Un condensé de cinq siècles de l’Histoire de la Russie.

Il n’est peut être pas courant de faire une Note de lecture d’un magazine.

Cependant, je me suis régalé avec ce numéro d’août-septembre 2012 de GEOHISTOIRE.

Plonger dans l’Histoire d’un autre Pays est intéressant.

Ce numéro s’ouvre par un débat entre André Markowicz, traducteur et Vladimir Fédorovski.

Je ne connais pas le premier.

 

 

     FédorovskiEn revanche, Vladimir Fédorovski est plutôt célèbre. Ancien Diplomate à Paris, il finit par s’éloigner de Gorbatchev dont il a été Conseiller. Après les évènements de 1991, il refuse de rentrer en Russie. Depuis il vit en France (il a d’ailleurs acquis la nationalité française en 1995), est devenu écrivain à succès ( 31 ouvrages). Il est souvent consulté par la presse française pour ses connaissances concernant la politique et l’histoire russe.

Évidemment, tout commence avec Ivan le Terrible (qui inspirera beaucoup un certain Staline…). Le premier Tsar de "toutes les Russies" a été couronné le 16 janvier 1547  dans l’enceinte du… Kremlin.

Vingt sept Tsars et Tsarines vont lui succéder jusqu’à la Révolution de 1917, dont le dernier, Michel II, ne règnera qu’un seul jour !

Les Tsarines furent nombreuses: entre autres Catherine, Anna, Élisabeth, Catherine II. Elles furent surnommée les "Dames de fer".

Les célèbres ROMANOV régnèrent de 1613 à 1917.

C’est Michel 1er qui ouvre la dynastie, le 7 février. Mais mauvais présage pour celle-ci, il laisse tomber son sceptre au cours de la cérémonie de son sacre….

Pierre 1er

 

L’un des plus connus est le Tsar Pierre 1er le Grand. Il va se faire remarquer, si l’on peut dire, en effectuant un tour d’Europe sous une …fausse identité ! Un voyage de dix-huit mois notamment aux Pays-Bas et en Angleterre.

 

Incognito, il apprend le métier d’artilleur et se fait même apprenti charpentier sur un chantier naval.

Bien entendu, le règne des Tsars est indissociable du servage qui ne sera aboli qu’en 1861 par Alexandre II. Mais la condition des serfs n’en sera guère modifiée. L’abolition est surtout symbolique.

Quatre pages relatent la triste condition de ces pauvres bougres. "Moins que des chiens" nous dit-on ! Leur seul luxe: réussir à trouver quelques planches pour ne pas dormir à même le sol de terre battue de leurs huttes de bric et de broc……

Ce récit est tellement saisissant que vous sentez presque le grand froid sibérien s’emparer de vos os.

Cinq pages savoureuses sont consacrées à l’occupation de Paris, à partir du 31 mars 1814, par les troupes russes.

On y apprend par exemple que l’État-Major du Tsar comptabilisait 571 francs-maçons dans cette troupe d’occupation dont 62 Généraux et 150 Colonels…. Ils vont assidûment fréquenter les franc-maçons français.

Le Tsar Alexandre 1er se promenait dans Paris sans escorte !

Russes Paris 001Troupes russes bivouaquant sur les Champs Elysées.

Ce magnifique numéro se termine par un article extrêmement intéressant: "La révolution était-elle la seule issue ?". On pense bien sûr à celle de 1917.

Mais il y en eu d’autres auparavant. Dès 1866 apparaissait (terme russe !) l’intelligentsia, rassemblement de réformistes qui se radicalisent très vite. Certains versent même dans le terrorisme."Nous ne prendrons pas peur si nous nous apercevons que, pour renverser l’ordre actuel, il nous faut verser trois fois plus de sang que ne l’ont fait les jacobins français".

Mais avant eux, les "décembristes" de 1825 (14 décembre)  s’étaient soulevés contre le Tsar Nicolas 1er.

Les cinq principaux meneurs furent pendus. 116 autres expédiés en Sibérie. 27 000 officiers et soldats "déportés" dans le Caucase pour se battre contre les… Tchéchènes !!!. En outre, 118 insurgés subirent le supplice du fouet jusqu’à ce que mort s’en suive.

Bien des théoriciens de la révolution de 1917 se sont inspirés des idées de ces "décembristes".

La participation de la Russie à la première guerre mondiale, qui se solde par une terrible défaite, dès le 30 août 1914, va être le premier élément déclencheur de la suite des évènements.

Et c’est un certain Lénine qui va tirer les marrons du feu. Pourtant, lors de la révolution de 1905-1907, il est à l’étranger ! Il y est toujours en février 1917. C’est pas les journaux qu’il apprend les évènements…..

Et c’est avec l’aide de ….l’Allemagne (!!!) qu’il rentre en Russie……

Bien d’autres détails – parfois méconnus –  figurent dans ce dossier de 103 pages.

Sans compter – marque de fabrique de GEO – une abondante et absolument extraordinaire iconographie.

Et dans la Russie d’aujourd’hui, ne surnomme-t-on pas Poutine "le Tsar", même si la superficie de "toutes les Russies" a beaucoup diminué et si, XXI ème siècle oblige, la répression – bien réelle – est moins sanglante mais avec la fraude électorale en plus….

Mais à la lecture de ce numéro, on comprend bien que l’ex-colonel du KGB ( à l’instar de Staline) n’a rien oublié de l’Histoire de son Pays.