la biologie de synthèse est certes un boom technologique. C’est une avancée significative de notre ère, mais qui n’est malheureusement pas dépourvue de conséquences fâcheuses. Ses applications ont un impact considérable sur le devenir de l’humain.
L’une des grandes découvertes scientifiques des 150 dernières années est l’idée que l’ensemble de l’univers -y compris l’univers vivant qui nous a donné naissance a émergé et évolué spontanément, en dehors de tout projet. Cette notion a estompé les frontières longtemps considérées comme absolues entre animaux et êtres humains, corps et esprit, cellules et individus qu’elles construisent, matière et vivant… A chaque avancée de la recherche biologique (théorie de l’évolution, génétique, neurosciences), correspondent des interrogations éthiques non seulement sur les applications concrètes possibles de ces découvertes, mais plus fondamentalement sur les conséquences que ces représentations nouvelles peuvent avoir sur nos conduites et nos valeurs. Aujourd’hui, la biologie de synthèse nous confronte au projet de créer de novo des cellules vivantes, des bactéries pour commencer au rêve de créer et de maîtriser des « machines vivantes ».
Au regard de ce qui précède, nous pouvons à juste titre, nous poser la question de savoir ce que signifie réellement, la notion de « machine vivante ». Assurément, c’est une lapalissade d’affirmer que, ce qui différencie le vivant des machines est sa capacité à se reproduire, à évoluer et à faire émerger la nouveauté. Sur cette base, comment aborder un tel projet avec un état d’esprit d’« ingénieur » sans tenir compte du fait qu’il s’agit de construire des objets dotés de la propriété de surprendre l’« ingénieur » et de lui échapper ? N’y a-t-il pas, au cœur-même du projet, une contradiction entre le rêve extraordinaire d’être capable « enfin » de créer véritablement la vie, et l’espoir implicite qu’il ne s’agirait pas réellement de vie, parce qu’elle n’évoluerait que dans les directions que nous lui aurions imposées ? Ce sont ces questions anciennes que la biologie de synthèse revisite en les reposant en des termes radicalement nouveaux, toutes choses qui laissent entrevoir son impact sur l’avenir de l’homme. Celui-ci est pourtant pourvu d’une humanité qu’il se doit d’assumer en tout état de cause, et dans toutes ses dimensions. Il se doit en outre, de lui assurer le développement le plus étendu possible. Les envolées de la biologie de synthèse, ne font pas toujours bon ménage avec cette aspiration.
[b]Pour l’instant nous n’en sommes as là. Les applications envisagées actuellement, par exemple, remplacement de peau, d’organes, de membres y compris en mode biocyb ne concernent ni le cerveau ni le système reproducteur et il y en a pour probablement encore une, deux peut-être même trois générations, après ce seront nos arrières petit-enfants qui décideront..[/b]