Le chef historique ayant tout juste fini de présenter, début janvier, ses vœux, que déjà une nouvelle bataille s’annonce au FN. En effet d’ici à une semaine le parti se sera doté d’un nouveau président non sans que cette élection ne se fasse sous les traits d’un certain conservatisme des hommes er des idées. A une semaine des votes revue d’effectifs des forces en présence.

Le 16 janvier 2011 au soir la page Jean Marie Le Pen aura été définitivement tournée pour les adhérents du F.N.. C’est en effet à la suite du congrès de Tours organisé les 15 et 16 janvier 2011 que le parti sera doté d’un nouveau président.

Sur la question tout a été dit de l’antagonisme et des différences opposants les deux candidats en lice, Marine Le Pen et Bruno Gollnisch. Plus massivement plébiscitée par l’opinion publique, plus à l’aise dans les médias, porteuse du nom historique, pour le parti, de Le Pen, la première fait incontestablement figure de favorite. Ses récentes déclarations pleines de certitude et de confiance concernant sa probable victoire ne faisant qu’attester la conviction qui est déjà sienne de l’emporter. Ses comparaisons récentes entre Islam et occupation allemande n’étant là que pour rassurer la base du parti et les admirateurs du père sur les idées bel et bien extrêmes de la fille.

Et pourtant son adversaire a beau jeu de répéter la vieille conviction maurassienne entre « pays légal et pays réel » pour continuer à croire en ses chances. Appliquée au petit jeu interne du F.N. cette phrase devenue « parti légal, parti réel » tend à faire admettre l’idée d’une Marine portée par les médias sans assises à l’intérieur du parti. Gollnisch qui se voit comme plus ancré et légitime dans le parti continuant par ce biais à croire en sa chance.

C’est pourtant oublier que les logiques d’opinion peuvent, même au sein du F.N., influencer le vote des militants. Mais c’est surtout ne pas avoir compris que cette élection se fera avec des forces assez similaires, idéologiquement parlant, et égales, en nombre.

Car loin d’être tout à fait déconnectée du parti Marine Le Pen pourra compter sur ses réseaux et nombre d’influents soutiens. Ainsi s’esquissent les contours d’une élection qui de nouveau tournera autours des mêmes lunes et des mêmes soldats.

Une revue d’effectif des forces en présence l’illustre éloquemment. Car s’il est clair que Bruno Gollnisch incarne les tendances historiques et conservatrices du F.N. Marine Le Pen n’est pas dénuée de soutiens  anciennement ancrés dans le parti.

Un fait illustre cette opposition : ce que chacun des deux candidats entend admettre comme l’avenir souhaitable du FN. D’un coté Marine Le Pen dit vouloir « déguéttoïser » le FN pour lui ôter « sa tunique de Belzébuth », là où son adversaire aspire à plus de continué, non sans rêver, lui aussi, d’un débauchage massif des franges les plus extrêmes de l’UMP, dans l’optique d’une prise de responsabilités politiques à plus ou moins brèves échéances.

Mais malgré ce souci de modernisation du FN force est de constater que les soutiens internes de Marine Le Pen sont bel et bien des historiques du FN. Car pour répondre au ex Œuvre française (Benedetti, Georgy, Gabriac), aux « anciens » hommes forts du FN  (Holeindre, Reveau ou Subtil) et autres maurassiens et catholiques traditionalistes (Navarranne ou Le Bourgeois) qui peuplent le camp Gollnisch, on a, du coté Marine, mobilisé les grands moyens.

En effet sous la férule de Louis Aliot se pressent les nationalistes révolutionnaires (Christian Bouchet), les ex GUD (Chatillon, Peninque), quelques ex Œuvre Française (Latruwe, Maillard), mais surtout les ex mégrétistes (Bilde, Briois, Leroy, Bay, Daude, Bouchet…)

Ces derniers, très influents, puisqu’ils forment incontestablement les plus proches et les plus impliqués des conseillers de Marine Le Pen, sont là pour répondre à l’équipe Gollnisch, elle davantage construite sur l’ossature de l’œuvre Française.

Sur le chapitre des idées on ne bougera pas beaucoup non plus. Après avoir réitéré son souverainisme sur la question européenne Marine Le Pen s’est fendue, au mois de Novembre, d’un programme social tout en contestation des dégâts de la mondialisation et en exigence de protection.

Les vieilles provocations du père semblent bel et bien remisées au placard, c’est ce que Marine appelle « déguétoïser » le parti, sans pour autant que le fonds d’idées ne change.  L’immigré reste à abattre pour le parti, l’Europe fait toujours figure d’épouvantail, et enfin l’anti sionisme (parfois intransigeant et extrême comme chez Christian Bouchet) aura, lui aussi, toute sa place.

On le voit donc ce sont bel et bien les mêmes qui vont se partager le pouvoir au sein du FN.

Ce qui pose la question de la fin du cordon sanitaire (comme certains le réclament) qui avait pu, un jour, tenter de contenir la progression du parti.