Là, c’est le coup de grâce. Après Les Nouveaux Cons (déjà chez Michalon), qui arrosait les faiseurs, faux niais et faux nez, magouilleurs (dont politiciens, excusez la redondance), Étienne Liébig en a débusqué de plus frais et rétame les précédents au bazooka ou lance-flammes. Ce Les Nouveaux Cons – Saison 2, est inénarrable. Je me contente donc d’un nauséabond échantillon…
C’était de qui, déjà, cette histoire d’un toubib affecté en pleine cambrousse gelée ou torride, pas loin des confins sibériens, qui finit dans l’infâme et loqueteux pavillon des zinzins après n’avoir su sauver son condisciple et successeur de la morphine ? Pas Tolstoï, évidemment pas Tchékhov, ni Tourgueniev, ni même Gogol… Sans doute Boulgakov.
Étienne Liebig n’est pas le Boulgakov des Lettres françaises, mais il m’étonnerait peu qu’il ait lu Morphine ou encore Les Récits d’un jeune médecin (sinon, rue-toi dessus, Étienne). Tous les chapitres de ces Nouveaux Cons – Saison 2, semblent avoir été écrits sous l’emprise de la cocaïne (aussi d’une parfois parfaite mauvaise foi de pamphlétaire forçant le trait, massacrant d’une seule ligne indignée explosive sans ménager des alinéas : ah-ah, j’ai placé « ligne » et « trait » sous la seule influence du jaja).
Aïe-aïe-aïe, ouille-ouille-ouille ! J’ai pas mal fréquenté médecins et doctoresses (mieux que docteures, au moins sait-on qu’il s’agit de médical), francs soiffards, franches paillardes, soignant gratis les indigents, et leurs vagues à l’âme à l’hypocrace ou divers produits d’autres sarments inconnus d’Hippocrate. J’ai lu avec sympathie le blogue d’une jeune toubabe de cambrousse qui cherche un cabinet de groupe, si possible pas trop loin d’un gros patelin.
Je me souviens avec tendresse d’une gynéco de gros bourg (non, pas de jeu de mot, nous ne bourrâmes qu’une trop rare fois, trop peu pour filer la métaphore). Je sens que je vais créer des animosités en ne parlant (presque) que du chapitre « Les Nouveaux Médecins de campagne », chef d’œuvre de perfidie, de voltairienne exagération, de goguettière crébillonnerie (c’est selon, soit je me fâche avec les unes, d’autres, soit avec l’un, soit toutes et tous en ménageant le cube ou le bouillon de cultures médicales).
« Ces messieurs-dames aux études pratiquement intégralement payées par nos impôts, d’un coût de 120 000 euros en moyenne pour un généraliste… ». Notez que ce fut écrit avant que le chirurgien capilliculteur et madame la dermato-implantologue viennent chahuter la Zac des médias avec leur histoire de divorce et faire grimper de 10 000 les abonnements à Mediapart (merci les Cahuzac, du coup, les plus démunis auront plus largement l’abonnement gratis).
En sus, ces libéraux qui « ne vivent que sur l’argent de la Sécu », donc de l’argent public, fonctionnaires-patrons « sans chef de service », n’ont même pas l’obligation de se voir affecter tels d’autres (flics, profs, receveurs des impôts, autrefois postiers et chevau-légers) au bon gré de leurs administrations. Leur « marchandage immonde » avec l’État, car ils peuplent les deux chambres, fait que ces « assistés » ne veulent plus s’installer en cambrousse sans « petit » supplément. En fait un copieux pactole. « Les médecins devraient refuser et exiger qu’en plus de l’obole, ils aient accès à un harem, une Ferrari et huit masseuses ou masseurs thaïlandais » (pour les masseuses-masseurs, au moins, c’est politiquement correct, hiatus rare dans ce bouquin qui ne respecte rien).
Tout est à l’avenant. Oui, j’ai tout lu, Liebig, mais je ne voudrais pas plonger mes semblables dans le baquet de la sinistrose, donc je m’en tiens au corps médical : tu es infâme, ignoble, outrancier, véhément ludion, imprécateur que même Desproges n’aurait pas voulu avoir pour tænia de compagnie, et après ton chapitre « Les Nouveaux Avocats », j’espère bien que le barreau ne t’accordera pas la moindre commisération d’office.
Tout le monde en prend pour son grade (sauf moi, qui me suis retiré à temps : rien sur les futurs retraités impécunieux de la presse poireautant à l’ASS – zut, je viens de lui donner une nouvelle piste pour une saison 3). Dans l’abject, foutre ! Jacques-René Hébert pataugeait au moins en slip de bain. Liebig a dû virer libertaire d’ultra-droite, c’est sûr ! C’est – pouah – populiste, en se parant du coin riquiqui d’un prétendu bon sens qui ne dissimule même pas le méat du chibre de sa hargne. Bientôt, bientôt, en vérité, en vérité, je vous le prédis, attendez-vous à le savoir, on citera du Liebig (certes édulcoré) sur les ondes de Radio Courtoisie (tout leur est bon).
Tu ne trompes plus personne, Étienne, et je me retiens de ne pas refiler ton adresse à des copains syndicalistes musclés (c’est eux qui ont fait monter le complexe olympique de gym grâce au comité d’entreprise, histoire de faire de leurs engeances des as et des championnes et truquer les paris).
Il fut un Liebig (à peine) tolérable, mais cela, c’était avant… Les Nouveaux Cons. Un Liebig rigolard, impertinent, mais dans l’entre-soi d’un humour montypythonesque ne dépassant pas les bornes de l’autodérision facétieuse. Il n’est plus. C’était du temps des « Grandes Gueules » de RMC (j’imagine qu’il a été viré fissa), du Siné Mensuel qui, abusé, voulait faire crobarder Tanxxx (voir un billet antérieur de Come4News). Là, pas le moindre prout-prout à la Gottlieb, ce ne sont que rancœurs putrides et rance ressentiment, flatulences nappant les étrons d’un visqueux Cassandre nanifié.
Les ultrakekchose de tous bords, surtout opposés, en feront peut-être leur bible identitaire, mais là, Liebig, tu ne passeras plus par moi (enfin, c’est négociable… mais ne crois pas t’en tirer à bon compte).
Ce mépris total pour les petites gens (« Les Cons qui croient savoir bricoler ») m’afflige profondément (sache que j’ai réparé une chaise pliante laissée aux boueux, pardon, aux techniciens de l’urban sanitation, que même un professionnel estimait irrécupérable). Je ne te salue pas et considérez bien, braves gens, que ce Les Nouveaux Cons – Saison 2, actuellement à 16 euros pour 230 pages, ne vaut pas, même bradé à la Foirefouille ou chez un soldeur, de s’y attarder. Surtout, confisquez-le à vos enfants. Vous seriez obligés de les conduire chez les nouveaux psys, s’ils venaient à se reconnaître.
Cet « esprit » insalubre s’est abyssalement discrédité, mais ne le dites pas autour de vous, ce serait encore lui faire une malsaine publicité à ses sanies.
P.-S. – n’allez pas davantage voir la quatrième de couverture.