Nous travaillons, pour la plupart d’entre nous, sous environnement Windows et notre culture est « microsoftienne » pas forcément par choix, mais par habitude professionnelle. De même les logiciels que nous utilisons dans notre travail fonctionnent sous Windows. A titre personnel, lorsqu’il m’est arrivé de travailler avec des outils Open Source, c’était souvent avec pas mal de réticences. Cependant, j’ai décidé de franchir le pas et d’utiliser le logiciel libre. Par défi, par curiosité, mais aussi, quelque part, par démarche philosophique. Même si c’est un peut-être un bien grand mot pour décrire la chose.

Donc, J’ai installé une distribution linux sur mon PC personnel, récupéré l’équivalent des logiciels que j’utilise sous Windows et en route pour l’aventure ! Première impression : les distributions ne sont plus aussi difficiles à installer. Il fut un temps où il fallait faire preuve d’une patience infinie et de compétences certaines en informatique. C’est plutôt bien, les pilotes sont détectés et installés correctement… c’est un fait. Deuxième impression : c’est douloureux, vite : Mon bureau Windows ! Pas facile de remettre en question son mode de fonctionnement. Pas facile de remettre en question ses certitudes, ses repères, ses conditionnements. On se sent un peu comme un occidental pendant la guerre froide regardant la mécanique russe : robuste mais lourde, peu attrayante. Ce qui n’est pas plus vrai sous Linux. Le principal souci réside dans le passage d’un mode de fonctionnement  à un autre.

Je tenterais de faire ce parallèle : Windows est un pur symbole du capitalisme. Vitrine attrayante, facile, qui vous prend en main, vous entraîne dans un monde de détails au point de vous faire oublier l’essentiel. Vous mettez le doigt dans l’engrenage et ne pouvez plus vous en passer… La surenchère de fonctionnalités pour une utilisation souvent minimale, des changements permanents qui relancent la machine à consommer, toujours plus lourde, plus rapide. Le cercle vicieux des mises à jour, achat de machines plus puissantes, etc… L’Open Source, c’est un monde où il faut aller chercher en permanence ce que l’on veut. Où il faut beaucoup dialoguer sur les forums pour partager. Un univers où il faut apprendre à « faire avec ». Ça n’est pas que l’offre logicielle ne soit pas de qualité, bien au contraire !! Mais ça ne marche pas toujours comme on veut et facilement (sale habitude, du reste, donnée par Microsoft : tout doit marcher tout le temps !). Mais là, on ne peut tout de même pas accuser des types qui développent du libre : difficile d’en faire des boucs émissaires.

 Comme on le voit, ce qui va nous pousser vers l’un ou l’autre, ça n’est pas, à part pour les puristes de tel ou tel bord, les qualités respectives des produits. Non, c’est avant toute chose une tournure d’esprit, un mode de pensée. Un peu la différence entre le business et le monde associatifs, les pros et les bénévoles. Certes, Microsoft s’en tire haut la main. Mais imaginez qu’il ait l’idée saugrenue de ne pas fonctionner si vous n’avez pas payé vos licences… le libre serait alors une merveilleuse alternative ! De là à imaginer que Microsoft ferme volontairement les yeux sur la piraterie au nom d’une certaine hégémonie…