Les mariages civils n’ont pas droit de cité au pays du Cèdre ; seuls les mariages religieux sont autorisés par la  loi libanaise. D’ailleurs tout ce qui a trait non seulement au mariage mais au divorce, à l’héritage relève exclusivement des compétences des autorités religieuses propres à chaque communauté. 

Pour exemple tout récent, un couple chiito-sunnite, Khulud Sukkarieh et Nidal Darwich qui, après un mariage religieux est passé, à titre symbolique, chez le notaire pour un mariage civil, s’est vu opposer une fin de non recevoir  par le ministère de l’Intérieur. Paradoxalement, alors que les mariages civils locaux sont illégaux, ceux contractés à l’étranger sont bel et bien reconnus au Liban. 

En effet concernant les couples mixtes, notamment lorsqu’aucun des deux conjoints ne souhaite se convertir à la religion de l’autre, l’alternative fréquente est de convoler à l’étranger pour embrasser le mariage civil et ceci souvent non loin du pays, à l’île de Chypre. Le président Hraoui en 1998 avait déjà proposé une loi à cet effet qui avait été acceptée par le gouvernement mais face à l’impérieuse levée de boucliers des autorités religieuses de toutes les confessions, ce projet avait été aussitôt abandonné. 

C’est bien en force que revient sur le devant de la scène cette épineuse question, après avoir été boostée par le récent tweet du président de la République à travers lequel il lui a manifesté son soutien inconditionnel. Contrairement au chef de l’Etat Michel Sleiman, le premier ministre Mikati lui, s’est catégoriquement désolidarisé du projet. 

Quant au mufti de la République, Mohamad Rachid Kabbani, il n’y est pas allé avec le dos de la cuiller, taxant carrément d’apostat ou de traitre tout musulman soutenant une telle légalisation. Et de surenchérir menaçant de ses foudres l’auteur d’un tel délit qui se verrait privé le jour de sa mort du rituel islamique : pas de linceul, ni de prières, ni d’accès aux tombes musulmanes ! 

Devant un tel déversement de hargne au nom de la défense de la religion, on croirait établie une indiscutable corrélation entre degré de conviction religieuse et mode de mariage ! Décrié ou pas quel que soit le choix des candidats, ce dernier ne renseigne pas sur leur obédience car les faux dévots peuvent se loger partout même sous de belles soutanes et sous des airs délurés de vrais croyants. 

Conclu de manière plutôt mécanique ce mariage qui n’a de religieux que le nom, constitue une manne financière intarissable ayant le vent en forte poupe ces derniers temps ! Sur le terrain, les avis sont aussi partagés car d’après un récent sondage 51% des Libanais soutiendraient le projet s’il est facultatif alors que 46% sembleraient attachés à la forme religieuse.  

Marwan charbel le ministre de l’Intérieur a décidé de faire plancher des experts juridiques  sur les question de législation ayant rapport avec ce mariage civil. 

A la place de l’Etoile au centre ville de Beyrouth un sit-in place est prévu pour demain à partir de 15heures. Même si le ridicule ne tue pas, il est temps de stopper ce contournement de l’absence de loi en en mettant une en place, en bonne et dûe forme, rendant accessible le mariage civil à tous ceux qui font le libre choix de l‘adopter sans que soit porté de jugement farfelu à leur encontre « Si derrière toute barbe, il y‘avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes prophètes« . C‘est bien loin d‘être le cas et la marchandisation des religions bat son plein, malheureusement surtout par ces prétendus gardiens de Dieu !