Les SMS de la mort

Il y a des gestes anodins, réalisés tous les jours, des réflexes, des manies, dont on ne perçoit pas l’importance. Une importance toute relative à notre environnement, notre culture et aux mentalités du monde auquel on appartient. Par exemple, tenter de faire de l’auto stop en Arabie Saoudite avec le pouce levé, ce serait une vaine tentative car ce signe ne correspond à rien dans cette région, à part avoir l’air bête. Des sms, on en envoie quotidiennement, on voit même des champions de rapidité mais pas d’orthographe, le langage sms est en sorte, une mort progressive de notre cher idiome, si complexe à apprendre. Un petit message pouvant vous prendre la vie. La scène se passe en Thaïlande, dans l’ex pays de Siam, le 8 mai, un homme est mort pour avoir envoyé 4 textos.



 Le décès de Amphon "Akong" Tangnoppakul, 61 ans, emprisonné à vingt ans de réclusion pour crime de lèse-majesté, une mesure jugée désuète et arriérée, fut la goutte qui a fait déborder le vase. L’homme souffrait d’un cancer à l’estomac, une terrible maladie qui s’était répandue à l’ensemble de son organisme. Des douleurs répétées ont eu raison de lui.Il croupissait dans les geôles monarchistes pour avoir transmis des messages virtuels jugés insultant envers le roi et sa famille. Des missives pixelisées dont il clamait, corps et âme, de ne pas être responsable.

L’arbitraire a une fois de plus sévit, aucune preuve n’allait dans le sens de l’incrimination. D’autant plus que des éléments auraient pu mettre la puce à l’oreille : comment un homme de son âge, certainement pas calé en nouvelle technologie, d’origine chinoise, ne parlant que peu le thaï, aurait pu-t-il écrire ces injures ?

La Thaïlande est dans la ligne de mire des agences veillant au respect des droits de l’Homme. Depuis plusieurs années, le nombre de personnes incarcérées pour des crimes de lèse-majesté ne cesse d’augmenter. 

Le roi Bhumibol Adulyadej règne en maître depuis 1946, il est vieux et malade mais songer à le remplacer est une folie tellment il fait partie intégrante du pays. Malgré son état, le royaume fonctionne par le biais d’une politique ferme et autoritaire, s’appuyant sur l’armée, pour faire face à tout mouvement de contestation. Des éléments dissidents s’expriment avec des techonologies modernes. Pour lutter contre ces « rebelles », la Premier Ministre, a mis en place une cellule policière pour lutter et démanteler ces menaces informatiques.

 

 

Les punitions systématiques des actes anti-royalistes, ne renforcent pas la monarchie mais, au contraire, la rendent plus impopulaire jour après jour. Tel le capitalisme à sa façon, les monarchistes tuent la monarchie en voulant des sentences de plus en plus lourdes et en se réjouissant de la mort de leur "ennemis". 

 

 

En 2006, le pays a connu un coup d’Etat, un évènement modifiant les attitudes des habitants. La trahison et la délation sont devenues monnaie courante, on pense que le voisin a des idées pouvant porter préjudice au roi, on le dénonce aux autorités qui iront le chercher et lui feront passer un mauvais quart d’heure. De 2005 à 2010, le nombre de plaintes déposées est passé de 33 à 478, une croissance exponentielle montrant que les langues se délient très rapidement, ne tournant pas 7 fois dans la bouche avant de parler de manière raisonnée. 



Le cas Akong a fait polémique dans le pays, les anti-royalistes ont surfé sur la vague en lançant la campagne « Thailand’s Fearlessness », « Thaïlande intrépide » dans la langue de Shakespear, réclamant la libération pure et simple, en vain,de ce détenu innocent ainsi qu’une réforme de l’article 112 du Code pénal, antilibéral et arriéré, portant sur le crime de lèse-majesté. Un courant de révolte porté sur Facebook qui a invité les internautes à se prendre en photo avec, inscrit dans leur main, un message de paix. Un recueil, de 112 clichés et de 112 pages, a été ensuite publié et vendu au prix de 112 baths, tel le numéro de l’article visé. 

 

 

Parallèlement à l’affaire Akong, on peut parler de Surachai Danwattananusorn. Militant d’une frange radicale des "chemises rouges", qui a écopé de 15 ans de prison pour des motifs similaires, quelques discours bien sentis à l’encontre du roi vieillissant, au penchant dictatorial ou encore, les 30 mois d’emprisonnement pour un Américano-Thaï dont le seul crime est d’avoir traduit en thaï une biographie non autorisée du monarque.

 

 

La Thaïlande est à blâmer, mais elle n’est pas la seul dans ce cas. La liberté de s’exprimer en tout quiétude sans être menacé de mort est une chance qui n’est pas universellement admise. Le gouvernement siamois mène une lutte sans merci face à ces "irrespectueux" envers la monarchie, pourtant ils se considèrent attaché à ce système. Loin d’être des républicains convaincus, ils souhaitent garder un roi à la tête de leur Etat. Ils désirent seulement vivre dans un royaume où pianoter sur son téléphone portable et faire part publiquement de son désarroi, face aux agissement de la famille royale, puisse être possible. 

2 réflexions sur « Les SMS de la mort »

  1. [quote]La punition systématiques des actes anti-royalistes, ne renforcent pas la monarchie mais, au contraire, la rendent plus impopulaire jour après jour.[/quote]

    la violence engendre la violence,ce n’est pas une bonne réponse!

  2. Liz…nous parle de son programme de relance économique…
    – ET SI ON SE LANCAIT DES FLEURS –
    Que mon message inspire le monde entier…
    dans la Joie, la Santé et le Bonheur…
    Bisous et câlins à tous et chacun…
    Elizabeth II d’Angleterre…votre Liz…

    JE LEVE MON VERRE A LA REINE D’ANGLETERRE…
    http://www.youtube.com/watch?v=23iU7kJnpRg

    JOIGNEZ-VOUS A CETTE DANSE EN LIGNE…
    A PARTAGER AVEC VOS AMIS…

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