COTE D’IVOIRE: Lehors-la-loi devient législateur

 

soro en meeting en 1990 pour le multipartisme

 

Voilà un personnage tristement célèbre qui a gravi en un temps record tous les échelons de la réussite sociale et politique, non pas par mérite mais par d’odieux chantages. En occident, on l’aurait appelée terroriste car ses méthodes ne différent en rien de celles de Ben Laden ou des talibans afghans et pakistanais ; user de la violence à des fins politiques. Lui, c’est Soro Guillaume Kigbafori dit « Tieni Gbanani l’enfant terrible ». Ce surnom lui a été donné par les ivoiriens pour illustrer toutes les terreurs qu’il a commises dans son pays. 

… chef rebelle en 2002

Il a en outre la réputation d’un homme intellectuellement moyen, marxiste léniniste au départ qui a combattu au coté de l’ancien président Laurent Gbagbo dans le tout puisant syndicat des élèves et étudiants de Cote d’ivoire, pour l’instauration de la démocratie dans les année 90. Après un virage à 360°, Soro Guillaume rejoint le camp adverse et retrouve celui qui deviendra son mentor Alassane Ouattara. Affinité idéologique ou tribale ? Toujours est-il que pour imposer ses convictions, l’homme prend en Septembre 2002 la tête d’une rébellion armée dont les sombres motivations consignées dans un livre intitulé Pourquoi je suis devenu rebelle, se résument en ces termes : « Les armes se sont imposées à nous au nom de la démocratie » par laquelle démocratie dont les clauses jusque là échappent aux normes standards connues de tous, il scelle la partition du pays et occupe avec ses hommes la moitié nord qu’il exploite pendant plus de 8 ans à son seul compte et au grand désarroi des peules qu’il a prétendu venir sauver de l’injustice en attaquant son pays.

Scéllant la paix avec Laurent Gagbo le 30 juillet 2007

Après l’échec de plusieurs médiations dont il en toujours tiré profit en obtenant à chaque fois des portefeuilles ministériels dans le gouvernement qu’il combat tout en continuant de régner en maître absolu sur la partie nord du pays, le président Laurent Gbagbo le fait premier ministre le 3 mars 2007. Commence alors une longue période d’imposture où Soro feint de regretter avoir pris les armes. Il va jusque même à demander publiquement pardon au peuple pour tous les préjudices subits et endors ainsi tout le monde.

avec son mentor Alassane Ouattara en 2011

En Novembre 2010, après la débâcle des élections présidentielles, il prête main forte à Ouattara qui prend le pouvoir par les armes avec la bénédiction de l’armée française. Pour cela, il sera reconduit dans ses fonctions de premier ministre puis décoré par le nouveau président de la république (voir http://www.come4news.com/cote-divoire-la-decoration-dun-chef-rebelle-89929).

Les accusations de crime contre l’humanité et de crime de guerre qui ont emporté l’ex-président à la CPI le guettent. « L’homme qui n’a peur de rien »-traduction en langue Sénoufo de son nom Kigbafori- en est tellement conscient qu’il a décidé de devenir député afin de revêtir l’immunité parlementaire qui le mettra à l’abrit de toute poursuite pendant au moins cinq. C’est donc sans surprise qu’il a été élu le dimanche dernier à plus de 90% des voix sous la bannière du parti au pouvoir dans une localité situé dans le nord, sa zone de prédilection. D’après des sources indiscrètes, il viserait même la présidence de l’hémicycle.

Sauf que pour tous les ivoiriens, Soro Guillaume restera un hors-la-loi qui a tout obtenu par la force et le chantage. C’est un personnage qui inspire plus la crainte que le respect. Les lois qu’il fera voter où votera au parlement ne changeront rien en la nature d’un homme qui n’a de mérite que les armes qu’il brandit pour se frayer un chemin.