L’Italie se déberlusconise

Les empires mettent de longues années pour se former, pour tisser toutes leurs ramifications, mais il faut peu de temps pour les détruire. Un peu comme un arbre avec une croissance lente et dont le déracinement peu prendre que quelques minutes avec une scie bien acérée. L’Italie a connu une de ces phases les plus sombres, les plus ineptes, sous les différents gouvernements Berlusconi. L’homme a clos sa parenthèse politique en novembre dernier sous les pressions des agences de notations. La finance, et non pas les mécontentements des italiens, a eu raison du Cavaliere.

 

L’aventure avait commencé en 1994, afin de consolider son emprise financière vacillante, Berlusconi se lança dans le bain politique. Il quitta pendant 17 longues années sa ville, Milan, là où il a semé les racines de son pouvoir.

 

Il s’y trouve sa fameuse villa d’Arcore où des soirées hard core eurent lieu, ses fidèles partisans et surtout les différentes parties de son patrimoine. Mediaset pour la télé et les médias, Mondadori pour les livres et les magazines, son équipe de foot, le Milan AC ou encore son holding d’entreprises, Finavest, soit au total, une vaste entreprise pluri professionnelle de 18000 employés  avec un chiffre d’affaire de 5.9 milliards de dollars.

 

Mario Monti, le nouveau Premier Ministre, l’a remplacé au sommet de l’Etat, une occasion pour Silvio Berlusconi de revenir à ses premières préoccupations. Rien ne va plus, son empire tremble et menace de s’écrouler. Le jour de sa démission, ses actions en bourse ont chuté du 12%, pire encore, Mediaset et Mondadori ont été dévalués par 2. Depuis 10 ans, la dégringolade se statue à plus de 80% de son estimation initiale.

 

L’année noire fut 2009, le Rubygate éclate et la lumière se fait sur ses fameuses soirées portant le doux nom de « Bunga-bunga ». Des réceptions où viennent des personnes respectables pour se livrer à des actions immorales, des orgies avec des prostitués mineures, avec consommation à outrance de boissons alcoolisées.

 

Le coup de semonce, les alliés politiques le quittent et sa majorité à l’Assemblée s’effrite. Plus les dettes de l’Allemagne et de l’Italie augmentent et plus le poids de l’Empire s’allège, une fatalité qui le pousse à la porte du pouvoir.

 

Les erreurs sont nombreuses, Silvio a souvent confondu intérêt personnel et intérêt public. Profiter de sa position de force pour accroitre d’avantage son autorité. Il a favorisé Mediaset avec diverses manœuvres pour éloigner les publicitaires de la télévision publique, la RAI, la privant ainsi de subventions vitales. Il a également augmenté la TVA, la faisant passer de 10 à 20%, sur les produits estampillés Sky TV, une chaîne concurrente appartenant à son rival Rupert Murdoch.

 

En outre, le désamour avec les italiens s’est forgé avec la pauvreté croissante des programmes. Le public s’est lassé des programmes insipides et fades, des émissions proposant des jeux débiles avec des présentatrices siliconées que l’on croirait tout droit venues de la rue après avoir fait le tapin. Ces mêmes filles que l’on croise plus tard sur les bancs vernies de l’Assemblée avec le titre de député ou de maire. La promotion canapé dans toute sa splendeur. Une attitude qui a fini par écœurer l’électorat italien.

 

Silvio est susceptible, lui qui disait aimer l’Italie au début de son mandat, lui qui faisait l’éloge de la grandeur italienne, a changé son fusil d’épaule en disant, en aparté, au téléphone, détester ce pays. Un état qu’il qualifie de déjection au fur et à mesure des protestations contre sa personne.

 

Il faut ajouter d’autres casseroles à son actif, notamment des mauvais investissements, comme dans la société hollandaise, Endemol, alors que celle-ci fait face à une dette de plusieurs millions d’euros, des dédommagements à verser à des adversaires pour vol de licences, ou encore un divorce médiatique avec une ex-femme furibonde qui réclame 3.5 millions d’euros de pension alimentaire par mois.

 

Bref, la tâche va être difficile pour redresser la barre. La voie généralement suivie des empires est le démantèlement, l’Empire d’Alexandre le Grand, l’Empire romain, l’Empire de Charlemagne, Napoléonien, Ottoman, etc. La liste est longue, tous ont fini par être disséqué par leurs héritiers et ont disparu avec les années. Celui de Silvio Berlusconi risque bien prendre la même direction.  

Une réflexion sur « L’Italie se déberlusconise »

  1. [b]en attendant la désarkonisation 😀 😀 😀
    mais surtout pas au profit de la hollandisation
    je verrais bien la bayrounisation ou juppénisation?[/b]

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