L’Exorciste 1973.

Que dire de cette incontestable pièce maitresse dans l’univers de l’épouvante ?

La réalisation totalement maitrisée de William Friedkin (encore auréolé du succès de French Connection), le montage élégant de Norman Gay et d’Eran Lottman. La distribution parfaite : d’Ellen Burstyn en mère désespérée, au magistral Max Von Sydow, inoubliable en père Merrin, en passant par la frêle adolescente Linda Blair, terrifiante de crédibilité en fillette possédée, les séquences aux images subliminales apportant encore plus un climat oppressant,  l’inoubliable partition musicale de Stève Boeddeker y est pour beaucoup dans la réussite de ce film, instaurant cette ambiance angoissante et malsaine à chaque instant.

37 ans après sa sortie, ce film possède toujours un impact considérable, véritable source d’inspiration pour nombre de réalisateurs. Un trésor du septième art.

Cultissime…


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Histoire de se remémorer la trame de ce chef d’œuvre du cinématographe, je vous place le synopsis :

« En Irak, le père Merrin est profondément troublé par la découverte d’une figurine du démon Pazuzu et les visions macabres qui s’ensuivent.

Parallèlement, à Washington, la maison de l’actrice Chris Mc Neil est troublée par des phénomènes étranges : celle-ci est réveillée par des grattements mystérieux provenant du grenier, tandis que sa fille Reagan se plaint que son lit bouge.

Quelques jours plus tard, une réception organisée par Chris est troublée par l’arrivée de Reagan, qui profère des menaces de mort à l’encontre du réalisateur Burke Dennings.

Les crises se font de plus en plus fréquentes. En proie à des spasmes violents, l’adolescente devient méconnaissable.

Chris fait appel à un exorciste. L’Eglise autorise le père Damien Karras à officier en compagnie du père Merrin. Une dramatique épreuve de force s’engage alors pour libérer Reagan ».

Honte à la Warner !

La version de 1973 est incontestablement la meilleure aux yeux des « puristes », elle est malheureusement massacrée en DVD du fait de l’utilisation catastrophique du Pan&Scan, ainsi que d’une bande son non remastérisée, ce qui nous offre des dialogues quasi-inaudibles, alors que les bruitages font littéralement exploser les enceintes.

La version DVD de 2003, si elle a été bien mieux soignée au niveau technique, par contre se caricaturise par le rajout de nombreuses séquences n’apportant rien à l’œuvre originale, bien au contraire.

En bref le rêve ultime serait de voir la Warner rééditée la version de 1973 au format Letterbox, et le tout agrémenté avec une bande son adaptée.

Ce film est adapté du best-seller éponyme de William Peter Blatty, qui au passage signe le scénario, tiré d’une histoire bien réelle.

La « violence » de ce film, blasphématoire ou pas, est déjà énorme, que cela soit visuellement ou verbalement, mais voir en plus de telles attitudes et expressions sur le visage ou dans la bouche d’une enfant de cet âge en décuple la aussi la réception pour le spectateur.

D’une sobriété exemplaire pour le genre, le film excelle à tous les niveaux. Que cela soit visuellement (aucun effet de style superflu), dans sa thématique (la possession de Reagan ne serait-elle pas finalement la symbolique d’une crise d’adolescence effroyable dû à l’absence d’un père couplé au sentiment de culpabilité du père Karras suite au décès de sa mère), et dans la rhétorique (la chambre étant présenté comme l’antre de la bête). Le film de William Friedkin distille savamment une angoisse sourde qui accompagne le spectateur bien au-delà du générique de fin.

Le soin particulier apporté au son et bruitages, permit à Robert Knudsen et Christopher Newman de décrocher un oscar bien mérité.

Ce film est un monument du cinéma fantastique et du cinéma tout court. Un grand classique qui n’a pas pris une ride (n’en déplaise aux sempiternels critiques…).

La plus grande bataille de toute l’Histoire : la lutte du Bien contre le Mal. La séquence en Irak, à priori anodine, résume à elle seule l’atmosphère paranoïaque, angoissante et terrifiante de l’œuvre.

Des ouvriers borgnes aux regards inquiétants, des marteaux qui s’entrechoquent dans un chantier, une charrette qui surgit de nulle part avec à son bord un passager plutôt louche, comme possédé, le temps qui se fige sur une pendule, des statuettes grimaçantes, un coucher de soleil grandiose qui partage les deux : d’un côté l’exorciste-de l’autre son adversaire : l’effigie du Démon. Sublime !

Finalement la véritable horreur dans ce film est cette chose métaphysique que l’on ne peut pas montrer, qui s’insinue dans tous les individus et qui fait finalement partie de notre condition humaine. Pour toutes ces raisons l’angoisse fonctionne parfaitement et peu de films d’épouvante offrent ce côté presque intemporel.

Je n’ai pas parlé de la musique de Mike Oldfield, qui à l’origine n’était pas destinée pour ce film, mais une volonté de William Friedkin adorant Tubulars Bells et qui décida de l’intégrer à ce chef d’oeuvre, un pari pour le moins réussi.

Pour conclure une vidéo :

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