Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 22,

pouvait-on éviter la Première Guerre mondiale ?

 

Pour s’interroger sur «pourquoi pouvait-on éviter la Première Guerre mondiale», ne faut-il pas analyser l’état des pays qui sont à l’origine de cette Grande guerre ? Il y avait quatre grands pays qui avaient des visées expansionnistes, le royaume d’Italie, l’Empire Austro-hongrois, et l’Empire Allemand, et la France revendiquant l’Alsace et la Lorraine annexés par l’Allemagne en 1871. A la fin du XIXème siècle la carte politique de l’Europe est resserrée. Les conditions de la Première Guerre mondiale sont donc très nombreuses et complexes, et elles ont suscité de nombreux débats entre historiens, surtout concernant la responsabilité de l’Allemagne. Entre 1871 et 1914, nombreux sont les facteurs qui ont contribué à déstabiliser un certain équilibre des puissances Européennes. L’impérialisme adopté par les pays Européens, surtout la colonisation en Afrique, la montée en puissance de l’Allemagne, qui favorisera le développement des alliances, surtout défensives, entre les États et l’expansion des mouvements nationalistes en sont les principaux facteurs.

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Carte des régimes politiques à la veille de la Première Guerre mondiale

Tout d’abord l’Italie qui venait d’être unifiée en constituant le Royaume d’Italie. Le Risorgimento , renaissance ou résurrection, dans la moitié du XIXème siècle les rois de la maison de Savoie unifient la péninsule Italienne par l’annexion de la Lombardie, de Venise, du Royaume des Deux-Siciles, du Duché de Modène et Reggio, du Grand-duché de Toscane, du Duché de Parme et des États pontificaux au Royaume de Sardaigne.

L’Italie devient ainsi une puissance politique provoquant un tournant dans les relations internationales. Dans la décennie précédant la Première Guerre mondiale, l’Italie qui est gouvernée au centre, se développe économiquement, et se crée un Empire colonial, mais est marquée par une explosion de l’émigration et une forte effervescence nationaliste. La vie politique est dominée par la figure de Giovanni Giolitti, président du Conseil à cinq reprises de 1892 à 1921. L’instabilité des gouvernements Italiens est bien connue. Giovanni Giolitti symbolise l’arrivée au pouvoir d’hommes n’ayant pas participé au Risorgimento. Giolitti pratique la corruption et les pressions électorales pour disposer d’une majorité pour renforcer politiquement le centre. En 1904, il obtient du pape un assouplissement du non expedit, les catholiques peuvent alors participer aux élections locales.

En 1913, le pape Pie X autorise la participation aux élections législatives. En 1912, la loi établissant le suffrage «universel» masculin est votée. Après le retrait de Francesco Crispi président du Conseil du 7 août 1887 au 6 février 1891, puis du 15 décembre 1893 au 14 juin 1896, l’Italie se rapproche de la France. En 1896, elle obtient un statut spécial pour les ressortissants Italiens de Tunisie en reconnaissant la domination Française, et en 1898 un nouveau traité de commerce est signé. En 1900 l’Italie, dans un accord secret avec la France, promet de rester neutre si l’Allemagne l’attaque bien que l’Italie a toujours des prétentions sur Nice et la Savoie. Cependant elle renouvèle son alliance, la Triplice, avec l’Allemagne, et l’Autriche en 1902, 1907 et 1912, ce qui montre, fraîchement unifiée, qu’elle est loin d’être claire dans sa politique étrangère. L’Italie indécise ne savait pas prendre position, jouant un double jeu, et finalement a préférer la neutralité pour ensuite entrer en guerre contre l’Autriche le 23 mai 1915, et rejoindre ainsi la Triple-Entente, France, Russie, Royaume-Uni.

Pour faire oublier la défaite d’Adoua de 1896 opposant l’Empire éthiopien au Royaume d’Italie, et faire face à son énorme pression démographique, l’Italie a presque autant d’habitants que la France sur un territoire moitié moins grand et peu favorable en certaines régions, l’Italie renoue avec l’expansion coloniale. En 1911 du 29 septembre au 18 octobre 1912, l’Italie attaque les Turcs dans leur possession de Libye, ce conflit permit à l’Italie d’obtenir les provinces ottomanes de Tripolitaine, de Cyrénaïque et du Fezzan. Ces provinces formèrent la Libye italienne. Durant ce conflit, les forces Italiennes occupèrent le Dodécanèse dans la Mer Egée. Au traité de Lausanne, dit aussi Traité d’Ouchy, signé 24 juillet 1923 qui est le dernier traité résultant de la Première Guerre mondiale, la Turquie, par ailleurs en guerre dans les Balkans, cède la Libye italienne à l’Italie, qui garde le Dodécanèse. L’Albanie, confirmée dans ses frontières en mai 1913 par le Traité de Londres, l’Italie en dispute l’influence à l’Autriche, le porte Autrichien de Trieste, l’Albanie assurant le contrôle de la mer Adriatique. Cette politique crée des tensions dans la Triplice, et peut expliquer la neutralité Italienne dans les premiers mois de la Première Guerre mondiale.

À Rome, le gouvernement est dirigé par Antonio Salandra depuis le 21 mars 1914 au 18 juin 1916, succède au gouvernement Giolitti en raison d’une forte croissance de la gauche révolutionnaire. Conscient de son inexpérience en matière de politique étrangère, Salandra fait entrer dans son gouvernement, comme ministre des Affaires étrangères, l’un des experts diplomatiques Italiens, le marquis de San Giuliano. Victor-Emmanuel III, depuis son couronnement, a laissé gérer les affaires de l’État par les gouvernements. Le marquis de San Giuliano est donc l’instigateur de la politique étrangère Italienne au cours des mois qui suivent sa nomination. Les ligues de paysans d’Émilie et de Romagne s’insurgent lors de la «Semaine Rouge» en juin 1914. Salandra agit avec fermeté et prudence afin de maintenir de l’ordre, ce qui va sceller la défaite des socialistes aux élections locales de juin-juillet.

Le 28 juin, tandis que le monde politique Italien se partage autour des questions de politiques intérieures, la nouvelle de l’attentat contre l’héritier de la couronne Autrichienne arrive de Sarajevo. Celle-ci est accueillie sans inquiétude particulière et même avec un certain soulagement, car l’archiduc François-Ferdinand, neveu de François-Joseph Ier, est considéré comme étant hostile à l’Italie et sa prochaine succession au trône Autrichien était considérée, par les Italiens, comme une menace potentielle de leurs intérêts. François-Ferdinand contribue par sa mort prématurée à encourager les «décisionnistes» de Vienne à résoudre une fois pour toutes, l’épineux problème que constitue Belgrade pour le gouvernement Autrichien.

Le 26 avril 1915, au terme d’une longue négociation, le ministre des Affaires étrangères Sidney Sonnino signe le pacte de Londres, sans l’approbation du parlement Italien, avec la Triple-Entente. Celui-ci promet à l’Italie, en cas de victoire, Trente et le territoire jusqu’au Brennero, les villes de Gorizia, Trieste et Gradisca d’Isonzo, l’Istrie, à l’exclusion de Fiume, jusqu’à la baie de Kvarner et une partie de la Dalmatie. A ceci, s’ajoute les accords sur la souveraineté sur le port Albanais de Vlora, la province de Adalia en Turquie, et une partie des colonies Allemandes en Afrique. C’est donc bien par esprit expansionniste sous l’impulsion des forces nationalistes, qui deviendront fascistes, que les Italiens entrent en guerre contre l’Autriche.

Au traité de Versailles le 28 juin 1919 l’Italie n’a pas obtenu des alliés les territoires qui lui avaient été promis. Finalement c’est à la suite du traité de Rapallo en 1920 entre les royaumes d’Italie et de Serbie, des Croates et de Slovènes que sont indexés à l’Italie le Trentin-Haut-Adige Trieste, et l’Istrie à majorité Italophone, Gorizia et Gradisca, et certains districts de la Carniole, Postojna, Ilirska Bistrica, Idria, Vipava, Ajdovščina, et des Îles.

L’Empire Austro-hongrois est formé de l’Empire d’Autriche et du royaume de Hongrie, ils sont unis par la famille Habsbourg-Lorraine. La «Double-Monarchie» qui est créée en 1867 par le «compromis Austro-hongrois». C’est une mosaïque de peuples comprenant des Allemands, des Hongrois, des Tchèques, des Slaves, des Polonais, des Ukrainiens, des Serbes, Croates et Bosniaques, des Slovènes, des Italiens, et des Yddishs. En 1914 ils sont 52,8 millions d’une monarchie pluriethnique.

L’Empire Allemand et l’Autriche-Hongrie, les Empires centraux, constituent une alliance sous le nom de Duplice, (Zweibund), qui devient la Triplice, (Dreibund), ou Triple-Alliance quand l’Italie vient rejoindre l’alliance constituée par l’Empire allemand, et l’Empire austro-hongrois . François-Joseph 1er tente de compenser les tensions internes et externes créées par le compromis de 1867, en inaugurant le Drang nach Osten, (expansion vers le sud-est, vers les Balkans). Cette politique suit en fait une logique de consolidation des positions acquises face à l’expansionnisme Russe et la décomposition de l’Empire ottoman.

La deuxième Guerre balkanique qui dura du 16 juin au 18 juillet 1913 opposa la Bulgarie, mécontente du partage des gains de la Première Guerre balkanique à ses anciens alliés, la Serbie et la Grèce. Les armées Serbes et Grecques échouèrent à repousser l’offensive Bulgare. La nouvelle guerre provoqua l’entrée en guerre de la Roumanie alors en différent frontalier avec la Bulgarie. Lorsque les troupes Roumaines approchèrent de la capitale Sofia, la Bulgarie demanda un armistice qui déboucha sur le Traité de Bucarest, dans lequel la Bulgarie céda la majeure partie de ses gains issus de la Première Guerre balkanique à la Serbie, à la Grèce, à la Roumanie et à l’Empire Ottoman. La guerre provoqua la rupture de l’alliance Russo-bulgare, laissant la Serbie seule alliée de la Russie dans cette région importante. C’est pour cela que la Serbie reçut le soutien total de la Russie lors de la crise de juillet 1914 qui mena à la Première Guerre mondiale.

La politique slave de François-Joseph 1er s’oppose aux visées de l’Empire russe sur les Balkans dans le cadre du démembrement envisagé de l’Empire ottoman. Les ambitions antagonistes des deux puissances impériales sont l’une des causes de la Première Guerre mondiale. Suite à la guerre Russo-turque de 1877-1878, le traité de Berlin confie à l’Autriche-Hongrie l’administration de la Bosnie-Herzégovine ottomane. Cette province a une population composite et elle est géographiquement encastrée dans les territoires Austro-hongrois. L’Empire annexe ce territoire en 1908, dernière annexion des Habsbourg-Lorraine, malgré l’opposition de la Russie et de la France. La politique étrangère de l’Autriche-Hongrie finit par apparaître agressive. C’est elle qui déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914. Elle saisit le prétexte de l’assassinat du prince héritier par un jeune Serbe pour éliminer un État qui vise à la déstabiliser pour rassembler tous les peuples slaves du Sud.

La Conférence de Berlin fut l’organisation et la collaboration Européenne pour le partage et la division de l’Afrique en fixant les règles officielles de sa colonisation sans que le peuple Africain y participe ainsi que les États d’Afrique. Elle débuta le 15 novembre 1884 à Berlin et finit le 26 février 1885. À l’initiative de Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège et la Turquie ainsi que les États-Unis y participèrent. Une conférence antérieure initialisa le débat sur la conquête des Congos et amorça ainsi le début des luttes coloniales. L’impact direct sur les colonies fut une vague Européenne de signature de traités.

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, l’appétit Européen est stimulé par la découverte de richesses insoupçonnées, à l’image des mines de diamants du Transvaal découvertes en 1867. Durant les années 1880, les visées colonisatrices Européennes en Afrique s’intensifient jusqu’à créer des tensions entre les différentes puissances. En 1881, la France occupe la Tunisie, froissant au passage la susceptibilité de l’Italie, pose ses premiers jalons dans les territoires constituant l’actuelle République du Congo et s’empare de la Guinée en 1884 après en avoir évincé les Portugais. En 1882, le Royaume-Uni s’empare de l’Égypte, une province de l’Empire ottoman avant de se tourner vers le Soudan et l’actuelle région du Somaliland, que les colonisateurs dénommeront en 1884 Somalie britannique. En 1885, l’Italie prend possession d’une partie de l’Érythrée, alors que l’Allemagne déclare en 1884 avoir pris possession du Togo, du Cameroun, du Sud-ouest africain l’actuelle Namibie, et de l’Afrique Orientale Allemande en 1885.

Dans ce contexte nationaliste, expansionniste et colonisationiste, l’Autriche-Hongrie entre dans la guerre pour protéger ses intérêts dans la péninsule des Balkans, ainsi que son existence, qu’elle voit menacée par la Russie. Lorsque la guerre éclate, les différences entre les groupes de peuples Austro-hongrois deviennent secondaires. L’Autriche-Hongrie ne souhaite pas seulement incorporer certaines parties de la Serbie à son territoire, mais également certaines parties du Monténégro, de la Roumanie, de l’Albanie et de la Pologne russe. L’Autriche-Hongrie tient à l’idée universelle de l’Empire et aussi à celle d’État multinational. Pendant les premières semaines de la guerre, avant les cuisantes défaites en Galicie et en Serbie, les dirigeants Autrichiens se sont permis de formuler des buts territoriaux précis. Quelques semaines plus tard, la survie a éclipsé les plans d’acquisition.

A la suite du traité de Versailles et des traités annexés, L’Autriche -Hongrie sera découpée en,

* une Autriche réduite au territoire occupé par des germanophones ;
* un État hongrois indépendant ;
* la Tchécoslovaquie, État principalement binational, Tchèques et Slovaques, mais avec une forte minorité germanophone, sudètes, et d’autres minorités, polonaise, hongroise, ruthène.
* d’autres morceaux de son territoire vont à la Roumanie, la Transylvanie avec de fortes minorités hongroise et germanophone,
* l’Italie les provinces germanophone de Bolzano et Italienne de Trento, la ville de Trieste
* pour récompenser la Serbie, une fédération des Slaves du sud est créée, la Yougoslavie dite alors officiellement Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, comportant Serbie, Monténégro, Croatie et Slovénie, plus la Bosnie-Herzégovine, région multinationale et une minorité hongroise.

La carte de l’Europe en 1923.

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La suite 23 sera sur l’Empire Allemand.

 

5 réflexions sur « Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 22, »

  1. tout ceci est la partie émergé de l’iceberg de l’histoire
    mais dessous que ce passe t’il qu’elles accord sont passes

    pourquoi avoir massacre tant de paysans aussi bien français qu’allemand
    pour qu’elle but ?
    c’est cela que j’aimerais savoir
    la der des der
    comment on put vivre ceux qui sont restes les gueules cassées et autre gazes
    marsoin

  2. [b]marsoin[/b] bonsoir,

    Je ne sais pas répondre à votre question, si vous savez éclairez-moi !

    Quand aux soldats blessées et morts aux familles meurtries il est aisé d’imaginer leur misère, la guerre tue.

    Bien à vous,

    Anido

  3. Difficile à dire ce qui se serait passé si tous ces évènements n’avaient pas eu lieu… Quoiqu’il en soit, Andio, tu nous donnes une formidable leçon d’Histoire…

    Amitiés,

    Dominique

  4. [b]Dominique[/b] bonsoir,

    Il faut bien voir que cette période marque une instabilité du monde. Les pays qui composent l’Europe ne sont pas stables dans leurs frontières, les guerres précédentes ont créées des rancunes territoriales et les pays étaient composés de petits États, tels l’Italie, l’Autriche-hongrie, la Prusse seule la France qui réclamait l’Alsace-Lorraine était homogène.

    Finalement c’est à la suite de la seconde guerre mondiale que la carte de l’Europe s’est précisée pour les grandes puissance ce qui fait d’ailleurs que depuis 1945, il n’y a plus de guerre mondiale seulement des conflits d’Europe centrale et du bloc de l’Est sans conséquence sur l’équilibre du monde.

    Bien à toi,

    Anido

  5. Dominique bonsoir,

    Merci tu es gentil.

    Dominique le monde se cherchait, Napoléon a tout bouleversé créant des rancunes depuis 1870.

    Il y avait de petits États que les gros pays voulaient annexer.

    Il fallait cette guerre comme la suivante pour une stabilité des gros États.

    Quelles que soient les situations le monde de 1870 puis celui de 1918, ne pouvait rester stable, trop de rancœurs subsistaient dans les partages qui avaient été faits

    Bien à toi,

    Anido

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