Lettre ouverte à un putschiste

Tapis dans l’ombre, guettant les faits et gestes du pouvoir légal en place et foulant au sol les lois républicaines de ton pays, tu attends le moment propice pour surgir et tout remettre en cause. Putschiste en actes et en pensées, ton pays souffre de pauvreté à cause de toi.  

Dans l’exercice de ton métier, tu as deux façons de faire parler de toi. Tu attends soit que le président en fonction de ton pays meurt pour débarquer et t’imposer à ton peuple, crachant ainsi sur les règles constitutionnelles établies pour la continuité de l’exécutif.

Ou bien tu réveilles tout le monde, un beau lever de jour par un torrent de balles. Quelque soit celle que tu choisis, déstabiliser reste ton seul objectif.

Avec toi, le décor est le même: hommes en treillis, chars, kalachnikovs, lance roquettes…, de quoi faire peur une femme enceinte au point de faire une fausse couche. Et puis une fois que tu t’es installé, tu commences par dissoudre le gouvernement en place et les institutions de l’Etat, à rejeter la constitution, à reformer l’armée, bref! c’est un peu comme si tu "formatais" ton pays en un clic, pardon! en un discours pour imposer tes idées.Ensuite, une fois dans tes nouveaux habits de président, tu cherches à mettre ton peuple en confiance, lui qui jusque là est resté traumatisé par tes suiveurs en armes. Ainsi, tu essaies de lui faire comprendre que tu n’es pas attiré par le pouvoir, que tu es juste là pour "balayer" la maison, organiser et arbitrer les élections et puis foutre le camp. Mais le problème avec toi, c’est que tu ne respectes jamais ta parole. En réalité, le pouvoir est la seule chose qui t’intéresse et tu feras tout pour ne pas bouger.

Et quand ton peuple, après avoir compris qu’il s’est fait berné, essayera de se révolter, tu te montreras sanguinaire. Tu lui réserveras une répression meurtrière! La couleur de son sang ne t’émouvra point, le pouvoir étant ta hantise.

Et tant qu’un autre, comme toi, ne vienne te faire sauter comme tu l’as fait à ton prédécesseur, tu t’éterniseras à la présidence.

Souvent, quand le président en place résiste à ton putsch et déjoue tes plans, tu ne lâches pas prise et crées une rébellion armée. Et là, on assiste régulièrement à des affrontements entre ta bande armée et les forces loyalistes. Au pire des cas, c’est la guerre civile! Insécurité, morts en cascade, arrêt des activités économiques, écoles fermées, hôpitaux bombardés, administrations saccagées…Ton pays affiche un visage sale pathétique et dégoûtant! Il devient une destination de misères ou la pauvreté règne partout. Et toi, que deviens tu après?Ton sort nous intéresse peu. C’est plutôt le mal que tu fais à ton pays qui nous écoeure! Si tu l’aimes vraiment et que tu penses avoir des idées pour le diriger, tu devrais attendre ton tour et laisser celui qui est en place faire son travail. Même si tu estimes qu’il le fait mal, tu dois respecter le choix du peuple qui l’a mis là où il est. Il est temps que tu apprennes à respecter ta constitution et à développer un esprit démocratique. Enlève ton habit de putschiste et porte enfin et pour toujours celui du patriote!