"Le New York Forum Africa fera de Libreville la capitale mondiale de l’économie". Ces mots forts sont de Richard Attias, organisateur du forum, mais reflètent bien l’état d’esprit régnant dans la capitale du Gabon. Personnalités politiques du monde entier se bousculent pour venir rencontrer ceux qui sont en train de faire l’Afrique de demain, qui commence aujourd’hui.
"L’Afrique n’est pas le futur, c’est maintenant" a dit le chanteur et homme politique sénégalais Youssou N’Dour en ouverture du forum qui durera jusqu’au 25 mai. Cette phrase promet d’être le mot d’ordre de la troisième édition du NYFA organisé par Richard Attias sous le haut patronage d’Ali Bongo. Plusieurs chefs d’Etat, de personnalités du monde des affaires, de la société civile seront présents. Plus de 1 000 personnes sont attendues dans la capitale du Gabon, dont une dizaine de chefs d’Etat africain comme de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de la Communauté économique de Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Fait notable, le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius sera également présent, signe que la "diplomatie économique" qu’il souhaite porter mettra l’accent sur le continent africain.
La particularité de l’édition 2014 de ce forum sera la très forte implication des jeunes. Un sommet des jeunes baptisé « African citizen summit » sera organisé durant cette rencontre. Il s’agira à cette occasion de rendre public les résultats de la première étude panafricaine consacrée aux attentes réelles des jeunes qui représentent plus de 40% de la population africaine. Les jeunes présents à ce sommet auront un dialogue direct avec certains chefs d’Etat ayant déjà confirmé leur participation.
Pourtant, malgré ce dynamisme, de trop nombreux médias et personnalités politiques françaises ne voient l’Afrique qu’à travers le drame de la Centrafrique, la menace djihadiste dans le Sahel ou encore le retour du virus Ebola.
Comme le dit Franz-Olivier Giesbert, « alors que le monde entier est fasciné par le grand réveil africain, les français sont, pour la plupart, dans le déni. Ronchons et routiniers, ils restent sur les vieux clichés. ». En effet, il suffit de voir la couverture médiatique des affaires du continent ou encore le peu d’empressement des personnalités françaises à se battre pour la francophonie, à l’exception du député PS Pouria Amirshahi.
Les chiffres sont là: l’Afrique est le continent dont le taux de croissance devrait connaître la plus forte accélération, passant de 5,1% en 2013 à 6,1% cette année. Les opportunités économiques sont donc réelles et la France devrait s’y intéresser, en cessant la condescendance post-coloniale qui semble parfois être toujours présente.
Les choses sont peut-être en train de changer: l’ancien Ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, a commandé un rapport à Jacques Attali, afin de « mieux mesurer le poids de la francophonie dans l’économie mondiale, d’identifier les secteurs porteurs où la francophonie est créatrice de valeur et de déterminer les actions à mettre en œuvre au bénéfice de l’économie française et de ses entreprises ». Le regard français sur l’Afrique changerait-il enfin?