« L’obsession évaluative » ; une maladie Française?

 C’est au jour du 17 Octobre 2011 que le débat récent au conseil municipal du Havre a évoqué le dépistage précoce des élèves en difficulté. S’interrogeant sur l’évaluation en dernière année de maternelle, ce dernier a suscité de nombreuses réflexions quant à cette méthode particulièrement prisée par l’Education nationale. 

L’évaluation a sa propre science : la docimologie. Par cette dernière, l’instauration d’une relation de méfiance réciproque entre professeurs et élèves est quasi-inéluctable. Il est en effet important de noter qu’en France, les étudiants sont particulièrement soumis à la pression du redoublement, considéré comme la sanction suprême du système. De ce fait, l’acquisition de notes se révèle être un facteur majeur d’angoisse induisant des probables tentatives de triche. Certains voient par cet intermédiaire l’unique solution de passer entre les mailles du filet.  

Un second facteur interagit dans la relation professeur élèves, d’autant plus biaisée que les enseignant se croient toujours obligés de donner un pourcentage constant de mauvaises notes pour s’assurer de la présence d’un tiers de bons élèves, d’un tiers de moyens et d’un tiers de mauvais dans la classe. C’est ce qu’on appelle la « constante macabre ».

Inventé en 2003 par le professeur et chercheur en didactique André Antibi, ce terme dénonce à la fois le poids excessif de la note et la systématisation des mauvaises notes dans le système éducatif français qui sélectionne par l’échec : « Par constante macabre j’entends qu’inconsciemment les enseignants s’arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. » Les conséquences en résultant sont le découragement et l’exclusion de nombreux élèves. Ainsi, selon une enquête menée par Antibi 95 % des enseignants répondent que la constante macabre existe, ce qui signifie qu’ils reconnaissent ce pourcentage systématique de mauvaises notes.   

De même, si ce dernier a pu créer un parti militant pour la cause des élèves, le MCML (composé de 37 associations dont « les Cahiers pédagogiques » et reconnu par l’éducation nationale depuis mars 2009)  il n’en reste pas moins que dans certains pays scandinaves, les élèves sont notés à partir de la cinquième et parviennent en tête des classement internationaux. C’est  par exemple le cas de la Finlande ou de la Norvège. Dans ces pays, cette absence de notation ne signifie en rien que les élèves sont livré à eux-mêmes mais résulte de leur jugement considérant ce système comme destructeur pour les plus jeunes enfants.