput&·e·s en font des demeurées irresponsables.
    Donc tant qu’à faire, éligibles à la Cotorep (allocs des handicapé·e·s).
    Là, on verra les véritables chiffres de la prostitution quand toutes et tous se verront ouvrir le droit à ce type d’allocation, d’office…
    Tous les chiffres ont été manipulés pour faire passer la loi, mais heureusement, au Sénat, cela ne passera pas de la sorte.

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